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ROBINSON - Cet Américain a quitté la ville pour vivre isolé de toutes et tous dans un petit paradis écolo au bord d'une plage du Mexique.

La carte postale est tellement belle que les mauvaises langues trouveront cela presque cliché : alors que le soleil se couche, sur la plage de Venado, au bord du Pacifique, dans l'état de Oaxaca au Mexique, Nicolas offre à ses 9 chiens la dernière promenade de la journée.

La meute et son maître sont seuls sur cette étendue de sable fin depuis laquelle on peut voir sauter les raies manta ou les baleines. Pas une personne, nuit comme jour, ne vient troubler la tranquillité de Nicolas. En même temps, le premier village est à 20 minutes en voiture et il faut traverser, sur une route en mauvaise état, une forêt dense ainsi que la lagune.

Pourtant, Nicolas est loin de souffrir de solitude ! “Je vis isolé, mais avec la maison et l'emplacement, c'est assez rare que je me trouve seul”, explique-t-il. Car cet ingénieur web de 39 ans n'a pas fait que trouver la plage la plus préservée de toute la côte, il a également fait construire un domaine, New Ruins, dans lequel il vit à l'année.

Cela fait désormais 7 ans, que Nicolas a posé ses bagages dans cet endroit du sud du Mexique, à 700 km de la capitale du pays, où il a vécu plusieurs années.

Je savais ce qu'il me fallait absolument : un accès à l'eau, la proximité avec la plage, mais ne pas être dessus, et ne pas être dans un endroit touristique.” Plusieurs années de travaux plus tard, effectués par des artisans locaux et des amis proches, la forêt qu'il a achetée est devenue New Ruins. “Je n'avais aucune compétence en construction, design ou architecture avant cela. Mais mon crédo c'est ‘fait semblant jusqu'à ce que ça marche'!”, s'exclame-t-il.

© New Ruins

Vivre en autonomie mais avoir la meilleure connexion internet de la région

Sur les 2 hectares qui bordent l'océan, le Robinson mexicain a voulu créer un projet d'habitat écologique. “C'est un espace unique qui intègre la technologie, la permaculture et l'expression artistique”, souligne-t-il.

Il a beau vivre au milieu de nulle part, Nicolas n'était pas prêt à troquer son confort de vie. La propriété est alimentée en électricité grâce à l'énergie solaire et celui qui gagne sa vie en faisant de la programmation informatique s'est même construit son propre réseau internet en bâtissant deux grandes tours équipées d'antennes micro-ondes.

J'ai une connexion internet qui est 4 fois plus rapide que n'importe quel endroit à Puerto Escondido”, la première grande ville à 40 km, déclare, pas peu fier, Nicolas. Pour l'eau, New Ruins dispose de sa propre source que Nicolas fait filtrer quand il veut la boire.

Super Adobe : des habitats écologiques pour préserver le site

Une vie autonome qui s'inscrit dans une démarche profondément écolo. “La première raison pour laquelle j'ai fait ce projet, c'est l'environnement. Je veux montrer aux gens qu'il existe d'autres moyens de vivre, plus simples”, indique-t-il. C'est pourquoi le domaine est équipé de toilettes sèches à compost ainsi que d'un système d'utilisation des eaux grises.

© New Ruins

Mais en plus de sa propre maison qu'il n'utilise que pour dormir ou travailler, Nicolas a bâti plusieurs écodomes, de petites constructions écologiques constituées à partir de sacs de terre et de gravats. Les sacs sont ensuite tenus par un grillage et le tout est recouvert de terre et de béton. “Cela demande pas mal de travail mais c'est vraiment économique : construire un écodome coûte moins de 5000 dollars (ndlr, environ 4500 euros)”, précise-t-il. Et l'avantage premier, c'est que c'est un habitat très résistant aux tremblements de terre ! D'ailleurs, si jamais l'envie vous prenait de vous y rendre, il en loue une partie sur Airbnb. Il faudra simplement apprendre à cohabiter avec les dindons, oies et autres poulets qui gambadent en liberté entre les arbres fruitiers.

© 18h39

Quitter la ville... mais pas totalement

Mais Nicolas n'est pas autonome en nourriture. Et cela demande une certaine organisation : quand on vit aussi loin de tout, mieux vaut ne pas oublier quelque chose sur la liste des courses !  Il ne le regrette pas : “C'est plus difficile que vivre en ville, mais j'aime ne pas avoir de voisins, être entouré par la nature, les oiseaux et mes chiens.

On imagine d'ailleurs la tête que doivent faire les habitants des villes voisines lorsqu'ils voient débarquer à bord de son pick-up cabossé, ce “gringo” comme disent les Mexicains, qui ne quitte jamais ses tongs et son débardeur, s'exprimant dans un espagnol presque parfait.

Alors qu'il a grandi dans une famille de hippies, qui a quitté la ville pour s'installer dans la campagne de l'Arkansas, Nicolas n'est pas né grand écologiste. Pourtant, aujourd'hui, il espère que les personnes qui lui rendent visitent reviennent chez eux avec une vision nouvelle, des idées pour insuffler un peu d'écologie dans leur quotidien urbain. “Je veux qu'ils ramènent cette prise de conscience en ville”, dit-il.