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MAKER - C'est le seul FabLab ouvert au grand public à Strasbourg. Tout le monde peut y utiliser l'imprimante 3D ou encore la découpeuse laser pour ses projets.

Cet après-midi de décembre, on est encore en plein dans les préparatifs de Noël. Lola, 8 ans, et Tom, 10 ans, sont venus à l'Av.Lab à Strasbourg, pour confectionner des figurines en bois en forme de rennes.

Pour mettre sur pied les fidèles compagnons du Père Noël, ils ne se contentent pas d'utiliser les outils traditionnels : ils apprennent à utiliser une découpeuse laser. Logique, puisque nous sommes dans un FabLab, un atelier de fabrication, où chacun peut apprendre à manier les outils à commande numérique.

Tom et Lola observent le travail de la découpeuse laser.

Tom et Lola observent le travail de la découpeuse laser. © Lisa Hör

Tom observe le faisceau de la machine brûler la fine planche de bois. Selon sa puissance et sa vitesse, le laser découpe des pièces qui s'emboîteront ensuite comme un puzzle en trois dimensions, ou grave des motifs (le procédé rappelle la pyrogravure). C'est ainsi que Tom peut s'offrir un renne aux motifs tachetés, comme une fourrure de panthère.

Un lieu d'innovation, ouvert à tous les âges

C'est la première fois que le jeune garçon vient ici. "J'aime le do-it-yourself (le "faire soi-même", ndlr.), justifie sa mère, qui l'accompagne. Le fait que ce soit ouvert à tous les publics, c'est un bon concept."

En effet, l'Av.Lab est le seul lieu de ce genre ouvert au grand public à Strasbourg (le FabLab de l'Insa Strasbourg est réservé aux étudiants de cette école d'ingénieurs). Dans ces 70 m2, les machines côtoient une grande tablée autour de laquelle l'équipe du FabLab donne régulièrement des cours. Et un membre de l'association est toujours là pour accueillir et conseiller ceux qui ont envie de se lancer.

Les enfants ont toute leur place ici, parmi les 300 membres actifs du FabLab. "Il y a un gamin de 11 ans qui vient tout seul, s'amuse Diane Philippe, la Fabmanager, qui encadre l'atelier du jour. Il avait perdu sa palette de natation, il l'a réimprimée en 3D. Il a même fait des formations aux logiciels pour être indépendant."

Diane Philippe forme un groupe d'adultes à l'utilisation de la découpeuse laser.

Diane Philippe forme un groupe d'adultes à l'utilisation de la découpeuse laser. © Lisa Hör

Ici tous les âges se côtoient. À côté des enfants qui surveillent la progression de la découpe laser, Renaud, la trentaine, fait fonctionner l'imprimante 3D. Ce graphiste de métier imprime des emporte-pièces en plastique qu'il a lui-même dessinés. Pourquoi ne pas les acheter tout prêts faits ? "Parce que je peux les faire moi-même, répond-il du tac au tac, comme une évidence. Et puis ça m'éclate."

Un projet associatif et collaboratif

L'expérimentation, c'est bien ce qui a motivé les fondateurs de l'Av.Lab. Il y a un peu plus de trois ans, trois étudiants en architecture ont besoin d'une imprimante 3D pour leur maquette. Ils embarquent des amis, graphistes ou stylistes, dans l'aventure. En tout, ils sont 12 à investir dans du matériel et un local.

La mairie, séduite par leur projet, leur offre une subvention pour pérenniser leur association, et la possibilité d'installer en mars 2015 leur laboratoire dans deux pièces du Shadok, la Fabrique du Numérique, où l'on trouve des espaces d'exposition et de coworking.

Aujourd'hui, lorsqu'on demande à quoi sert concrètement un FabLab, l'équipe n'est pas à court d'arguments : réparer des objets, en fabriquer d'autres, sur-mesure, en fonction de ses besoins, et surtout susciter la collaboration.

Graphiste ou charpentier, on apprend les uns des autres

"Cela sert le partage de connaissance, développe Vincent Vanel, lui aussi Fabmanager. Le gars qui sait dessiner ne sait pas forcément planter un clou, ici il peut rencontrer un vieux charpentier, et apprendre avec lui. Cela permet de discuter avec d'autres gens qui ont des démarches créatives."

Un concept qui séduit largement en France, puisque, comme l'explique Vincent Vanel, depuis l'ouverture du premier FabLab français à Toulouse en 2009, la France est devenu le deuxième pays au monde en nombre de FabLabs. "C'est la culture du système D, dit-il, avant d'ajouter en plaisantant : Et puis il y a les RTT pour bricoler !"

Pour venir bricoler à l'Av.Lab, compter 10 euros d'abonnement par an, un forfait temps pour l'utilisation des machines et 15 à 60 euros pour les ateliers, selon les matériaux utilisés. Pour ce tarif, il n'y a aucune limite, ou presque, à l'imagination.

À retenir

Pour venir à l'Av.Lab : 

  • Adresse : 1er étage du Shadok

    Les Dock's, 25 Presqu'île André Malraux, 67000 Strasbourg

  • Mail : contact@av-lab.net