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CADEAUX ÉTHIQUES VS CADEAUX EN TOC - Nous avons interrogé quelques personnes ayant refusé un cadeau à Noël pour savoir comment s'était passé cet acte de rupture avec une tradition bien ancrée dans les mœurs.

Mise à jour : Nous avions interrogé plusieurs personnes juste après Noël 2020, au sortir du confinement. Un an après, les préoccupations minimalistes et zéro déchet restent d'actualité, alors nous vous repartageons cet article, bonne lecture !

Dans certaines sociétés humaines où l'honneur prime sur tout, refuser un cadeau leur vaudrait sans doute un bannissement à vie de la communauté. En France, cette pratique est assez mal vue par les différentes tribus, mais de plus en plus de gens se permettent de dire non face à un présent. Les raisons ? Elles sont diverses : du minimalisme à l'écologie, en passant par toutes sortes de convictions éthiques.

"Ça peut paraître futile, mais j'ai refusé des chocolats qui n'étaient pas vegan, nous raconte Mélanie, 31 ans. C'est mon parrain qui me les a offerts, mais je ne lui en veux pas du tout, il a 70 ans et il ne me connaît pas bien, il oublie ce genre de détails, donc il offre de bons chocolats mais avec du lait..." Vegan depuis plusieurs années, Mélanie n'a pas jeté pour autant les chocolats, elle a fait acte de générosité en les donnant autour d'elles. "Du coup, mon parrain n'a pas du tout été vexé, il ne s'en est presque pas aperçu, mais ce qui est marrant c'est que j'ai eu des cadeaux vegan de la part de tout le monde sinon".

"Tout ça pour finir par jouer avec la pâte à modeler de sa cousine"

D'autres refusent les cadeaux par volonté de sobriété. C'est surtout le cas des parents, dont les enfants sont parfois trop gâtés. "J'ai décidé de dire stop à un moment, car il y avait trop de cadeaux, se souvient Augustin, 33 ans, père de Léna, 2 ans. Pendant l'ouverture, j'en ai mis de côté en disant qu'on les ouvrirait plus tard dans l'année. J'avais peur que ma fille croie que c'était normal d'avoir des milliers de cadeaux sans arrêt, tout ça pour finir par jouer avec la pâte à modeler de sa cousine."

Dans ces cas-là, la réaction de l'entourage est plus délicate à gérer : "Mes parents ont été un peu vexés, confirme Augustin, pourtant on les avait prévenus : pas plus d'un cadeau par personne pour Léna. On ne pensait pas qu'il y en aurait autant, alors quand il a fallu donner le dernier cadeau, ma mère était face à un doute vertigineux, elle ne savait plus lequel choisir !"

Les emballages zéro déchet en tissu, pliés façon "furoshiki" commencent aussi à se démocratiser © E. Chirache

"Je suis prête à passer la hotte au napalm si le cadeau dépasse 30 cm"

Après une année de confinement éreintante, beaucoup ont préféré prendre les devants, comme Samantha, jeune maman de Lily, 5 ans : "J'ai bien fait comprendre à mon entourage qu'après deux mois enfermés à trois dans un appart, le père Noël avait bien intérêt à se garder ses peluches géantes et ses immenses jouets en plastique bruyants." Elle ajoute : "prête à passer la hotte au napalm si le moindre paquet dépassait les 30 cm !

La volonté d'éviter une forme de "gâchis" écologique revient souvent dans les conversations. "J'avais proposé qu'on se fasse des cadeaux faits maison, explique Mélanie, d'autant plus qu'on était confinés ! Bon, l'idée n'avait pas rencontré un franc succès… Mais les gens qui me connaissent savent dans quel état d'esprit je suis : bouquin DIY, produits vegan, cadeaux de créateur éthique que je veux soutenir, made in France, etc. J'ai même une tante qui m'a fabriqué des lingettes réutilisables !"

Vidéaste et fan de technologie, Enzo a refusé un drone particulièrement cher, car il savait qu'il ne s'en servirait pas souvent. Le jeune homme de 23 ans a rendu l'objet et l'a échangé contre trois autres plus utiles. Pas minimaliste pour le coup, mais honnête ! Il est donc fini le temps du "cadeau pour le cadeau", voici venu celui des présents plus responsables, conscients, écolos, prolongation dans le réel de nos plus intimes convictions. Pensez-y, la prochaine fois que vous offrez quelque chose !