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VIVRE-ENSEMBLE - Cette entreprise allemande prévoit de construire un immeuble partagé révolutionnaire. Le rôle des locaux : aider les arrivants à s'acclimater à leur nouvelle ville !

Difficile, lorsque l'on emménage à l'étranger, de se se sentir tout de suite chez soi. Et ce, même dans une ville aussi vivante que Berlin.

"J'ai vu beaucoup d'expatriés ne rester que quelques mois, parce qu'ils trouvent compliqué de se mêler aux Berlinois. Ils ne rencontrent que des expats et ne font que des activités destinées aux expats", témoigne Jonathan Imme dans un anglais parfait (comme beaucoup d'Allemands il maîtrise parfaitement la langue de Shakespeare).

C'est de ce constat qu'est né le projet The Arrivers (les Arrivants), dont il est l'un des cofondateurs. Le principe : une colocation géante, qui mêlerait étrangers fraîchement arrivés et locaux, chargés de leur faire un bon accueil.

Un concept encore jamais mis sur pied à grande échelle à sa connaissance, et qui ambitionne de révolutionner le vivre-ensemble.

Jonathan Imme, pendant le Oui Share Fest à Paris, le 7 juillet 2017.

Jonathan Imme, pendant le Oui Share Fest à Paris, le 7 juillet 2017. © Lisa Hör

Accompagner les arrivants à travers la ville et la bureaucratie

Les Allemands sont de grands adeptes de la colocation. À 33 ans, Jonathan Imme lui-même n'a vécu que 5 mois tout seul (“pas la meilleure période de ma vie”, glisse-t-il en souriant.) Partager son logement avec d'autres serait à son avis encore plus bénéfique pour les expatriés.

"Souvent, dans un couple d'arrivants, seul l'un des deux travaille et a une vie sociale. L'autre s'occupe des enfants et se retrouve isolé dans une ville nouvelle, estime-t-il. La famille finit par déménager parce que le conjoint ne se sent pas bien."

Dans l'immeuble qu'il imagine les nouveaux arrivants se mélangeraient dans une joyeuse ambiance avec des connaisseurs de Berlin. Ces derniers devraient avoir vécu dans la capitale au moins deux ans, maîtriser l'allemand et l'anglais.

Ils devraient faciliter l'adaptation de leurs colocataires : "Si vous êtes un artiste, vous pouvez les emmener voire une expo, illustre Jonathan Imme. Vous pouvez aussi répondre à des questions comme "comment marche cette satanée assurance ?"."

Côté prix, le site du projet affiche pour le moment un loyer minimum de 700 euros, plus 150 euros par mois pour contribuer à la vie de la communauté.

Des locaux logés moins chers, en plein centre-ville

On comprend bien l'intérêt pour les arrivants, mais quel est-il pour ces locaux dévoués ? "C'est une bonne question, sur laquelle nous continuons de travailler chaque jour !", s'exclame en souriant Jonathan Imme.

Premier avantage, non négligeable dans un contexte de tension immobilière : les locaux paieraient un loyer moins élevé que dans une colocation classique, avec plus de services (meubles inclus, ménage...).

Cela leur éviterait de s'éloigner toujours plus du centre-ville, en quête de logements abordables.

Sans oublier, bien sûr, l'échange quotidien avec des personnes venues du monde entier, qui doit rester un plaisir. “Comment faire pour que les locaux n'aient pas l'impression de signer pour un job ? C'est ce à quoi nous réfléchissons”, explique Jonathan Imme.

The Arrivers lance donc une première expérimentation à l'automne 2017. Les personnes intéressées peuvent postuler sur la page d'accueil du site. Dans un premier temps, il s'agira de louer des appartements classiques en colocation, dans le parc existant.

Mais l'entreprise prévoit de faire construire un immeuble entier pour 2019, avec cuisines partagées et espaces de détente communs. Et si l'idée fonctionne à Berlin, elle pourrait ensuite s'exporter ailleurs, dans de nombreuses autres villes cosmopolites.

On verrait bien cette solution s'implanter en France, pour faciliter le vivre ensemble entre personnes de tous horizons.