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TOILETTES ÉCOLOGIQUES - Les mauvaises odeurs, la corvée de nettoyage, l'image de hippie à la campagne… ce ne sont que des préjugés !

Tester des toilettes sèches pour la première fois, en festival ou ailleurs, c'est toujours un grand moment. On y va un peu en marche arrière, en se pinçant le nez et sans vraiment savoir quoi faire avec la sciure. Alors de là à en installer chez soi !

Pourtant, c'est un geste écologique très utile, comme nous l'expliquons dans notre article sur les toilettes à compost.

Passons donc en revue les freins qui vous bloquent encore, pour, peut-être, bientôt sauter le pas !

Idée reçue n°1 : Les toilettes sèches, ça pue

Patricia Beucher, journaliste spécialiste du jardin, a visité une cinquantaine de maisons équipées de toilettes sèches, pour écrire son livre Construire des toilettes sèches à compost (Ed. Ulmer, 2017). Une seule des ces toilettes sentait mauvais, pour la simple raison qu'il y faisait trop chaud.

En général dans des toilettes sèches classiques, l'ajout d'une bonne quantité copeaux de bois dans la cuvette à chaque passage suffit à éviter l'apparition d'une mauvaise odeur d'ammoniac, conseille Didier Antoine, gérant de Toilettes Sèches Nature.

© Lovely Toilettes

Pour éviter que le tout ne commence à fermenter, il convient également de vider le contenu du seau dans son composteur tous les deux ou trois jours, et de choisir un seau en inox plutôt qu'en plastique, complète le spécialiste.

Il est également possible de prévoir un système de ventilation entre le coffre des toilettes et l'extérieur, comme l'explique Dominique Brosseau, responsable technique chez Lovely Toilettes.

Par contre, contre les odeurs de la personne qui a visité le petit coin avant vous, vous ne pouvez rien faire de plus que de gratter une allumette… mais c'est comme dans des toilettes avec chasse d'eau, ça ne change rien !

Idée reçue n°2 : Les toilettes à compost, c'est beaucoup de travail (pas très ragoûtant)

Vider le seau des toilettes dans le composteur, “c'est une habitude à prendre pas si embêtante que ça”, assure Patricia Beucher. L'idée la répugnait au départ, mais elle a constaté, après avoir installé des toilettes sèches chez elle, qu'en utilisant des copeaux, “on ne voit rien et on ne sent rien”.

Certaines toilettes sèches n'ont pas besoin d'être vidées manuellement, comme le détaille Dominique Brosseau. Les toilettes sèches à séparation ne nécessitent pas de litière, et comme leur nom l'indique, elles séparent les besoins, grâce à un siège spécial ou un filtre :

  • l'urine est soit stockée dans une cuve à part, soit envoyée dans les égouts,
  • les matières solides sont stockées dans une cuve. Le volume est beaucoup plus petit et demande beaucoup moins de manipulation.

Ces systèmes ont trois inconvénient :

  • le prix (comptez entre 500 et 2500 euros pour une installation par un professionnel),
  • ils continuent parfois de rejeter des déchets vers les systèmes d'épuration.
  • le nettoyage est plus compliqué.

Mais ils ont un avantage important, détaillé dans le point suivant !

Idée reçue n°3 : Il faut absolument avoir un jardin pour avoir des toilettes sèches

Pour des toilettes sèches avec litière, il est indispensable d'avoir un jardin pour pouvoir installer un composteur et utiliser le compost.

Mais les toilettes à séparation peuvent être installées en appartement, surtout si cela est pensé dès la construction de l'immeuble !

C'est le cas par exemple de la résidence Cressy en Suisse, dont les 13 appartements ont été conçus avec des toilettes sèches. “On vide le composteur tous les 6 mois, en fait on récupère de la terre que l'on met dans le jardin pour nos arbres, explique Patrick de Pont, l'un des habitants. Ça demande plus d'effort que de tirer la chasse d'eau, mais c'est un vrai plus.”

Idée reçue n°4 : De toute façon, c'est un truc de hippie (ou de grand-mère)

De plus en plus de gens optent pour des toilettes sèches, remarque Patricia Beucher, et plus seulement des écolos un peu hippies : “J'ai été voir des gens en ville, dans des pavillons très coquets.

D'ailleurs, Dominique Brosseau a des demandes de particuliers pour installer des toilettes sèches… à côté de leur piscine. Pratique pour ne pas avoir à courir à l'intérieur de la maison en cas de besoin pressant !

Les toilettes sèches n'ont rien à voir non plus avec la cabane au fond du jardin, qui vous a peut-être traumatisé-e lorsque vous alliez rendre visite à vos grands-parents. “C'était juste un trou et il n'y avait pas de sciure à l'époque”, note-t-il.

Mais, comme l'a observé Didier Antoine, on ne vient pas aux toilettes sèches sans avoir jamais rien fait d'écolo dans sa maison auparavant. Pour commencer doucement à faire des économies d'eau, il a un conseil tout simple : faire pipi sous la douche !

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