| |

PASTAGATE - A l'heure où la crise énergétique menace le porte-monnaie des Français, cette méthode de cuisson peut-elle nous aider à alléger notre facture d'énergie ?

Elle ne date pas réellement d'hier mais elle connaît aujourd'hui un regain d'intérêt. Mise au point à la fin du XIXe siècle, la cuisson passive revient en effet sur le devant de la scène, notamment depuis l'intervention de Giorgio Parisi, lauréat du prix Nobel de physique en 2021. En septembre dernier, il mettait un coup de projecteur sur ce mode de cuisson, invitant particuliers et professionnels à l'essayer pour les pâtes.

A la clé ? De sérieuses économies, d'argent et d'énergie ! “Je pense que c'est une information à partager. Il faut changer nos habitudes et ce n'est pas forcément une mauvaise chose”, assurait-il sur Facebook. Le principe de cette méthode est simple et repose sur la réduction du temps de cuisson en compensant avec la chaleur résiduelle, qu'on peut définir comme une chaleur inutilisée ou perdue car elle s'évanouit dans son milieu (comme l'air ou l'eau) sous forme d'énergie thermique.

Concrètement, elle consiste à faire bouillir de l'eau puis y plonger les pâtes pendant deux minutes en les couvrant bien, avant d'éteindre le feu complètement. La cuisson se prolonge alors car très peu de chaleur s'échappe en réalité de la casserole, à condition de ne pas ôter le couvercle. Flairant le bon filon, la célèbre marque italienne Barilla en a profité pour publier un guide des temps de cuisson passive, selon les différentes formes de pâtes. D'après la marque, cette technique permettrait de réduire notre empreinte carbone jusqu'à 80% par rapport à une cuisson traditionnelle.

Barilla surfe sur la tendance sobriété énergétique avec la cuisson passive. © Barilla

Les pâtes sont-elles bonnes avec la cuisson passive ?

Si l'intérêt écologique est donc bien réel, la cuisson passive est-elle gourmande ? Sans surprise, en Italie plus qu'ailleurs, la question autour de cette nouvelle façon de préparer les pâtes fait grincer des dents, si bien qu'une partie du pays n'a pas tardé à crier au sacrilège. Interrogé au sujet du épineux “Pastagate” par le quotidien italien Repubblica, le chef Antonello Colonna s'est montré plus que mitigé, assurant que “cette solution ne peut pas être utilisée dans les restaurants de haut niveau”, donnant une “texture caoutoucheuse” aux pâtes. 

C'est donc à l'abri des regards des chefs italiens que j'ai tenté l'expérience en respectant scrupuleusement les temps de cuisson indiqués pour les spaghetti. Verdict ? Côté texture, le pari est plutôt réussi, les pâtes sont bien al dente (mais il faut aimer les manger ainsi) : pas de caoutchouc sous la dent, bonne nouvelle ! En revanche, j'ai moyennement apprécié le fait d'avoir mangé un plat tiède car oui, la chaleur n'est clairement pas la même que lorsque les pâtes sortent tout juste de l'eau bouillante.

Si le test n'est donc pas à 100% réussi pour moi, je retiens tout de même cette technique car les promesses sont tenues, d'autant que la cuisson passive ne concerne pas que les pâtes. Riz, courgettes, sauces, pommes de terre et même la viande peuvent également être cuisinés de cette façon. En suivant le même principe, il est aussi possible de s'essayer à la cuisson passive en réduisant le temps de cuisson d'aliments préparés au four. Attention, ces techniques ne s'appliquent qu'aux produits que l'on ne peut pas consommer crus. 

Homme s'interrogeant sur la qualité de la cuisson passive des pâtes. © Getty Images

La cuisson passive permet-elle de faire vraiment des économies ?

C'est évidemment LA question cruciale. Car le but de la cuisson passive reste quand même de faire des économies d'argent au passage. Alors, réellement intéressante cette technique de radin (ou de grand-mère, au choix) ? Pour m'en rendre compte, je me suis aidée de ce calcul du prix de la consommation d'un plat de pâtes chauffé avec des plaques à induction, vitrocéramiques et en fonte, que j'ai ensuite comparé à celui obtenu si j'adoptais la cuisson passive régulièrement. Ce qui donne ces résultats :

cuisson normalecuisson passive
induction0,03€0,006€
vitrocéramique0,05€0,01€
fonte0,06€0,012€

Voici les économies réalisées approximativement sur une année si je consomme des pâtes une fois par semaine :

cuisson normalecuisson passiveéconomie faite sur un an
1,56€0,31€1,25€
2,6€0,52€2,08€
3,12€0,62€2,5€

Et voici celles réalisées si j'adopte la cuisson passive pour différents aliments au moins cinq fois par semaine

cuisson normalecuisson passiveéconomie faite sur un an
7,8€1,55€6,25€
13€2,6€10,4€
15,6€3,1€12,5€

Comme vous pouvez le voir, pour être véritablement intéressante d'un point de vue économique, la cuisson passive a plutôt intérêt à devenir une habitude et être utilisée plusieurs fois par semaine. Dans ce cas, si elle reste profitable, il ne faut pas non plus s'attendre à voir sa facture d'énergie baisser drastiquement, les économies réalisées sur une année avoisinant une petite dizaine d'euros.