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JARDIN - Azumi San, heureuse propriétaire de ce jardin, nous le fait visiter. Une merveille de délicatesse dans l'ancienne capitale du Japon.

Lorsque l'on évoque la nature au Japon, la première chose qui nous vient à l'esprit est le jardin japonais. Écrin de verdure dans des villes aux tours impressionnantes et à la densité de population plus qu'importante.

L'entrée du jardin d'Azumi San.

L'entrée du jardin d'Azumi San. © Arthur Lecoeur

Pourtant, les jardins japonais privés appartiennent majoritairement à une élite. Ces îlots de verdure que nous connaissons, étant pour la plupart, des jardins publics.

Azumi San mesure ainsi la chance qu'elle a de pouvoir regarder tous les jours son jardin japonais. Véritable oasis de fraîcheur, dans un Kyoto terrassé par la chaleur estivale, il entoure sa vaste maison traditionnelle et le temple bouddhiste vieux de 350 ans, appartenant à la famille de son mari, moine, depuis plusieurs décennies.

Le jardin japonais d'Azumi San à Kyoto.

Le jardin japonais d'Azumi San à Kyoto. © Arthur Lecoeur

“Représenter le monde” et ses couleurs

L'essence du jardin japonais est la reconstitution de la nature. “Le jardin japonais montre le monde, un peu comme un tableau. L'eau représente les rivières, les cailloux, les reliefs. Ils peuvent même parfois être disposés de telles sortes qu'ils représentent des animaux”, explique délicatement Azumi en dégustant son thé.

La fontaine du jardin d'Azumi San.

La fontaine du jardin d'Azumi San. © Arthur Lecoeur

Plus de 50 espèces d'arbres le composent, même s'il est principalement orné de Satzuki, petits buissons verdoyants, et de Momiji, arbres aux feuilles délicates se parant d'un rouge flamboyant une fois l'automne venue.

Les satzuki, petits buissons verts, sont les plus répandus dans le jardin d'Azumi San.

Les satzuki, petits buissons verts, sont les plus répandus dans le jardin d'Azumi San. © Arthur Lecoeur

Les quatre saisons sont très marquées au Japon. Le jardin est donc organisé de telle façon qu'il y ait toujours des touches de couleurs, peu importe les saisons. Il évolue avec la nature”, explique la discrète Azumi San, qui n'a pas souhaité apparaître sur les photos, préférant laisser la vedette à son jardin.

Les momijis, qui se parent d'un beau feuillage rouge, une fois l'automne venu.

Les momijis, qui se parent d'un beau feuillage rouge, une fois l'automne venu. © Arthur Lecoeur

Ces touches de couleurs sont assurées au printemps par le cerisier qui orne le jardin d'un joli rose tendre. On l'appelle “cerisier en robe de princesse” à cause de son feuillage tombant, un peu à l'image d'un saule pleureur, une fois que les fleurs ont éclos.

Le cerisier en robe de princesse, que l'on observe de l'intérieur de la maison.

Le cerisier en robe de princesse, que l'on observe de l'intérieur de la maison. © Arthur Lecoeur

Le règne de la mousse 

Enfin, dernier point crucial du jardin japonais : la mousse. “En été, comme maintenant, elle est marron à cause de la chaleur. Pourtant, il suffit qu'il pleuve quelques gouttes pour qu'elle retrouve sa belle couleur verte”, lance Azumi.

La mousse, reine du jardin japonais, reprend ses couleurs vertes à la moindre pluie.

La mousse, reine du jardin japonais, reprend ses couleurs vertes à la moindre pluie. © Arthur Lecoeur

Un jardin à contempler

Afin de pouvoir circuler dans ce jardin d'environ 3 000 mètres carrés, des petits chemins de pierres serpentent entre les différents espaces et un petit pont de bois fait la passerelle entre la maison et le temple. Pourtant, le jardin japonais n'est pas conçu pour que l'on s'y promène. 

Ce banc est l'endroit préféré d'Azumi San. De là, elle peut contempler les deux parties de son jardin.

Ce banc est l'endroit préféré d'Azumi San. © De là, elle peut contempler les deux parties de son jardin. Arthur Lecoeur

En effet, à l'inverse de nos sociétés occidentales, on ne joue pas à l'intérieur d'un jardin japonais, pas plus que l'on n'y dîne ou n'y organise des fêtes. “Le jardin japonais est fait pour être observé de l'intérieur de la maison. Le bâtiment est construit pour avoir la vue sur le jardin la plus esthétique et la plus magnifique”, explique Azumi. 

Le jardin japonais s'entretient quotidiennement afin qu'il garde sa superbe.

Le jardin japonais s'entretient quotidiennement afin qu'il garde sa superbe. © Arthur Lecoeur

Finalement, Azumi et sa famille ne le parcourent que pour l'entretenir. “Tous les jours, il faut venir enlever les mauvaises herbes, veiller à tailler çà et là des petites branches. Le jardin japonais demande beaucoup d'entretien !”, lance Azumi dans un sourire, tout en arrachant des petites pousses indésirables s'étant logées au milieu des galets.

Pour les gros travaux, comme la taille des arbres par exemple, c'est un jardinier qui s'en charge, car ce sont des espèces très fragiles et centenaires dont il faut prendre soin, cela nécessite un véritable savoir-faire”, ajoute-t-elle.

Le jardin japonais est censé représenter le monde et ses couleurs.

Le jardin japonais est censé représenter le monde et ses couleurs. © Arthur Lecoeur

Enfin, afin de conclure la visite, Azumi San explique, tout en caressant d'une main les feuilles d'un de ses arbres :  “il n'y a pas de choses interdites dans le jardin japonais. Chacun peut l'agrémenter comme bon lui semble, tant qu'il le trouve joli.” Le seul impératif : qu'il soit suffisamment à notre goût pour pouvoir passer des heures à l'observer.