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ZÉRO DÉCHET - Un couple et leur deux enfants se sont lancés dans le zéro déchet. Résultat : un kilo de déchet par an.

Ce n'est pas parce qu'on est zéro déchet qu'on est chiant !” Dès le début de l'interview, le ton est donné. Bénédicte Moret, illustratrice de 33 ans, entend bien lutter contre les stéréotypes autour de ce mode de vie. Et entend bien montrer que ce n'est pas parce que l'on vise à supprimer sa poubelle de son intérieur qu'on sacrifie tous les petits plaisir du quotidien.

Une mission qu'elle embrasse grâce aux livres sur le sujet qu'elle écrit avec Jérémie Pichon, son mari. Elle y croque différentes scénettes de la vie quotidienne avec beaucoup d'humour et de mordant, tandis que sa moitié écrit les textes.

Bénédicte, Jérémie et leurs deux enfants, Mali et Dia, 6 et 8 ans aujourd'hui, se sont lancés dans cette aventure depuis septembre 2014, et ça marche ! À eux quatre, ils n'ont produit, en 2016, qu'un kilo de déchet. “Contre 390 kilos par an pour un seul français, en moyenne” précise fièrement Bénédicte.

Ils avaient déjà fait un premier écrémage des produits en ne se fournissant qu'en bio à la maissance de leurs enfants. "Nous avons eu envie d'aller plus loin. De nous créer des contraintes pour bouleverser nos habitudes et vivre de nouvelles choses”, constate Bénédicte.

Analyser le contenu de sa poubelle

La famille empoigne alors sa poubelle et la renverse sur une grande bâche dans son jardin. Le but ? Analyser par le menu ce qui s'y trouve pour pouvoir mieux lutter contre ces déchets qui passent encore la porte de leur foyer.

On a opéré des changements en douceur. On estime qu'il faut 21 jours pour qu'une habitude disparaisse donc il ne faut pas se flageller si les choses trainent, mais prendre son temps pour qu'elles infusent”, détaille Bénédicte qui raconte en textes et illustrations l'aventure de sa famille sur la route du zéro déchet sur son blog.

Un processus qui a fini par porter ses fruits. Grâce à ses changements d'habitudes, plus ou moins faciles, elle doit bien l'avouer. Mais surtout, à l'aide d'une indéfectible bonne humeur et d'une pédagogie sans faille envers ses enfants.

Passer au fait maison

Si on passe sa vie à dire non, non et non en permanence, autant arrêter. Alors j'ai fait force de pédagogie en leur expliquant pourquoi on ne pouvait pas leur acheter les yaourts liégeois au chocolat qu'ils voulaient tant. Puis une fois rentré à la maison, on s'est lancé dans des liégeois artisanaux. Il faut l'avouer ça n'a pas été tout de suite une réussite”, lâche Bénédicte dans un sourire.

© Illustration Bénédicte Moret

Une nouvelle organisation dont les enfants ne semblent pas souffrir. “Aux pique-nique organisé avec l'école, ils suscitent des interrogations de leur camarade qui sont très intrigués et intéressé par leur panier repas qui ne comporte ni paquet de chips ni aliments industriel”, explique leur maman.

Car depuis, la famille a déserté les supermarchés, se fournissant exclusivement auprès de maraîchers bio locaux et du boucher et fromager de leur commune pour pouvoir acheter en vrac et éviter les déchets d'emballages

Le tout, toujours avec ses “tuptup”, petit surnom de ses boîtes en plastiques, empilés dans un sac en tissu. Une excentricité pour les commerçants dans les premiers temps, qui se sont désormais habitués et qui ne rechignent plus à lui remplir ses bocaux de viande hachée ou de beurre.

Une organisation bien huilée désormais, mais que Bénédicte avoue facilitée par les possibilités qui lui sont offerte dans sa ville. "Les commerces en vrac sont encore peu développés en France”, reconnaît Bénédicte.

© Illustration Bénédicte Moret

Mais Bénédicte ne s'arrête pas là puisqu'elle confectionne également sa propre lessive ainsi que ses produits d'entretien. “Cela me prend une après-midi entière mais après je suis tranquille pour plusieurs mois”, explique-t-elle. Reconnaissant que de se lancer dans le tout artisanal nécessite quand même de pouvoir se dégager du temps.

À 4 dans 34 m2

Pour aller encore plus loin, la famille a déménagé depuis un peu moins d'un an dans un mobil-home, à Hossegor (Landes). “Nous vivions au début dans une grande maison avec piscine, mais nous nous sommes rendu compte que nous n'étions jamais hors de chez nous et que toute cette surface nous forçait à accumuler”.

Le couple, ses deux enfants et leurs deux chats déménagent dans une maison plus petite. Un “sas” qui leur permet de se séparer d'une bonne partie de leurs affaires. “On en a laissé une partie dans des cartons et finalement, nous nous sommes rendu compte qu'elles ne nous manquaient pas. Nous nous en sommes donc débarrassé, puis nous avons atterri dans notre mobil-home”, décrypte Bénédicte.

Ils vivent désormais à 4 dans 34 m2 et se sentent plus légers que jamais. “Moins on en a, mieux on se porte. Nous sommes à deux pas de la plage et nos amis adorent venir nous rendre visite. Nous avons développé un mode de vie bien à nous. Et surtout, dès qu'on fait rentrer trop de choses dans un si petit espace, cela se voit tout de suite, on est vite envahi !

Dans le petit bocal qui trône dans un coin du mobil-home et qui a remplacé leur poubelle, ne restent que des bâtons de sucettes, quelques papiers de bonbons, et un emballage de cadeau de Noël. Leurs seuls déchets de ces douze derniers mois.

On ne peut pas faire la chasse aux emballages partout, interdire à nos enfants d'accepter des sucreries avec emballages en permanence. Il est hors de question de s'empêcher de vivre pour le zéro déchet”, conclut Bénédicte.

Et preuve que son pari est réussi, le site de la famille en arrive bientôt à son million de visiteurs. Et un troisième livre est prévu pour septembre. Un livre en papier recyclé, évidemment.