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INTERVIEW - Le co-fondateur d'Artilect, le FabLab organisateur du FabLab Festival, décrypte tout ce que les makers apportent à la société.

Avez-vous déjà poussé la porte d'un FabLab ? Vous savez, un atelier collectif où chacun peut apprendre à se servir d'une imprimante 3D ou encore d'une découpeuse laser pour fabriquer ses propres objets et intégrer ainsi la communauté des makers.

Ce week-end, c'est l'occasion idéale : Artilect, le très actif FabLab toulousain, organise la 7e édition du FabLabfestival. Des FabLabs venus de France, d'Europe et d'encore plus loin s'y retrouvent. Les 13 et 14 mai 2017, ils présentent gratuitement au public leurs dernières innovations.

18h39 est sur place et a rencontré Nicolas Lassabe, co-fondateur d'Artilect. Pour lui, c'est sûr, les makers, ces bricoleurs qui utilisent les machines numériques et partagent leurs connaissances sur internet, ont beaucoup à nous apprendre.

Tout le monde peut-il être un maker ou faut-il certaines compétences ?

Bien, sûr, c'est accessible à tous. À Artilect, 1/3 de nos membres sont des travailleurs indépendants ou des entrepreneurs, 1/3 sont des étudiants et 1/3 sont des particuliers. Au début, il y avait beaucoup de "geeks" mais ça se démocratise.

Par exemple, si l'on veut fabriquer un objet en bois, on va trouver les plans sur internet et aller dans un FabLab pour se former à l'utilisation des machines. Si on veut ensuite faire un objet en bois interactif, on va rajouter de l'électronique. On va accumuler des compétences au fur et à mesure que l'on progresse, ce sont plein de briques que l'on va associer.

La France est-elle un pays de makers ?

En France, l'éducation est très orientée sur la théorie, les choses pratiques se font tard, voire pas du tout. On peut avoir fait des études mais ne pas savoir fabriquer une chaise ou une table.

Résultat, il y a un besoin fort de se réapproprier certaines techniques, pour faire des choses par soi-même. Ce qui explique pour moi que le mouvement maker assez présent en France.

L'an dernier, la France était le 2e pays avec le plus de FabLabs après les États-Unis. On en compte plus de 150. Ça évolue rapidement, il se passe beaucoup de choses en Italie aussi, mais la France reste assez active. Et c'est sans compter les autres lieux comme les hackerspaces, les ateliers de fabrication numérique, les FabCafés...

Quels changements le mouvement maker apporte-il dans la société ?

Il y a plein d'aspects. D'abord, l'éducation. Les makers apportent une nouvelle approche : on est dans le faire, dans le droit à l'erreur. C'est une nouvelle façon d'approcher les sciences et les technologies. En une heure, on peut fabriquer un objet qu'on a modélisé sur ordinateur.

Du côté de l'économie, ça démocratise l'innovation. N'importe quel porteur de projet peut réaliser un prototype dans un FabLab et aller voir un incubateur pour créer sa start-up.

Et pour les particuliers, qui vont dans les FabLabs pour le plaisir et pas pour travailler ?

Pour le citoyen, ça permet de voir qu'il peut faire quelque chose par lui-même. Si l'on casse une pièce d'un objet chez soi, au lieu de le jeter, on va aller le réparer dans un FabLab. On peut personnaliser des objets...

Voir qu'en deux ou trois heures, on peut fabriquer un objet qu'on a d'abord modélisé sur ordinateur, ça peut revaloriser certaines personnes, comme certains jeunes démotivés par le système scolaire.

Finalement, qu'est-ce qui vous fascine le plus dans ce mouvement maker ?

Ce qui m'intéresse le plus, c'est de donner la possibilité aux gens d'avoir un lieu où ils peuvent réaliser leurs projets.

Quelques-uns des projets à découvrir durant le FabLab Festival :

  • OpenFabrick : un jeu de construction à fabriquer soi-même avec les outils des FabLabs, à partir de matériaux upcyclés (encore mieux que des matériaux recyclés, puisqu'ils sont réutilisés sans être broyés).
  • Le Low-Tech Lab, qui étudie les low-tech, ces techniques peu énergivores et écolos, à travers le monde, par exemple avec l'expédition Nomade des Mers, dont nous vous avions parlé sur 18h39.
  • Un panneau solaire réalisé à partir de canettes recyclées, un détecteur de coups de foudre, des vélos en bambou... Et bien d'autres choses à retrouver bientôt sur 18h39.fr !