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DETOX - Pour couper avec le quotidien et ré-apprendre à vivre sans écran, Out of Reach propose des séjours sans smartphone. Entretien avec sa co-fondatrice.

Les écrans ont envahi notre quotidien et nos maisons. Mais cette addiction nous poursuit aussi sur nos lieux de vacances. Pour en avoir le coeur net, il suffit de regarder le nombre de photos ou stories de vacances postées sur Instagram ! 

C'est pourquoi de plus en plus de structures se spécialisent dans les vacances ”digital detox”, garanties sans smartphone, tablette ou ordinateur. C'est le cas d'Out of Reach, un label français qui propose des séjours en pleine nature loin des écrans, sur l'île d'Houat en Bretagne ou même sur le plateau de l'Aubrac. 

Pour en savoir plus sur cette tendance, nous avons posé quelques questions à sa co-fondatrice Félicie Royol. 

18h39 : Selon une étude de 2019, 6 Français sur 10 déclarent utiliser davantage leur smartphone pendant leurs congés. C'est contre cette mauvaise habitude que vous vous battez ? 

Félicie Royol : Out Of Reach est un label qui met en avant des destinations, des adresses débranchées. On essaie de tout faire pour que la déconnexion s'impose d'elle même. On va les embarquer dans des lieux déconnectés, idéalement sans réseau, mais ça devient de plus en plus compliqué. En tout cas à minima, on pousse vers le sans wifi et l'absence d'écran. L'idée c'est de leur proposer de prendre des vacances pour voyager différemment. 

Pourquoi utilise-t-on davantage son smartphone pendant les vacances selon vous ? 

Évidemment il y a les réseaux sociaux ! On aime bien poster ses photos pour faire rêver ses copains. Mais il y a aussi la question de l'utilisation pour savoir ce qu'il y a voir, trouver les bonnes adresses, pour voyager en somme. Le smartphone va envoyer tout le monde aux mêmes endroits, il va formater les séjours. On essaye de mettre en avant une autre façon de voyager avec des rencontres avec l'habitant et promouvoir un tourisme hors des sentiers battus. 

Un fort sur l'île d'Houat © Out of Reach

Mais vous ne confisquez tout de même pas les smartphones au début de chaque séjour ? 

Au début, on était un peu trop puristes car on cherchait vraiment la zone blanche. On ne confisquait pas le smartphone car il n'y avait pas besoin. Puis on s'est rendu compte que ça devenait de plus en plus compliqué mais surtout que les Français n'étaient pas prêts. C'est pour cela que l'on a créé trois niveaux de déconnexion.

Quels sont-ils ces trois niveaux ? 

On a le premier, le moins contraignant, avec un environnement déconnectant où vous êtes en pleine nature dans un endroit qui ne doit pas vous inciter à utiliser le téléphone ni les écrans. Il peut y avoir le wifi dans les parties communes alors que dans les chambres jamais. Le deuxième stade, c'est l'absence de wifi. Et le troisième c'est ni wifi, ni réseau. C'est le graal, le top du top !

Pourquoi ne parvient-on pas à se discipliner à votre avis ? Pourquoi doit-on aujourd'hui payer pour se retrouver sans écran ni smartphone ? Cela semble un peu fou !

Car les tentations sont très grandes, et les gens ne savent pas comment s'y prendre. On explique aux gens que la première chose à faire c'est de prévenir les autres pour ne pas être sollicité. Il faut prévenir qu'on ne va pas être connecté. On avait mis en place un numéro SOS pour pouvoir être joint en cas d'urgence pendant son séjour. Pour le fort de l'île d'Houat, vous pouvez joindre la propriétaire. Mais il faut aussi cesser d'utiliser son smartphone pour tout. Allez demander au boulanger du village son avis sur la météo, c'est tellement plus sympa ! 

Il y a quelques années les gens fuyaient les zones sans réseau, aujourd'hui elles sont devenues des destinations prisées. Que s'est-il passé ? 

Le confinement a pas mal réveillé les gens. Il y a eu l'enfermement qui a généré une hyper connexion et on a des gens qui nous ont appelé pour nous dire qu'ils avaient bien vécu le fait d'être entre eux. Ils n'ont plus du tout envie de se retrouver en club et cherchent désormais une option en pleine nature pour rester entre eux, pour faire leur petite vie à la campagne. Ils ont aimé être coupés du monde, mais ont regretté cette hyperconnexion et avaient besoin de nature, d'espace. La grosse difficulté pour nous, c'est de trouver des lieux adaptés ! Car trouver des endroits sans réseau est devenu compliqué. Mais on a pas dit notre dernier mot. 

Vous avez mis au point un jeu de cartes pour apprendre à découvrir son lieu de vacances sans smartphone, vous nous en dites plus ? 

Drôle d'Expé est un jeu de cartes qui vient remplacer votre guide de voyage et s'adapte à tous les coins de France. C'est 54 cartes de défis avec 4 familles : ravito, ethno, zoologie et botanique et explo. Vous choisissez une famille de défis ou n'importe quelle carte et vous relevez des défis. Avec la famille “ravito” on va vous envoyer chercher des œufs directement auprès de la poule en cherchant le producteur le plus proche. On leur fait imprimer une carte de leur lieu d'expédition, on les invite à utiliser une boussole. Pour la catégorie “ethno”, on incite à la rencontre avec des artisans locaux et de partir à la rencontre des gens, de l'histoire du lieu.