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FABLAB - Ce FabLab de Montreuil utilise les déchets du site industriel sur lequel il est implanté pour créer de nouveaux objets. Une idée ingénieuse.

Perché au dernier étage de la zone industrielle verticale Mozinor, dans le Haut-Montreuil, l'Ecodesign Fab Lab, créé il y a un an et demi par Philippe Schiesser, propose une expérience inédite. Ce professeur associé à l'université de Cergy-Pontoise, directeur d'un bureau d'études et président de l'APEDEC (association d'experts en éco-conception) a fait le pari de créer de nouveaux objets à l'aide de déchets.

Philippe Schiesser, créateur de l'Ecodesign Fab Lab.

Philippe Schiesser, créateur de l'Ecodesign Fab Lab. © Clémence Leleu

Mais pas n'importe lesquels. Ceux produits par les 40 entreprises présentes sur le site sur lequel il est implanté. Le but : zéro déchet, zéro kilomètre.

Dans ce Fab Lab sont mis à disposition toutes sortes d'outils pour la conception et la réalisation d'objets. “Notre Fab Lab est à la fois un espace de co working et de prototypage, détaille Philippe Schiesser. Une fois inscrits, les adhérents (particuliers ou entreprises) peuvent venir participer aux projets tutorés, dont les plans sont mis à disposition sur internet.” Des journées portes-ouvertes sont également organisées régulièrement pour donner envie aux novices de découvrir cet univers.

L'espace de co-working de l'Ecodesign Fab Lab.

L'espace de co-working de l'Ecodesign Fab Lab. © Clémence Leleu

Le Fab Lab a, par exemple, créé une chaise associant chutes de matériaux et pièces en plastique biosourcé (issu de matières premières renouvelables) imprimées en 3D, ou encore mis sur pied toute une gamme de mobilier (chaises, tables, tabourets, bancs) avec le collectif de designers 123 Silex.

La chaise créée par le Fab Lab associant chutes de matériaux et pièces en plastique biosourcé imprimées en 3D.

La chaise créée par le Fab Lab associant chutes de matériaux et pièces en plastique biosourcé imprimées en 3D. © Clémence Leleu

Et le moins qu'on puisse dire c'est qu'il y a de quoi faire. Chaque année, les entreprises présentes sur ce site de 42 000 m2 recrachent 3 000 tonnes de déchets de plastique, carton, bois ou encore plexiglas.

Du pain béni pour les adhérents qui n'ont plus qu'à aller chercher dans les bennes disposées devant les entrées des entreprises, les chutes de bois, de carton ou encore de plastique, qui leur serviront pour confectionner leurs objets. 

Les adhérents au Fab Lab peuvent venir se servir dans les déchets des entreprises de Mozinor.

Les adhérents au Fab Lab peuvent venir se servir dans les déchets des entreprises de Mozinor. © Clémence Leleu

Mais ce n'est pas tout. En complément des outils de découpe et de l'imprimante 3D mis à disposition dans l'atelier, le Fab Lab a acquis, en co-propriété avec deux entreprises ayant leurs locaux sur le site, une fraiseuse numérique ainsi qu'une découpeuse laser. Une bonne manière de s'équiper à la pointe de l'innovation, à moindre frais.

La Fab Lab a acquis en copropriété une fraiseuse numérique et une découpeuse laser.

La Fab Lab a acquis en copropriété une fraiseuse numérique et une découpeuse laser. © Clémence Leleu

Ce Fab Lab a également une vocation pédagogique. Ainsi, les élèves de Philippe Schiesser, scolarisés à Cergy, sont invités à découvrir l'écoconception (c'est-à-dire à concevoir des produits en respectant les principes du développement durable) et surtout, à donner une dimension pratique à leur apprentissage théorique.

D'ici le mois de janvier, ils devront présenter leurs projets, entièrement créés sur place, potentiellement à base des déchets qu'ils auront repérés sur le site.

Les élèves en master d'écoconception de Philippe Schiesser planchent sur leurs projets.

Les élèves en master d'écoconception de Philippe Schiesser planchent sur leurs projets. © Clémence Leleu

Une mise en pratique qui semble réjouir ces étudiants âgés d'une vingtaine d'année. Tous très sensibles aux problématiques écologiques. Sylvain, 25 ans, ambitionne de présenter un casque audio conçu sans matière plastique.

J'aimerais qu'il soit confectionné en plastique à base d'algues afin d'éviter les matériaux recyclés à base de maïs, car c'est une plante qui fait partie de la chaîne alimentaire. Il serait doté d'une connexion bluetooth, donc sans fil, pour éviter d'avoir du plastique issu de la pétrochimie”, confie le jeune homme qui s'est lancé dans un master d'écoconception après une licence en chimie.

De quoi regarder ses déchets autrement. 

Pour les curieux, le Fab lab organise un atelier upcycling le 29 novembre à la Maison Populaire à Montreuil.