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HALLOWEEN - Anthony Augusto, de l'émission RIP - Chasseurs de fantômes nous donne sa version, presque cartésienne. Allez-vous y croire ?

Un sac de couchage, une lampe torche et une ruine dans laquelle vivraient des âmes en peine… C'est comme ça qu'a commencé la carrière de chasseur de fantômes d'Anthony Augusto, l'un des vedettes de l'émission RIP - Chasseurs de fantômes, diffusée il y a quelques années sur la chaîne Planète A&E. Avec son frère Nicolas et leur équipe, ils passent leurs nuits dans des lieux dits hantés, à vouloir démystifier les légendes et les mythes selon un protocole très strict et scientifique. Nous lui avons donc demandé ce qu'il pensait des fantômes et des maisons hantées !

18h39 : Qu'est ce que ca veut dire être chasseur de fantômes ? 

Anthony Augusto : C'est courir derrière un lien entre la vie et la mort, c'est le doute et savoir ou ne pas savoir si les fantômes existent et surtout se poser la question de savoir ce que c'est. Je pense qu'il faut regarder ce phénomène dans le prisme de la science de la matière, mais aussi de l'esprit. 

Il y a de la philosophie et de la science, sans dualité. Je suis croyant dans la pensée mais je suis sceptique dans la méthode. Et ça c'est une chose très importante. Depuis 15 ans, je n'ai jamais croisé le fameux fantôme en drap blanc, donc c'est une vision à laquelle je n'adhère pas. Par contre, si vous me dites que le fantôme peut être une personne vivante, au même endroit, au même moment mais dans une fréquence, un univers parallèle et que parfois ces fréquences s'entrecroisent, c'est un petit peu plus crédible, on se rapproche d'une mécanique quantique. On peut voir aussi le fantôme comme une énergie, une trace dans un disque-dur et qui peut parfois avoir des interactions physiques, sonores. 

Maintenant, je dis souvent que les fantômes, on les aperçoit plus qu'on ne les voit. Il ne faut pas donner un sens physique, une silhouette. Un fantôme reste quelque chose d'impalpable, d'impersonnel, que l'on ne peut pas définir. C'est un mystère. Il y a des gens qui y croient, d'autres qui n'y croient pas. Moi je suis plutôt au milieu, pourquoi pas. À partir de ce moment, je ne peux pas lui donner une forme physique ou ne pas lui en donner. Et toute la question réside ici : est-ce qu'on avance sans preuve d'existence, ou est-ce qu'on arrête sans preuve d'inexistence ? Et c'est là où la science doit reconnaître qu'elle doit avancer vers l'inconnu. Donc ma méthode est scientifique, mais mon discours est philosophique. 

Comment les gens perçoivent les fantômes ? Et vous ?

Dans l'imaginaire collectif, un fantôme c'est un drap blanc qui flotte dans l'air ou un esprit que l'on peut appeler pendant une séance de Ouija. Je me suis toujours méfié des gens qui pratiquent le dogme, et qui sont capables de vous dire que derrière vous, il y a tatie Jeanine dans une robe rouge qui dit que ça va aller. C'est dangereux, parce que ça donne de l'espoir. Mais il n'y a pas de données ou de faits quantifiables qui peuvent aller dans ce sens. Le spiritisme part du principe que les êtres morts sont parmis nous et peuvent avoir une interaction physique avec nous. Moi je n'y crois pas et je pense qu' il y a trois théories.

La première, c'est que les fantômes n'existent pas, que c'est le fruit de notre imagination. La seconde qui est un principe de physique newtonienne, est que dans notre monde, cette énergie potentielle, relative, peut réagir avec nous. Enfin la troisième théorie découle de la mécanique quantique. Le temps est malléable, volatil : le passé, le présent, le futur. On a appris le temps sur une ligne horizontale. Selon la théorie du Big-bang, il y a neuf dimensions : une dimension temporelle, trois autres physiques, hauteur, longueur, profondeur. Mais si on se rend compte que les autres dimensions restantes contiennent elles aussi des dimensions temporelles, alors il n'y a plus une seule ligne de temps, mais plusieurs. Et si je tire un trait entre les lignes, on se rend compte qu'il peut se passer des choses au même endroit, au même moment mais pas dans la même dimension. Et le fantôme peut-être une personne vivante, ou vous, dans une ancienne vie. 

Je pense que l'entité, la survivance de l'esprit est néanmoins impersonnelle. À l'heure actuelle, aucune personne vivante n'est capable d'affirmer si les fantômes existent. Si on n'est pas capable de l'affirmer, comment peut-on affirmer qu'il s'agit d'une femme, d'un enfant… Avec certaines questions que l'on pose en enquête, on peut l'envisager, mais à aucun moment on ne peut l'affirmer. C'est pour ça qu'il faut toujours douter. Donc moi je reste toujours au milieu, c'est un mystère impalpable.

On parle souvent de maison hantée, mais comment un fantôme pourrait être relié à un lieu ?

Ça dépend toujours de quel œil on regarde la scène. Une entité, si on part du principe que c'est une énergie potentielle, est en suspension et peut avoir des interactions sur les champs électromagnétiques, la variation thermique d'une pièce, sensitive ou visuelle. Mais cette énergie n'a pas d'intelligence, n'a pas la conscience d'un être humain. Comment pourrait-elle savoir qu'il faut revenir à telle date, à tel endroit parce qu'il s'est passé quelque chose de son vivant ? De même, si on dit qu'une énergie est attachée à un lieu, ça voudrait dire que la matière, les briques, le sol d'un lien, sont dotés d'une mémoire, comme un organisme vivant. Ça voudrait dire que demain, si elle est soumise à une excitation sensitive, elle est capable de reproduire quelque chose de physique comme nous. C'est physiquement impossible. À mon sens, cette théorie n'est pas bonne. Maintenant, qu'il y ait des énergies qui soient de passage ou qui puissent se déplacer dans des lieux, c'est possible. 

Il faut garder en tête que, même si je n'aime pas donner de chiffres, on pourrait dire qu'environ 60-70% des choses dites paranormales peuvent trouver des explications rationnelles. Mais les choses inexplicables aujourd'hui le seront peut-être plus tard, avec les progrès de la science. Pour moi, le paranormal d'aujourd'hui est le normal de demain. 

Comment sont créées les légendes autour de ses lieux, qui durent des années, voire des siècles ?

Les légendes sont à la base humaines, ce sont des écrits, des témoignages. Et lorsque l'on vit quelque chose, la science a prouvé que notre cerveau crée des traces mnésiques qui restent indélébiles mais qui s'estompent au fil du temps, et qui parfois reprennent vie proportionnellement à l'émotion que l'on est en train de vivre. Nous vivons quelque chose qui est X, demain il sera Y, et dans le futur Z. Les histoires perdent des détails, elles sont transformées et souvent romancées. Alors pourquoi les gens y croient, ou non ? C'est un sujet qui fait fantasmer, qui déchaîne les foules. L'être humain est le seul être qui a conscience de sa propre mort, et c'est ce qui définit la survivance de l'espèce humaine. Toute notre vie, on va passer notre temps à survivre, car on est conscient qu'on va mourir. On va se préserver, manger bien, utiliser la médecine, pour essayer de vivre le plus longtemps possible. Parce qu'on ne sait pas ce qu'il se passe après la mort. 

Mais pourquoi le monde des fantômes fait-il peur ?

Tout dépend de la culture dans laquelle vous vous trouvez. Au Moyen-Orient ou en Asie, mais aussi en Irlande, en Angleterre, la vie après la mort n'est pas taboue. En France, on est dans le pays de Descartes, de la méthode “je pense donc je suis”, de la rationalité. On cherche des réponses à des questions où il n'y en a pas forcément. Donc en France, la mort est sacralisée, on enterre les morts et on essaie de les oublier. Dans d'autres cultures, on vit avec. Comme au Mexique : il y a des fêtes, des couleurs, des symboles dans la ville et les maisons. Personne n'a peur de la mort. Chez nous on a peur, parce qu'on a peur de cette inconnue que l'on sacralise et on relègue le sujet à quelque chose de trivial, qui fait rire. Les gens qui croient aux fantômes sont comparées à des gens non sains d'esprit. Mais pour moi, ça n'est pas plus bête que de croire en un dieu. D'ailleurs, dans les films, on a peur du fantôme quand on ne le voit pas. Et dès qu'on le voit, on est déçu, parce qu'il est matérialisé. On a peur de ce qui nous entoure mais qu'on ne voit pas, la peur va nourrir une auto-persuasion et créer une hantise psychologique. Si je vous raconte qu'à l'endroit où vous êtes, une personne est décédée dans une grande mare de sang, alors vous allez y penser toute la journée.

Et pour en savoir plus sur Anthony Augusto, voici trois expériences qu'il a vécues :