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AUTOCONSTRUCTION - Jacob Karhu a opté pour un habitat sobre et proche de la nature, en construisant ce dôme géodésique avec des matériaux de récupération.

Depuis son bureau comme depuis son lit, Jacob Karhu, 26 ans, peut admirer une vue magnifique sur son potager et sur l'étang. Il voit même les chevaux du champ d'à côté passer tous les jours. Sa maison est comme une bulle, simplement posée au milieu de la nature. 

Pour ne pas vivre dans une chambre étudiante ni payer de loyer pendant son doctorat, ce chercheur, qui étudie le climat à travers les carottes glaciaires, a construit une habitation légère sur le terrain d'un futur écolieu en région parisienne. 

Jacob aimait la rondeur de la yourte, mais celle-ci n'est “pas vraiment adaptée aux conditions d'humidité en France”, raconte-t-il. C'est pourquoi il s'est tourné vers le dôme géodésique. Il s'agit d'une demi-sphère, constituée d'une multitude de facettes triangulaires. Jacob nous fait visiter en vidéo : 

Habiter dans un dôme en bois, c'est confortable ? 

Les avantages du dôme géodésique sont nombreux. “Il n'y a pas de mur porteur à l'intérieur, donc il y a un grand espace, c'est agréable. Je trouve ça esthétique, mais c'est aussi très résistant comme structure”, détaille Jacob. 

Cet habitat est aussi écologique, car la forme en dôme est celle qui permet de construire le plus grand volume habitable sur un minimum de surface et pour un minimum de matériaux. L'unique pièce ne fait que 13 m2, mais le plafond est haut et la vue sur l'extérieur, imprenable. 

© Jacob Karhu

Le grand atout de cette petite maison, c'est la grande baie vitrée en verre synthétique, qui donne “l'impression de vivre dehors”. Les autres triangles sont recouverts de bois, et pour certains de tissu. L'ambiance est chaleureuse… 

Pas seulement côté déco, puisque l'isolation, un mélange de chanvre, laine et lin, de 10 cm d'épaisseur, est efficace. Certes, comme tout habitat léger, celui-ci “manque de masse thermique”, comme nous l'explique Jacob : la chaleur s'échappe vite lorsqu'il ouvre la porte. Mais le poêle de masse, qui accumule et restitue longtemps la chaleur, même une fois éteint, limite cette déperdition. 

Cet été en revanche, il a fait très chaud sous le dôme, à cause des triangles vitrés. Pour limiter l'effet de serre, la solution serait de construire un auvent pour abriter l'entrée du soleil. 

Il serait bien sûr possible d'installer tout le confort moderne dans une telle habitation mais Jacob a vu très simple. Pas de salle de bains par exemple, il se douche en extérieur l'été et se lave au gant l'hiver. Mais ce n'est pas un problème pour lui, loin de là. Il a vécu dans des conditions bien plus extrêmes. Après ses études de géologie, il a fait une pause de 9 mois pour retaper un refuge de montagne et vivre en ermite dans les Pyrénées

© Jacob Karhu

L'important pour lui est d'être le plus autonome possible. C'est le cas pour l'énergie, grâce à ses panneaux photovoltaïques et son poêle à bois. Et en partie sur le plan alimentaire, grâce à son potager. 

Comment construire un dôme géodésique (et combien ça coûte) ? 

Contrairement à ce que l'on pourrait croire, il n'y a pas forcément besoin d'être bon en maths pour construire un dôme. Jacob a utilisé le site domerama, qui calcule automatiquement le nombre de segments à découper pour créer les triangles, les angles, le nombre de connecteurs, etc. 

Les ressources sur Internet sont toujours très utiles pour se lancer dans la construction d'un habitat alternatif. D'ailleurs, ce dôme a été construit en équipe, grâce à un chantier participatif. Une expérience collective qui lui tenait à cœur après son aventure en solitaire dans la montagne. “Il y avait des personnes qui avaient déjà fait de la construction en terre, en paille, un charpentier… et une super énergie”, se souvient-il. 

À plusieurs, c'est plus facile de construire une charpente, mais ce n'est “pas forcément plus rapide”. Les discussions, pour adopter une solution et aller tous dans le même sens, prennent du temps. Le chantier a donc duré 5 ou 6 mois avec des interruptions. 

Grâce à l'autoconstruction et aux matériaux récup' utilisés pour une partie du dôme (le contreplaqué, les lames de plancher…), cette petite maison n'aura coûté que 6000 euros, financés pour moitié par la propriétaire du terrain, qui projette de l'intégrer au futur écolieu. Un investissement plus que raisonnable pour un cadre de vie très agréable ! 

Et si vous n'êtes pas encore prêt-e à vivre tout de suite dans un dôme géodésique, vous pouvez aussi vous en servir de serre dans votre jardin, comme cette famille