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BIODIVERSITÉ – Victimes de la destruction de leur habitat et des nombreuses peurs - injustifiées - qui leur sont encore attachées, les chauves-souris sont menacées en France. Cela peut changer, aussi grâce à vous !

Avec leur petite tête poilue et leurs pattes griffues, elles n'ont pas vraiment le look pour susciter la compassion du grand public. Et pourtant, elles ont autant besoin de la mobilisation générale que les ours blancs et les oiseaux.

La pipistrelle commune, l'une des espèces de chauves-souris que l'on retrouve en France près de nos maisons, fait partie des 13 animaux mis en avant par le collectif On est Prêt, pour sa nouvelle campagne en faveur de la biodiversité, #ZoneSauvage.

Pour savoir comment les protéger, chacun-e à son échelle, nous avons interviewé Fanny Paperin, chargée de mission "chiroptères" au sein de la SFEPM (Société Française pour l'Etude et la Protection des Mammifères).

18h39 : Quelle est la situation des chauves-souris aujourd'hui en France ?

Fanny Paperin : C'est assez compliqué d'avoir des chiffres précis sur les populations de chauves-souris, mais nous avons des estimations qui nous permettent de voir qu'elles sont en déclin. Toutes les espèces de chauves-souris sont menacées en France. Elles subissent toutes une destruction de leur habitat.

Il y a la fragmentation des paysages, la construction de routes... Les rénovations peuvent rendre hermétique les bâtiments et empêcher le passage des chauves-souris dans les combles ou les greniers. Il y a les clochers d'églises, que l'on ferme pour protéger des pigeons, mais on bloque du même coup les chauves-souris. La pipistrelle commune en particulier est une espèce qui vit très bien avec les humains, mais elle n'est pas forcément bien acceptée, il y a des gens qui vont détruire leur nid. Et puis on a aussi des problématiques liées aux éoliennes et à l'utilisation de pesticides. 

Les risques que font courir les éoliennes aux chauves-souris est un argument que l'on entend souvent contre les éoliennes, est-ce qu'il existe des solutions pour une cohabitation ?

On a un grand groupe de travail sur cette problématique, on manque encore d'informations sur l'impact réel des éoliennes sur les chauves-souris, mais on travaille avec des parcs éoliens pour mettre en place des mesures. Par exemple, quand le vent est faible, c'est là où les chauves-souris volent et c'est aussi le moment où les éoliennes sont le moins efficaces. Alors, on bride les éoliennes pour protéger les chauves-souris. Il y a des compromis à trouver pour les protéger et garder cette source d'énergie.

"Elles sont entourées de croyances, comme quoi elles suceraient le sang ou s'accrocheraient dans les cheveux...

Fanny Paperin

Est-ce que les chauves-souris sont dangereuses pour les humains en France, est-ce qu'elles propagent par exemple des maladies ?

Elles ne sont sont pas dangereuses pour l'homme. On a une alerte sanitaire sur la rage des chauves-souris (comme pour beaucoup d'autres animaux), et elle est très peu transmissible à l'homme. On a eu 4 cas de contamination humaines à l'échelle européenne depuis les années 1980.

On a beaucoup parlé des chauves-souris avec le Covid-19, mais pour le moment aucune étude n'a prouvé qu'il est apparu à cause des chauves-souris, il n'y a pas de certitude là-dessus.

En France, les crottes de chauves-souris ne sont pas non plus dangereuses, c'est même un très bon engrais, très bien azoté. Il n'y a donc pas de risque à avoir des chauves-souris chez soi. Mais elles sont entourées de plein de croyances, comme quoi elles suceraient le sang ou s'accrocheraient dans les cheveux, ce qui est complètement faux.

Est-ce qu'au contraire, elles nous rendent des services ? 

En France, on a des espèces insectivores. Elles mangent des ravageurs de culture, de plus en plus de vignerons essaient de faire revenir les chauves-souris sur leurs exploitations. Elles consomment aussi beaucoup de moustiques, les personnes qui ont des chauves-souris chez elles sont assez tranquilles sur leur terrasse.

Comment peut-on les protéger à notre échelle ? 

On peut s'engager à ne pas utiliser de pesticides, à ne pas les déranger, ne pas faire de travaux à certaines périodes de l'année. Ça peut être ouvrir les greniers et les combles, garder les volets en bois ouverts l'été.

Opération Refuge pour les chauves-souris

Il y a toujours la possibilité d'acheter ou construire un nichoir artificiel. On a rarement une colonie de chauves-souris qui s'installe dans un nichoir mais il peut être utilisé par des individus.

Comme les chauves-souris sortent le soir à la file indienne, les chats domestiques peuvent faire un carton plein sur une colonie. Si on a un chat un peu chausseur, on peut lui limiter l'accès au jardin la nuit, et participer à l'étude chats et biodiversité de notre association pour qu'on puisse chiffrer et réfléchir à des solutions.

Et si elles rentrent dans la maison, que fait-on ?

Elles ne rentrent pas volontairement, ce sont des accidents de parcours, ça arrive l'été qu'il y en ait une qui rentre quand les jeunes sont encore inexpérimentés. Il faut rester calme, ouvrir le plus de fenêtres possible, éteindre la lumière et elles vont ressortir toutes seules. Mais ne pas essayer de les attraper, on risque de les blesser.

#ZoneSauvage : la campagne pour protéger la biodiversité

1 million d'espèces animales sont menacées d'extinction, dont 792 en France métropolitaine, d'après l'IPBES (la plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques). Nous faisons face à la 6e extinction de masse.

Alors que le Congrès mondial de la nature a débuté jeudi 2 septembre à Marseille, le collectif On Est Prêt lance la campagne de sensibilisation #ZoneSauvage.

Découvrez comment soutenir la biodiversité à votre échelle et devenir gardien-ne de la nature sur le site On Est Prêt.