| | |

RETOUR D'EXPERIENCE - Pierre Chevelle, de la chaîne YouTube Changer le monde en deux heures, a passé cinq jours à apprendre les bases de l'autonomie. Et oui, ça lui a fait du bien.

Cinq jours au milieu de la forêt, entouré de montagnes, à profiter de la nature. Mais aussi cinq jours à entretenir le potager en permaculture, à travailler le bois, à isoler un bâtiment, à apprendre à "lire un paysage" pour comprendre un milieu...

Pierre Chevelle a choisi de passer de drôles de vacances, en suivant un stage dans l'écolieu Etika Mondo, dans le Parc National des Cévennes. Il s'agit d'un domaine de 6 hectares restauré par une famille, pour en faire un exemple d'urbanisation écologique.

Une expérience intense, qu'il raconte sur sa chaîne YouTube Changer le monde en deux heures :

De retour à Paris, il a répondu à nos questions pour nous raconter ses motivations et surtout sur ce que ce stage lui a apporté. Peut-être de quoi vous convaincre de tenter l'aventure pour vos prochaines vacances !

18h39 : Tout d'abord, qu'est-ce qu'un écolieu ?
Pierre Chevelle : Pour moi, c'est un lieu qui essaie de tendre vers plus d'autonomie, que ce soit alimentaire ou énergétique, avec l'objectif de vivre plus en harmonie avec la nature, de créer de la vie plutôt que d'en détruire.

Il peut s'agir de logements ou d'un tiers-lieu avec un marché, des ateliers, une école, un potager. C'est un mot un peu fourre-tout mais qui incarne l'avenir dans un monde dans lequel le pétrole sera beaucoup plus cher et moins accessible. Avec la crise climatique, et dans un monde post-Covid, on va relocaliser beaucoup de choses. L'autonomie des territoires est un enjeu énorme et les écolieux sont une brique parmi les solutions. 

Pourquoi as-tu voulu faire ce stage à Etika Mondo ?
L'année dernière, j'ai fait une bonne éco-dépression. J'ai accumulé beaucoup de connaissances sur l'effondrement mais très peu de compétences. J'avais beaucoup d'anxiété par rapport au futur, même si je sais que plein de scénarios sont possibles. J'avais envie de me sentir plus prêt à m'adapter aux différents mondes qui peuvent émerger.

"J'avais envie d'aller voir à quoi ça peut ressembler un futur dans lequel il y aura moins d'abondance, de voir que ça pouvait être joyeux."

J'aimais l'idée d'avoir une approche à 360°. C'est une initiation sur une semaine, mais ça touche un peu à tout, à la fois avec beaucoup de théorie sur l'écologie et l'autonomie, et des ateliers très pratiques, de l'éco-rénovation à la démocratie participative.

Est-ce que tu penses que tout cela va t'être utile au quotidien ?
Oui et non. Oui, car se poser la question de savoir si l'on crée de la vie ou si l'on en détruit est une très bonne ligne directrice. Cela m'a aussi permis de revenir à la définition de l'écologie, qui est une science, et pas une idéologie. C'est l'étude des interrelations entre les espèces et leur milieu, avec l'idée que plus tu as des relations diverses et variées avec ton milieu, mieux tu vas vivre.

"En terme de santé mentale, ça m'aide à réduire mon éco-anxiété et ça montre un futur souhaitable, ça fait beaucoup de bien."

Ça ne va pas révolutionner mon quotidien : je faisais déjà le gros de ce qu'on peut faire quand on habite en ville avec le végétarisme, le zéro déchet, le minimalisme. Mais mais ça m'a remotivé, ça a nourri ce besoin de mettre la main à la pâte.

C'est génial d'essayer de comprendre les problèmes au niveau macro, mais il y a beaucoup de bon sens qu'il est difficile d'acquérir dans une société hors sol, surtout quand tu habites en ville. Avec la pratique du potager ou du lombricompostage par exemple, tu reviens à l'importance de régénérer le sol, à ce que sont les besoins d'une plante.

Envisages-tu de déménager dans un écolieu ?
Pas dans l'immédiat, il y tellement d'avantages à vivre à Paris, pour le travail, pour l'ébullition des idées, pour les multiples rencontres de citoyens inspirants. Mais j'étais impressionné par l'épanouissement des enfants de la famille qui vit là-bas. 

Je suis parti là-bas en couple, et ça a nourri notre imaginaire. Quand on a un projet de couple, ou avec des amis ou des parents, pour déménager à la campagne par exemple, on peut croire qu'on est sur la même longueur d'ondes alors qu'on a des visions très différentes. Maintenant, quand on aura une discussion sur le fait de partir de Paris, d'avoir peut-être des enfants un jour, ou sur ce qu'on veut mettre dans notre potager, on pourra faire référence à cette expérience.

À qui recommanderais-tu cette expérience ?
À tous les gens qui sont dans cette quête de sens et qui s'interrogent sur l'avenir lié à la crise climatique ou l'effondrement, ou juste qui en ont marre de la ville et de la vie stressante. C'est une super expérience pour mettre le pied à l'étrier. Je prône la pratique plutôt que la théorie.

"Si vous vous posez des questions sur un changement de vie, vous aurez plus de réponses en allant vivre dans trois écolieux en trois semaines, qu'en lisant mille bouquins sur le sujet."

Ça peut aussi être un bon plan pour des vacances en famille. Il y a une dame qui avait amené ses enfants et son mari, pas forcément très enthousiastes au début, et maintenant ils ont envie d'y retourner tous les ans. Mais il ne faut pas y aller pour faire bronzette, c'est quand même physique !

Bien sûr, ce n'est pas seulement grâce à ce stage que Pierre Chevelle va mieux. Il en dit plus sur son cheminement dans cette vidéo :