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CLÔTURES - Plus écologiques que les haies monospécifiques, les haies composites ont l'avantage de favoriser la biodiversité. Envie de joindre l'utile à l'agréable ? Zoom sur les haies comestibles !

Exit haies de cyprès taillées au cordeau, aménager une clôture végétale ne sert pas qu'à bronzer nu dans son jardin à l'abri des regards indiscrets. En plantant différentes espèces arborescentes et arbustives, on peut tout à fait créer des haies écologiques qui assurent plusieurs fonctions comme servir de refuge à la biodiversité, former une protection mécanique face aux vents violents ou encore fournir des énergies renouvelables, comme le bois de chauffe.

Vous pouvez même planter des haies comestibles. Non seulement, vous pourrez y cueillir des fruits, mais celles-ci attirent aussi les auxiliaires de culture, comme les insectes pollinisateurs ou les oiseaux qui se chargent, quant à eux, de repousser certains ravageurs, comme les pucerons.

C'est ce que nous explique Daniel Deycard, membre du Collectif Alternatives aux Pesticides 66. Après avoir passé trente années à enseigner l'horticulture, il met aujourd'hui son expérience à contribution au sein de l'association qui organise actuellement des plantations de haies écologiques dans plusieurs communes de France. “Renforcer ce côté arboré et arbustif permet à toute une faune et une flore de graviter autour et d'offrir des ressources toute l'année", assure-t-il. Généreux, l'expert nous a donné quelques conseils pour aménager une jolie haie comestible dans notre jardin !

Quand et où planter une haie gourmande ?

Pour profiter des premières récoltes l'été, il faut commencer la plantation des arbustes fruitiers à l'automne jusqu'à la mi-décembre. Veillez cependant à ce que vos plants ne gèlent pas ! Certaines espèces résistent bien aux températures fraîches, mais si vous souhaitez voir vos arbres fleurir puis fructifier, il est conseillé d'installer votre haie dans un endroit plutôt ensoleillé. Le plus important ? “Privilégiez les espèces locales, endémiques adaptées au sol et au climat de votre région", insiste Daniel. 

Avant toute plantation, il est donc impératif de bien se renseigner sur les besoins des espèces végétales que vous projetez de planter mais également de bien préparer le sol un ou deux mois à l'avance, une étape “décisive” pour réussir une plantation durable. Une fois les sols bien travaillés, place à la composition de votre haie champêtre et comestible qui doit être multi-étagée et alterner différentes espèces persistantes et caduques. 

Quelles espèces végétales privilégier pour ma haie comestible ?

Pour profiter d'une haie gourmande, misez sur les groseilliers, les cassissiers ou encore les framboisiers, des espèces qui ont besoin d'un climat assez doux (sans être exposées à un soleil trop violent) pour donner des fruits. Divisée en différentes strates de végétation, ces petits fruits se placent en sous-étage d'une haie composite, sous les arbres et arbustes de moyen développement (grenadiers, cognassiers, noisetiers), les arbres fruitiers sur tige ou encore les variétés de plantes grimpantes telles que la vigne ou le kiwai, un mini-kiwi qui donne des fruits très sucrés.

Haie composite
© Association CAP 66

Adaptées à tous les climats et tous les sols (ou presque), arbousier, eleagnus, cornouiller mâle, noisetier n'auront aucun mal à garnir votre haie comestible. Résistant aux températures très fraîches, l'argousier est une espèce très appréciée dans les haies diversifiées. Pour récolter ses gros fruits gorgés de vitamine C, cultivez la variété Leikora. S'agissant d'une espèce dioïque, c'est-à-dire une plante unisexe qui a besoin d'un pied mâle et un femelle, n'oubliez pas de planter un pied de chaque pour obtenir une fructification.

“L'amandier présente également beaucoup d'atouts car il fleurit très tôt et attire donc les abeilles”, ajoute Daniel, qui recommande également le cerisier de Sainte-Lucie ou le tilleul avec lequel on peut préparer des infusions.

Pour un climat méditerranéen, l'expert propose une plantation composée de micocoulier, de laurier tin, de grenadier, d'arbre de judée, de nerprun, de cotoneaster et d'aulne de corse. Une plantation adaptée au terroir qui assurera longévité et aucune intervention phytosanitaire.

“L'idée, c'est de n'avoir aucun traitement. Pour ça, on essaie donc de mettre tous les atouts de notre côté", explique-t-il.