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TRANSITION - Lassé par son travail à la Défense, Brian a déménagé dans le Tarn pour vivre en pleine nature. Depuis, il a créé sa chaîne YouTube pour encourager les néo-ruraux.

Pour réduire leur facture et par souci écologique, de plus en plus de personnes cherchent à être autonomes en eau et en électricité. Mais rares sont celles qui poussent la démarche aussi loin que Brian, 35 ans, qui vit en autonomie (quasi) totale depuis deux ans. 

"Je veux tendre vers un mode de vie autonome et tous les jours j'y travaille", nous rappelle le jeune homme par téléphone, insistant sur le fait que l'autonomie s'entretient et n'est jamais acquise. Un travail qui occupe la plupart de ses journées désormais mais lui permet de vivre hors du réseau électrique et d'eau. 

Son quotidien, cette quête vers l'autonomie, il la documente sur son site internet mais surtout sur sa chaîne Youtube, L'Archi'Pelle, suivie par près de 50 000 abonné-es. En plus de parler de sa propre expérience, Brian va à la rencontre de celles et ceux qui, comme lui, ont fait le choix d'une vie autonome à la campagne. Comme dans cette vidéo : 

"Je ne me voyais pas dans ce trou à rat. Je voulais être à la campagne"

Pourtant, les journées de ce trentenaire n'ont pas toujours été synonymes de permaculture ou de panneaux solaires. Avant de fouler le sol du Tarn où il vit désormais, Brian préférait celui des boîtes de nuit parisiennes. "Je vivais grâce au monde de la nuit. J'avais fait un morceau qui tournait bien et me faisait gagner ma vie", nous raconte-t-il. Quand il ne mixait pas, Brian travaillait dans une grande tour de la Défense en tant que logisticien. 

Une vie à cent à l'heure, où l'épanouissement se fait rare. "Quand tu regardes la tronche des gens dans le train, ils font la gueule quand ils vont au boulot", souligne-t-il. Mais c'est avant tout la question du niveau de vie qui déclenche chez Brian une prise de conscience. "Je fais partie de la classe moyenne. Je gagnais entre 1500 et 1800 euros, partout en France ça peut être très bien, mais en région parisienne ça devenait vraiment compliqué", se souvient-il. 

Alors comment faire pour réduire les coûts ? Régler la question du logement. À l'époque, le jeune homme habite un appartement de 20 m², dont il est propriétaire et qu'il rembourse chaque mois 650 euros. Le jour où sa banquière lui annonce qu'il aura terminé de payer son prêt à 47 ans, c'en est trop. "On m'a dit que c'était bien, que 47 ans c'était jeune. Mais je ne me voyais pas dans ce trou à rat à cet âge-là, je voulais être à la campagne", explique-t-il. 

Lui qui a toujours rêvé de vivre à proximité des montagnes fait ses valises pour le Tarn en Occitanie, non loin des Pyrénées. Un mouvement vers le Sud-Ouest initié un an auparavant par ses parents et sa sœur qui ont quitté les Yvelines pour s'installer sur la terre natale du père de Brian. 

Une vie autonome en énergie mais pas en alimentation

Après une année de recherche, le Parisien fait l'acquisition d'une "maisonnette" de 25 m² et de 3000 m² de terrain pour un peu moins de 30 000 euros. Car pas question de s'acheter une grande villa avec la vente de son appartement, le mot d'ordre c'est la simplicité. Inspiré par le modèle des tiny houses ou des earthships, Brian opte pour un bâti déjà existant et cadastré, "à taille humaine" et sans trop de travaux à réaliser. 

Pas vraiment bricoleur, l'ancien DJ s'est contenté de donner quelques coups de peinture, de délimiter la salle d'eau et d'installer des toilettes sèches. Côté électricité, Brian est complètement autonome grâce à ses 6 panneaux solaires et ses 4 batteries au plomb. "Je conseille d'installer des consomètres entre la prise et l'appareil pour savoir combien tu consommes et repérer les appareils énergivores", précise-t-il. 

Pour l'eau c'est pareil, la petite maison de Brian ne dépend d'aucun réseau. Bien que la loi n'autorise pas de potabiliser l'eau de pluie pour une consommation humaine (comme on vous l'explique ici), le néo-rural "joue sur les règles" et utilise des filtres certifiés. En revanche, il a fallu apprendre à s'adapter au climat et aux aléas de la météo. "Cette année, entre le mois de juin et septembre, on a eu trois mois de sécheresse", indique-t-il. 

Pour faire face, le stockage est essentiel. "Je stocke dans une cuve en béton, j'ai un puit de 8 mètres de profondeur. J'ai aussi construit une mare pour avoir 5 m3 d'eau et j'ai mis des nénuphares pour limiter l'évaporation", souligne Brian. Mais le plus important est de limiter sa consommation. "Je suis économe, je consomme entre 20 et 45 litres d'eau par jour" ( contre 148 litres d'eau en moyenne par jour par habitant en France, ndlr), précise-t-il. Et d'ajouter : “je pensais galérer, mais c'est extrêmement facile.”

En revanche, du côté de l'autonomie alimentaire c'est une autre affaire. "Quand tu n'as pas une terre disponible pour te fournir de la nourriture rapidement c'est un peu compliqué", rappelle-t-il. Malgré une année d'observation du terrain pour connaître les endroits les plus exposés au gel ou ensoleillés, Brian est autonome à 10 voire 15% concernant l'alimentaire. Grâce à la permaculture, aux nombreux arbres fruitiers et à ses poules, il a de la salade, des œufs et des pommes de terre toute l'année, le reste c'est en magasin qu'il l'achète. 

Une chaîne Youtube pour aider les néo-ruraux 

Pour quelqu'un qui n'est pas bricoleur, on s'étonne : comment est-il parvenu à faire cela tout seul ? En grande partie grâce à YouTube nous répond-il. "Je ne trouvais pas tout ce dont j'avais besoin. Cela m'a donné envie de créer ma propre chaîne", confie-t-il. 

Depuis, Brian se consacre à cette activité à plein temps et noue quelques partenariats avec des entreprises de filtration d'eau ou d'installation de panneaux solaires. Président de l'association qui porte le même nom que son site, c'est grâce à cette fonction qu'il réussit à vivre avec un peu moins que le SMIC.

Deux ans après son installation, il ne regrette pas une seconde d'avoir quitté la ville et son cadre de vie. "Tu ne peux pas être stressé à la campagne !", s'exclame-t-il. Une vie nouvelle qui lui permet de mettre en application ses convictions avec son quotidien. "En ville, tu peux faire des efforts mais on est limité. Tu peux faire tes cosmétiques ou acheter une brosse à dent en bambou. Mais si tu veux être écolo, il faut vivre à la campagne", explique Brian.  

Philosophe, ce néo-rural convaincu conclut : "Au lieu de se demander pourquoi tu as envie de changer, tant que tu ne l'as pas fait, tu ne peux savoir. La plus belle chose qui me soit arrivée, c'est de tenter !".