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LE JARDIN, C'EST SON DOLMEN - Passionné de maraîchage et de fruiticulture, Raphaël nous livre ses secrets dans cette interview.

"Comment fabriquer un carré potager", "des idées des semis en mars au potager", "Installation d'une clôture autour de la mare"... Le compte Instagram de Raphaël, Jardinbiobzh, ressemble un peu à la rubrique potager et permaculture de 18h39 ! Il faut dire que ce jardinier amateur, mais passionné, en connaît un rayon sur le sujet. Des légumes, il en récolte toutes les saisons en quantité non négligeable, jusqu'à être autonome toute l'année.

Protecteur de ses hérissons et de ses poules, il applique les principes de la permaculture pour favoriser la biodiversité dans son jardin et se refuse à utiliser le moindre produit chimique. Aux éditions Rustica, il vient même de publier un livre intitulé Créer une mare dans son jardin, dans lequel il explique toutes les vertus d'un point d'eau pour la faune et la flore d'un espace vert. Il a accepté de répondre à nos questions sur tous ces sujets.

18h39 : Quel est votre projet ? Quel est l'objectif de ce compte Instagram et pourquoi avoir construit votre propre potager ?
Raphaël : Je ne suis pas jardinier de métier, mais le jardinage est une de mes passions et sur mon temps libre je m'occupe de mon jardin qui fait à peu près 100 m2, en Bretagne dans le Finistère. Je cultive un peu de tout comme légume et j'ai une serre de 18 m2. J'ai également bâti des structures en bois pour les carrés potagers et une partie plus classique au sol. En fonction des zones du potager, on retrouve donc différents types de cultures, que j'aménage en fonction des variétés de légume que je souhaite cultiver.

Par exemple, les carottes poussent mieux en carré potager, mon terrain comportant beaucoup de cailloux et se légume à besoin d'un sol profond, riche, bien drainé. Dans ces carrés je contrôle mieux le sol plus riche en minéraux et sans pierres ou roches qui peuvent faire fourcher les racines de mes plants.

©jardinbiobzh

Comment vous êtes-vous intéressé au jardinage ?
Quand j'étais petit j'aimais bien faire pousser des graines. Donc depuis mon plus jeune âge je sais faire pousser des plantes. Et quand j'ai aménagé dans ma maison actuelle en 2012, j'ai construit mon potager, et je l'ai agrandi au fil des années pour atteindre sa surface maximale. J'ai créé la page Instagram en 2019 pour avoir un suivi de mes plantations de légumes en publiant certaines photos sur le compte. Les gens se sont abonnés petit à petit. Je partageais ce que je faisais de façon hebdomadaire et le fait que mes followers s'intéressent à cette activité, m'a donné envie de continuer.

Vous n'avez jamais pensé à en faire votre métier ?
Être producteur de légumes est un métier à temps plein et ça ne m'intéresse pas spécialement parce que l'on perd le côté artisanal d'un petit potager maison. Toutefois, donner des cours de jardinage est une activité à laquelle je pense, dans un avenir proche en tous cas. Mais avoir un lieu plus grand avec une micro-ferme, cela me plairait beaucoup.

Combien de temps par semaine consacrez-vous à votre potager ?
Ça ne me prend pas énormément de temps contrairement à ce que pensent les gens. Aujourd'hui mes horaires de travail sont des horaires classiques : 8h-18h, donc je m'en occupe quand je rentre chez moi le soir ou le week-end. L'hiver je ne fais pas grand-chose le soir quand je rentre il fait déjà nuit, mais j'y passe plus de temps à partir de mars, notamment pour commencer mes semis à base de graines, donc. Alors que si on achète des plants, on peut très bien commencer plus tard, à partir de mai.

Ensuite vient le temps des récoltes en été. L'été j'y passe plus de temps : 2h le samedi et 2h le dimanche. Mais quand je suis dans mon potager, je ne fais pas que des actions de jardinage, j'aime tout simplement me balader, observer comment chaque légume pousse.

©jardinbiobzh

Est-ce que vous consommez ce que vous cultivez ?
Je consomme tout ce que je cultive, en effet. D'ailleurs, l'année dernière j'ai récolté près de 400 kg de légumes. L'été notamment, je n'ai pas besoin d'acheter de légumes frais. Mon potager en produit suffisamment à cette saison. En avril, septembre, octobre, j'arrive à être autonome avec ma production de légume, mais pas ma production de fruits. Ensuite l'hiver, j'achète des légumes en plus de ce que je produis parce que je n'ai pas assez de place pour cultiver toutes les variétés de légumes que je souhaiterais faire pousser.

Quels ont été les principaux défis de ce projet ?
J'ai commencé par une petite surface : par un carré, ensuite un deuxième, un troisième… j'y suis allé pas à pas alors qu'une plus grosse surface m'aurait demandé plus de travail, plus difficile à rattraper en cas d'échecs répétés. J'ai eu plusieurs fois des semis mangés par les limaces, mais aujourd'hui pour éviter une trop grosse perte, je plante toujours un peu plus que prévu. De cette façon, le surplus compense les pertes. Aussi, je n'utilise pas de produits chimiques.

Quel est coût de ce type de projet ? Est-ce plus cher que d'acheter ses légumes ?
Je dirais que c'est moins cher que d'acheter ses légumes et c'est plutôt agréable de passer du temps au jardin. Il ne faut pas que ce soit une contrainte, et il faut également être patient et penser « long terme ». Acheter un légume dans un supermarché ne nous prendra que quelques minutes, alors qu'il va falloir attendre 3 à 6 mois pour le faire pousser. L'objectif aussi est de prendre conscience qu'il ne faut pas gaspiller cette nourriture. C'est aussi satisfaisant de planter une petite graine qui deviendra ensuite un plant de légumes. Récolter et manger ses propres aliments est une satisfaction, même s'il s'agit de quelques radis ou de quelques salades.

Vous avez écrit un livre Créer une mare dans mon jardin, quelle est l'importance de ce point d'eau dans votre jardin ?
Créer une mare dans son jardin permet de favoriser la biodiversité au potager. J'essaie d'équilibrer avec des légumes, des fleurs qui attirent les insectes plus hétérogènes, les pollinisateurs aussi qui permettront aux plantes de se reproduire. L'objectif est de créer des zones très équilibrées avec des tas de bois, des tas de pierres. L'objectif est d'équilibrer les populations. J'avais profité du confinement pour construire cette mare et aujourd'hui il y a des grenouilles, des libellules et tout un tas de petits habitants qui régulent mon potager.

À l'avenir Raphaël aimerait créer un lieu dans lequel il pourrait accueillir du monde, enseigner ses astuces de jardinage, les bases la permaculture, l'installation d'une mare… Toutes les personnes souhaitant s'initier à cette activité seront les bienvenu-es !