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PATRIMOINE - Pour défendre les "tiramoli" et la culture méditerranéenne, les croates se mobilisent sur les réseaux sociaux.

En Croatie, comme dans de nombreux pays méditerranéens, les habits qui sèchent accrochés à une corde surplombant la rue font partie du patrimoine, de l'identité visuelle des villes. Pourtant, ce séchage traditionnel risque de disparaître du littoral croate à cause d'un nouveau réglement.

Défendre les tiramoli contre la gentrification

Sur l'île de Solta, un réglement communal "interdit de faire sécher à l'extérieur linge, draps, tapis, torchons et autres objets susceptibles de défigurer l'aspect des façades" nous apprend Courrier International. Une interdiction qui s'accompagne d'une amende de 2000 kunas soit 300 euros. Et depuis cet été, le réglement anti-cordes à linge s'est répandu dans d'autres villes telles que Rijeka ou Pag.

Une mesure qui a du mal à passer auprès des riverains qui voient dans cette interdiction une atteinte à "l'identité urbaine" et au "paysage des villes méditerranéennes", comme le rappelle l'architecte Nikola Basic. Et les réseaux sociaux aussi ont rejoint le mouvement de défense des "tiramoli" (cordes à linge en dialecte) rappelant que ce motif est emblématique de la culture croate.

Bien que pour le moment personne n'ait été condamné à payer une amende, la contestation ne faiblit pas et mobilise toujours autant dans le reste du pays. Une révolte contre la gentrification et la "bêtise administrative", souligne la sculptrice Marija Ujevic Galetovic. Et l'écrivain Miljenko Jergovic d'ajouter : "les tiramoli sont le drapeau de la Méditerranée et de chaque famille. Les grandes et petites culottes, les draps, les chemises font partie de notre intimité cachée, qui n'est visible que quand elle est accrochée à la corde à linge. C'est le drapeau de notre inconscient et de notre pauvreté joyeuse."

Une mobilisation qui inspirera peut-être les défenseurs du chant du coq en France !