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AUTONOMIE - En 15 ans, cet habitant du Nord a complètement rénové sa maison. Une fibre verte qui lui vient de sa grand-mère !

Article mis à jour le 2 septembre 2022
Frédéric Wetzel, 69 ans, n'a pas attendu que l'écologie devienne tendance pour s'y mettre. Depuis plus de 18 ans, cet habitant de Baisieux, dans le Nord, transforme son pavillon en laboratoire des énergies propres. Pour preuve, depuis quelques années, sa facture en électricité est nulle, mieux encore, ses installations lui rapportent un peu d'argent ! Seule sa consommation de chauffage lui coûte un peu, son poêle à granulés lui réclamant une dépense de 300 euros par an environ.

De l'extérieur, cette habitation construite dans les années 1970 ressemble pourtant comme deux gouttes d'eau à ses voisines du lotissement, qui consomment beaucoup d'énergie. A un détail près : c'est la seule maison dont le toit est entièrement recouvert de panneaux photovoltaïques. Ce n'est pas tout : chauffe-eau solaire, isolant écologique, poêle à granulés, lampes basse consommation, créations DIY, Frédéric vit dans une maison écolo où rien n'est laissé au hasard. 

Notre écolo bricoleur avec certaines de ses créations sous la pergola. © Frédéric Wetzel
Graphique récapitulant sa consommation d'énergie annuelle. © Frédéric Wetzel

Un bénéfice énergétique de 60 euros par an

Les premières travaux de rénovation de Frédéric et sa femme ont commencé en 2004, grâce à un programme de l'Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Énergie (ADEME). “Je voulais installer des panneaux solaires et un artisan m'a dit que l'ADEME cherchait des volontaires pour tester des installations. En échange de subvention, on devait ouvrir nos portes aux médias et visiteurs pendant 4 ans”, se souvient-il. 

Ce passionné se dote d'une centrale photovoltaïque qui comble depuis une grande partie de ses besoins en électricité. “Je produis en moyenne 2500 kilowatt par an et j'en achète 2200 à EDF, souligne Frédéric. J'ai une facture comme tous les consommateurs sauf que moi je leur vends celle que je produis en plus et ne paie rien.” Grâce à son surplus d'électricité, sa facture est minimale puisque Frédéric ne paie que 65 euros par an.

Vous pouvez avoir le meilleur système de chauffage au monde, si vous n'êtes pas isolé, ça ne sert à rien !"

Frédéric

Mais cet habitant du nord de la France ne s'est pas arrêté en si bon chemin. Après l'équipement solaire, Frédéric a isolé sa maison. “J'ai fait une erreur. J'ai commencé par les panneaux mais ça ne sert à rien si on a une passoire en dessous. Vous pouvez avoir le meilleur système de chauffage au monde, si vous n'êtes pas isolé, ça ne sert à rien !" nous explique-t-il.

Parce qu'il n'a pas le droit de toucher à l'extérieur, le sexagénaire isole sa maison par l'intérieur avec de l'isolant Métisse, produit à partir de vêtements recyclés. “J'en ai mis 50 centimètres, il n'y a rien qui sort”, assure-t-il après avoir passé ses cloisons à la caméra thermique. 

Fabriqué à partir de jeans recyclés, l'isolant Métisse a été installé dans les combles © Frédéric Wetzel
Un réservoir de toilettes avec lave-mains intégré pour faire des économies. © Frédéric Wetzel

Des installations pour toute la maison

Suivront une VMC double flux (pour améliorer la qualité de l'air et baisser la consommation de chauffage), un poêle de masse, remplacé ensuite par un poêle à granulés de bois, et un chauffe-eau solaire qui ne sert pas qu'à l'eau chaude mais alimente aussi le lave-linge et le lave-vaisselle. Car Frédéric ne fait pas que des économies sur l'électricité. “Nous utilisons l'eau de pluie pour les toilettes et lorsqu'il en manque nous réduisons notre consommation avec un lave-main incorporé au réservoir”, précise-t-il. 

Et à l'intérieur, le couple n'utilise que des lampes LED. “J'étais l'un des premiers. Au départ je les commandais aux États-Unis car on ne les trouvait pas dans les magasins français”, précise-t-il. Pourtant, quand on lui demande s'il se considère comme écolo, Frédéric hésite et rappelle que son déclic est né de la crainte de voir le prix de l'électricité s'envoler.

Comment lutter contre l'inflation des prix de l'énergie ?

Pour faire des économies, notre retraité pilote sa consommation d'énergie avec une précision diabolique, notamment grâce à un serveur installé chez lui par l'ENSAM Lille (Ecole Nationale des Arts et Métiers). C'est ce logiciel qui lui permet d'estimer ses besoins en énergie à 4200 kW/h, dont 75% sont fournis par sa propre production d'énergie solaire. Pour autant, pas question de se priver : "Je ne suis pas spécialement économe !" prévient Frédéric, qui fait souvent la cuisine avec des machines gourmandes en électricité et regarde sa télévision de 190 cm sans lésiner.

Mais l'inflation change aujourd'hui un peu la donne. Avec la hausse du prix du gaz et de l'électricité, tout le monde se rue sur les poêles à granulés, ce qui fait grimper les tarifs : "Avant, j'achetais mes pellets [granulés de bois, ndlr] 5 euros, maintenant c'est plutôt 9 !" regrette Frédéric. Du coup, pour la première fois, ce bon vivant va devoir adapter son comportement vers plus de sobriété : éteindre les appareils en veille, couper la télévision quand il ne la regarde pas, baisser la température de 20 à 19 degrés... Des petits gestes qui vont l'aider à maintenir sa facture aussi basse.

La grand-mère de Frédéric a beaucoup influencé sa vocation écologique. © Frédéric Wetzel

Une grand-mère écolo avant l'heure

Bien qu'il se documente et participe à de nombreux salons pour s'informer, cette fibre verte lui vient de sa grand-mère Aurélie, chez qui il a vécu jusqu'à ses 13 ans. “Elle n'avait pas grand chose, juste 4 ou 5 ampoules, un poste de radio, pas de frigo. Elle était écolo sans le savoir !”, s'exclame-t-il. De son passage chez elle, Frédéric apprend l'importance de ne pas gaspiller, mais aussi des valeurs humaines, l'amitié et l'entraide. “Elle achetait en vrac et il y avait un garde-manger à la cave”, complète-t-il. 

Pour donner envie à d'autres personnes de suivre son exemple, Frédéric a lancé il y a quelques années un site, jeveuxsauverlaplanète.fr, sur lequel il documente avec soin toutes ses expérimentations. Car l'important pour lui est de livrer des informations honnêtes à celles et ceux qui le lisent. “Je ne veux pas donner de fausses idées. Ce n'est pas magnifique, surtout l'hiver ! J'ai mis 12 ans à amortir le photovoltaïque et 13 ans pour le chauffe-eau solaire”, précise-t-il. D'ailleurs côté budget, il estime à 20 000 euros le coût total de ses travaux. 

L'enthousiasme de Frédéric est contagieux et si vous hésitez encore à transformer votre intérieur en laboratoire écolo, le retraité vous répondra : “Venez chez moi !”. Et c'est très sérieux car il suffit pour cela de prendre rendez-vous sur le site de l'espace info énergie du Nord. À vos agendas !