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PAR LE TROU DE LA SERRURE - La serrurerie Garcini nous a donné les clefs pour comprendre ce qui se passe dans la vie d'un serrurier au jour le jour.

C'est dans un petit passage d'une rue du 10e arrondissement de Paris que se trouve la serrurerie Garcini. Depuis plus de 37 ans, Isaac Garcini dirige son entreprise, avec son fils comme bras droit. Vigoureux et charismatique, il nous accueille avec un trousseau de clefs géant qui ferait pâlir d'envie Passe-partout dans Fort Boyard.

Dans la vitrine, une palette de clefs, de cadenas et de serrures de toutes les tailles et de toutes les couleurs, du plus moderne au plus ancien. Un étalage brut mais assez esthétique, et qui nous surprend par sa diversité. On entre ?

Un corps en décomposition et un amour secret

Lorsqu'on pénètre à l'intérieur, un grand panneau indique “Garcini serrurerie, un savoir-faire de père en fils”. Le père, Isaac, a effectivement transmis son savoir à sa progéniture, Jordan, qui attaque notre entretien par une anecdote pour le moins surprenante : appelé pour changer une serrure, il est entré dans un appartement qui abritait… un corps en décomposition ! “L'odeur était si forte que je n'ai pas pu entrer, je suis reparti”, nous confie-t-il.

Jordan ajoute : “C'est ça, le métier de serrurier. On est confrontés à l'intimité des gens et on doit s'y ajuster. Entrer dans un appartement, c'est entrer dans le vif du sujet. C'est personnel.” Son père le regarde d'un oeil vif et amusé. A son tour, il nous raconte :

“Moi, c'est un peu différent. Je connaissais un monsieur et une dame qui venaient régulièrement, séparément mais ils se croisaient parfois sans se dire un mot ou se mentionner.. J'ai appris dix ans plus tard qu'ils étaient en couple depuis le début. Ça m'a fait drôle. C'est particulier !”

On se confronte à des problèmes divers, mais on ne casse jamais une serrure ! C'est ce que père et fils disent en coeur, sans ciller, et on veut bien les croire. Passionné par le métier depuis une trentaine d'années, Isaac Garcini a un leitmotiv très précis : “Si le client est satisfait, je le suis”. Point. Selon lui, le bouche-à-oreille est important et il a le goût du travail bien fait.

Quand on aime, on ne compte pas

Quand on lui demande combien d'interventions il fait par mois, Isaac répond en blaguant : "Quand on aime, on ne compte pas !" Puis il ajoute plus sérieusement : “Cela dépend vraiment des périodes, parfois on en a beaucoup, d'autres fois on “chille” plus.”

Une intervention toute simple coûte entre 50 et 1500 euros, selon le type de serrure, nous apprennent-ils. A l'ère technologique, on a demandé à ces passionnés si les serrures classiques, anciennes, allaient disparaître selon eux. “Jamais de la vie ! En tout cas pas maintenant, peut-être dans 50 ans. L'ère électronique n'est pas du côté de la serrurerie”, scande Isaac.

Son fils ajoute : “L'alarme est un bon exemple : les gens qui ont été cambriolés ont très souvent mis une alarme. Mais elle peut être désactivée par un chat qui a coupé le faisceau lumineux, et ne pas fonctionner.” Leur journée type ? Très variée ! Changement de clés, cambriolage, blindage de porte, erreur de mesure… Ces professionnels ont toujours le choix, et nous disent qu'ils ont la volonté de conserver une petite part de mystère sur leur quotidien… Impossible de forcer le verrou !

© 18h39