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SANS-ABRI - Pendant ce deuxième confinement, le photographe Corentin Folhen est parti à la rencontre de celles et ceux qui vivent dans la rue.

"300 000". C'est le nombre de sans domicile fixe annuel en France que le délégué général de la Fondation Abbé-Pierre, Christophe Robert a annoncé lors d'une interview pour le Journal Du Dimanche.

Chiffre alarmant qui a pour but de provoquer un "électrochoc" et éveiller les consciences sur la situation des sans-abri. C'est aussi le pari que s'est lancé Corentin Folhen. Ce photoreporter de 39 ans a réalisé des portraits sur les personnes vivant dans les rues de Paris pendant le reconfinement d'octobre 2020. L'objectif ? Leur donner la parole et casser les préjugés en mettant en lumière leur parcours.

Des rues pas si vides que ça

Photographe parcourant le monde depuis 2004, c'est au début du premier confinement qu'il a commencé à s'intéresser de plus près aux personnes sans-abri. ‘‘Au départ mon travail se focalisait sur les rues de Paris devenues vides”, nous raconte Corentin Folhen. Vides ? Pas complètement puisque de nombreuses personnes vivaient dans la rue malgré le confinement et l'épidémie. C'est ce contraste qui lui a donné envie de s'intéresser d'un peu plus près aux sans-abri.

Il a commencé à travailler avec le média "Sans A_" , qui réalise des portraits de personnes à la rue dans le but de ‘‘rendre visibles les invisibles”. Dans la continuité de ce projet, Corentin Fohlen est parti chaque jour photographier et recueillir l'histoire de sans-abri pour le compte de ce média engagé.

Pour chaque portrait, il va avec sincérité à la rencontre de ces hommes et ces femmes qu'il croise dans la rue : “je ne leur promets rien, je leur dis juste que je veux leur laisser la parole pour qu'ils puissent s'exprimer librement. Il y a un réel échange qui se crée entre nous”.

Et le photographe d'ajouter : “on ne naît pas à la rue, on le devient”. S'il a voulu leur donner la parole, c'est pour “faire prendre conscience aux gens qu'au départ, ce sont des personnes qui avaient une vie qui ressemblait à la nôtre, mais qui, après des événements malheureux, ont fini à la rue”, dit-il.

Les aider en les laissant raconter leur histoire

Une initiative qui a montré qu'un autre soutien pouvait être possible. Un soutien pas forcément financier, mais humain, car ces personnes ont parfois simplement besoin d'être écoutées. “C'est rare que des gens viennent simplement discuter avec les sans-abri pour partager leur histoire. Généralement quand on leur parle c'est plus pour leur demander s'ils ont besoin de quelque chose et évoquer ce qui leur manque”, confesse Corentin.

Derrière chaque personne, il y a une histoire. Corentin Fohlen est leur porte-voix. Il veut prouver à celles et ceux qui les croisent, que “ce sont avant tout des gens courageux”. Mais il espère surtout, changer la manière dont on peut les percevoir. “Même avec toute la bienveillance que l'on peut avoir, il y a toujours des préjugés sur les sans-abris. On veut pouvoir leur redonner une dignité. Certains ont un parcours de vie passionnant. Ils ont vécu beaucoup de choses, qui parfois peuvent être tristes mais qui méritent d'être entendues et respectées”, indique-t-il. 

Avec ses photos sur les sans-abri, Corentin ne pense pas forcément changer toute la société mais du moins améliorer le quotidien de celles et ceux qu'il rencontre. Bien que ses portraits prendront fin avec le déconfinement, son projet, lui, continue. Sa nouvelle série de photos documentaires intitulée "HOME SWEET HOME", mettra en image comment ces personnes aménagent un endroit pour survivre dans la rue. 

Les portraits sont à retrouver sur le site de Sans A_ ainsi que sur leur compte Instagram et Facebook.

Retrouvez aussi nos conseils pour interagir et tisser du lien avec les sans-abri grâce au guide de Lauriane Clément.