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PROSPECTIVE - Une maison qui gère le chauffage toute seule, vous reconnaît et vous parle... Pour Cédric Locqueneux, spécialiste de la domotique, ce n'est pas de la science-fiction.

"Quand on va chez des amis, mes enfants ne comprennent pas pourquoi il faut appuyer sur un interrupteur", raconte Cédric Locqueneux. Chez l'auteur du blog Maison et Domotique, les lumières s'allument toutes seules quand on rentre dans une pièce. Rien de plus normal pour ses deux filles de 7 et 6 ans et son fils de 4 ans que de vivre dans une maison intelligente.

Le soir, une voix sort du plafond pour leur rappeler qu'il est l'heure d'aller se coucher. Et le matin, la box domotique vérifie sur le calendrier Google si c'est un jour travaillé, pour mettre en route le sèche-serviette de la salle de bain 30 minutes avant le réveil.

La maison est capable de gérer les lumières toute seule.

La maison est capable de gérer les lumières toute seule. © Arthur Poitevin

De la domotique aux objets connectés

"Aujourd'hui on peut quasiment tout faire dans une maison, même si les gens ne connaissent bien souvent de la domotique que le portail ou les volets automatisés", explique l'auteur du Guide de la maison et des objets connectés (Eyrolles, 2016).

Une image pourtant démodée depuis bien longtemps. En 1974 déjà, l'ingénieur Pierre Sarda avait fait installer un système domotique impressionnant, à découvrir dans la vidéo ci-dessous.

La domotique est donc l'ensemble des techniques qui, à l'origine, avaient pour but d'automatiser sa maison. Aujourd'hui, les objets connectés à internet rendent la maison véritablement intelligente : elle est capable de réagir à différents évènements.

Les technologies se sont miniaturisées avec les années. Plus besoin de connexion filaire, ni d'investir beaucoup d'argent. Les box domotiques, apparues sur le marché en 2009, permettent de piloter ses différents appareils connectés par wifi ou radio. Et les premières ne coûtent que 150 ou 200 euros.

Pour le moment, la plupart des fabricants utilisent des protocoles différents : leurs objets connectés ne parlent pas le même langage et ne peuvent pas interagir d'une marque à l'autre.

La caméra connectée Withings est par exemple désormais capable d'interagir avec les ampoules intelligentes Hue de Philips : lorsque la caméra détecte une mauvaise qualité de l'air dans la maison, les lampes émettent une lumière rouge.

Mais demain, tous les objets connectés de la maison pourront communiquer entre eux. Et pourquoi pas avec un robot majordome humanoïde ? « Celui-ci pourrait interagir avec les autres robots domestiques et surtout avec les habitants », imagine Cédric Locqueneux.

Faire baisser sa facture et gagner en confort

Cédric Locqueneux assure n'avoir dépensé que 2000 euros pour rendre sa maison hyperconnectée. "La domotique va continuer à se démocratiser jusqu'à devenir la norme, estime-t-il. Cela va se faire naturellement grâce aux constructeurs de logements sociaux, qui cherchent à réduire la facture en énergie."

En effet, d'après le spécialiste de la domotique, faire des économies d'énergie est la première motivation pour s'équiper, devant le confort et le gain de temps. Et ce secteur devrait beaucoup se développer dans les années à venir.

La maison peut reconnaître ses occupants.

La maison peut reconnaître ses occupants. © Arthur Poitevin

D'autant que les thermostats connectés ne coûtent pas plus cher que leurs homologues classiques. Certains, comme Nest, le plus connu d'entre eux, sont déjà capables d'apprendre des habitudes des occupants du logement, de détecter leur présence, et d'adapter automatiquement la température en conséquence.

Les risques de la maison intelligente

Mais la maison intelligente ne risque-t-elle pas de se retourner contre ses occupants ? Pour le moment les objets connectés ne font que répondre à des scénarios prédéfinis, mais demain ? "Quand on aura une vraie intelligence artificielle, il faudra se poser les bonnes questions", acquiesce le spécialiste de la domotique.

Les fabricants travaillent déjà sur les autres craintes liées aux objets connectés, notamment sur la sécurité des données et l'intimité.

Cédric Locqueneux vient par exemple de tester la caméra de surveillance Welcome de Netatmo. Celle-ci reconnaît les visages, mais ne stocke les données que sur une carte numérique, pas sur internet. Et sur la caméra de My Fox, le volet qui cache l'objectif ne s'ouvre que lorsque l'on active l'alarme et que l'on n'est pas chez soi.

Y a-t-il une limite aux progrès de la maison intelligente ? Si on insiste un peu, Cédric Locqueneux a bien une réserve : "Il ne faudrait pas devenir comme dans le dessin animé Wall E, où les gens sont assis dans des sièges flottants, ils n'ont même plus besoin de marcher, et sont complètement assistés." Une perspective plutôt lointaine !

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