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TOUT QUITTER ? - Jean-Philippe, chef d'entreprise, a eu envie d'un grand changement après les confinements. Avec sa femme, ils ont décidé d'acheter une grande maison près de la forêt. 

Jean-Philippe fait partie des lecteurs de 18h39. “Déménagement à la campagne avec jardin, rivière, bois, poules et temps de vivre, enclenchés !”, nous a-t-il écrit sur Facebook, en réponse au sondage que nous venions de lancer. 

Nous voulions prendre le pouls d'une année 2020 mouvementée : qu'est-ce que la pandémie a changé chez les Français-es ? Besoin d'autonomie ? Envie de nature ? Ou même, carrément, de tout plaquer pour reprendre une vie plus conforme à ses valeurs ? 

À la tête d'un réseau de boutiques de jouets, Jean-Philippe a passé les différents confinements en télétravail avec ses deux garçons, de 15 et 8 ans, pendant que sa femme travaillait à l'hôpital. Un peu plus d'un an après le début de la crise du Covid-19, l'envie de cultiver son jardin, au sens propre comme au figuré, se fait de plus en plus forte. Alors forcément, son témoignage nous a interpellés. Voici son histoire. 

© Jean-Philippe

Confinement et crise de la cinquantaine, quand trop c'est trop

L'automne 2020 a été à la fois incertain et intense pour Jean-Philippe. “On ne pouvait pas travailler comme on le voulait, je ne voyais pas trop l'issue”, confie-t-il. Les employés des boutiques sont au chômage technique, les expositions de figurines Playmobil, auxquelles il participe régulièrement dans toute la France, sont toutes reportées. Son entreprise tient le choc, lui en prend un coup. 

Il retrouve vite son autodérision pour nous raconter la suite. J'ai fait une crise de la cinquantaine ! Comme mon côté créatif ne pouvait pas s'exprimer, je me suis un peu autodétruit. Femme, enfants, chien, j'avais envie de tout envoyer paître.” Heureusement, son “pétage de plomb” n'a pas eu de conséquences graves : “Mon épouse a tenu bon, je ne sais pas comment elle a fait, elle m'a accompagné sans s'opposer et finalement, ça a été payant.” 

L'envie de changement se cristallise sur leur logement. Certes, il y a de la place et une cour intérieure, mais ils ne profitent pas autant qu'ils le souhaiteraient de leur maison dans le centre-ville de Taverny, près de Paris. 

“On s'est rendu compte qu'il manquait une cheminée dans le salon. On a un canapé et une télé, mais la pièce n'invite pas à rentrer et à se poser, et au bout d'un moment, ça pèse un peu, illustre Jean-Philippe. Ça m'a fait prendre conscience que j'étais toujours en train de courir et que j'en oubliais l'essentiel : profiter de ma famille, être présent. J'étais toujours en vadrouille pour des expos, le frein du confinement a fait revenir les week-ends, et on y prend vite goût, aux jeux de société et aux balades dans la forêt.” 

Pas besoin d'aller dans le Larzac pour retrouver la nature 

Le couple a donc décidé de vendre sa maison et fait une promesse d'achat sur une grande propriété de 250 m², avec un terrain d'un hectare, dont 4500 m² de forêt. La famille va pouvoir couvrir ses besoins de chauffage avec ce bois, profiter d'une source sur le terrain pour arroser un potager et un verger, et installer des poules. 

Avec les confinements, Jean-Philippe s'est aussi découvert un besoin d'autonomie : "Être suspendu aux décisions du gouvernement et aux livraisons de Carrefour Market, ce n'est pas sécurisant. Il faut qu'on se prenne en mains nous-mêmes, qu'on puisse subvenir un minimum à nos besoins. Trouver des circuits courts, et encore mieux, savoir qu'on peut compter sur nos voisins pour échanger des fruits et des légumes.” 

“On n'est pas beatniks, on ne va pas faire courir nos enfants nus dans les champs pour traire les chèvres, plaisante Jean-Philippe. Mais je veux pouvoir compter sur tout ce qu'on peut récolter.” La famille ne va pas déménager dans le Larzac d'ailleurs, mais à la limite de la Normandie, près d'un village. Il n'y aura que 35 minutes de route pour aller travailler, même si Jean-Philippe a bien l'intention de poursuivre le télétravail autant que possible. Les garçons sont enthousiastes - raisonnablement pour l'aîné, ses parents le rassurent en lui promettant qu'il pourra inviter des copains le week-end. 

Aller vivre à la campagne, le couple y pensait déjà avant la crise. Ils restaient à Taverny pour être proches des parents de Jean-Philippe. “On ne pouvait plus attendre et finalement, on ne sera pas super loin, raconte-t-il. Dans l'absolu, il y a une maison de retraite à côté et c'est quand même possible de faire un cadre agréable pour les accueillir.”

Les confinements successifs auront donc été un accélérateur. On ne se refait pas totalement : notre témoin a déjà 50 idées en tête, entre le jardin en permaculture, pour lequel il a déjà acheté des livres spécialisés, les futures chambres d'hôtes dans la maisonnette adjacente et des cours de yoga dans le hangar. Mais tous ces projets pourront se faire, cette fois-ci, à domicile.