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POMME FICTION -  Guillaume Bournigal et Youenn Le Pocréau ont créé Adaozan, une entreprise qui souhaite transformer le marc de pommes rejeté par les cidriers en un nouvel éco-matériau.

Boire une bonne bolée de cidre après une galette salée à la farine de sarrasin, c'est peu dire que c'est un geste habituel pour bon nombre de Bretons, qui apprécient fortement ce breuvage alcoolisé à base de pommes pressées. Ils ne sont d'ailleurs pas les seuls, puisqu'en France, on consomme environ 1 million d'hl par an de cidre. Or, si le jus des pommes est récupéré pour faire du cidre, que fait-on des déchets solides qui restent à la fin du processus de fabrication ?

La plupart des fabricants de cidre jettent des quantités phénoménales de marc de pommes le plus rapidement possible, à cause de la fermentation qui rend ce produit instable. Adaozan a peut-être trouvé une solution pour revaloriser les déchets des cidriers. L'idée : récupérer le marc de pomme et le transformer en un nouveau matériau 100% recyclable et bon pour la planète.

Une alternative fiable aux matériaux polluants traditionnels ?

Lors de la récolte des pommes, un premier passage par la presse permet d'extraire le moût de pommes. Ce liquide sert de base à la préparation du cidre. La partie solide restante s'appelle le marc de pommes. C'est cet ingrédient qui va servir aux deux ingénieurs pour créer leur éco-matériau. Composé de peaux, de chair et de pépins, le marc de pommes est d'habitude aussitôt jeté car encombrant et très propice à la production de méthane.

Cet éco-matériau ressemble visuellement à du liège, mais se travaille comme du bois. Les différentes nuances ocres proviennent de leur degré de broyage à la fabrication. Le marc brut laisse apercevoir les peaux et pépins sous forme de petites taches esthétiques, il se rapproche un peu du cuir au toucher, tandis que le marc broyé offre une texture beaucoup plus lisse et monochrome, semblable à du bois.

L'objectif d'Adaozan est de proposer une alternative fiable et durable aux matériaux polluants issus de l'industrie, avec des applications aussi diverses que des vêtements, du mobilier, des revêtements...

Bière, marc de pommes, coquillages : les matériaux revalorisés ont la côte

Les éco-matériaux se partagent en deux catégories : ceux issus du milieu naturel, recueillis puis transformés ; et ceux sous forme de déchets de production dans une démarche d'upcycling. Le marc de pommes fait partie de la seconde catégorie, qui tend à limiter le plus possible les pertes.

Revaloriser ces déchets naturels permet de lutter contre le gaspillage des matières premières produites par les plus grandes entreprises. Leur objectif est de limiter le plus de pertes dans la conception et la fabrication de futurs objets du quotidien. Une économie circulaire vertueuse, et un moyen de plus pour préserver la planète à sa propre échelle.