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JARDIN - Avec le réchauffement climatique, la culture du cotonnier est rendue possible en France. Mais dans quelles conditions ? On vous dit tout.

Les effets du réchauffement climatique s'accélèrent et le constat est sans appel : la flore les subit de plein fouet. Des espèces végétales sont directement menacées, d'autres se multiplient et puis certaines se développent dans des régions inattendues.

En France, la hausse des températures rend possible la culture de nombreuses plantes exotiques, que l'on ne trouvait auparavant qu'en zones tropicales. Parmi elles : le coton. Une espèce que l'on peut même faire pousser chez soi ! 

Intrigués, nous sommes allés demander conseils auprès de Blaise Leclerc, docteur en agronomie et auteur du livre Légumes et canicule - adapter le potager au réchauffement climatique (Ed. Terre vivante, 2021). Depuis quatre ans, il fait pousser à son domicile quelques plants de cotonnier. Voilà qui donne envie… mais tout le monde peut-il se lancer dans la culture du coton ? 

© Joao Bento da Silva - Getty Images

Quelles conditions climatiques pour la culture du coton ? 

“C'est une plante des pays chauds, tropicaux, rappelle Blaise. C'est pour ça que l'on a de plus en plus de chance de pouvoir en cultiver dans les régions les plus douces en France, comme le Sud ou la bordure océanique”. Pour les zones un peu plus fraîches, “comme en montagne ou en climat continental, où l'on a les premières gelées début octobre ou fin septembre, il vaut mieux le faire pousser sous serre ou à la maison”.

Outre son aspect fonctionnel, le cotonnier, cette plante vivace et touffue proche de la famille des hibiscus, offre une belle floraison. Sur un même plant, elle donne à la fois des boutons floraux, des fleurs et des fruits, appelés des “capsules”. 

Pour espérer voir ce joli spectacle, quelques conditions doivent être réunies. La première : la météo. Adapté au climat tropical et subtropical, le coton a besoin de beaucoup de chaleur et d'eau. Mais attention, pas en abondance, ni n'importe quand !

Pour résumer, les graines de coton doivent être plantées dans un sol qui fait au moins 15°C (bien que la température de l'air doit osciller entre 21 et 37°C pour profiter de sa récolte). S'il lui faut des épisodes de pluies pendant toute la phase de pousse, qui a lieu en février-mars, la période de maturation, qui commence dès avril, a besoin d'un climat aride.

Fleur de coton
Unsplash © KWON JUNHO

Blaise Leclerc ne nie pas la difficulté de faire pousser du coton en France, notamment parce que la pousse y est assez lente, que les conditions climatiques ne sont pas toujours réunies et qu'il faut globalement attendre le mois de juillet (voire plus) pour voir réellement la floraison arriver, victime des aléas météorologiques.

“Ce sont à peu près les mêmes besoins en chaleur que pour les aubergines ou les tomates”, précise-t-il. D'ailleurs, selon notre jardinier, il est nécessaire “de faire des semis en pot à partir de février-mars en intérieur pour pouvoir piquer après, puis replanter dehors quand il fait suffisamment chaud au mois de mai, comme pour ces cultures maraîchères”. 

Comment faire pousser du coton chez soi ?

On commence par semer les graines achetées par deux ou trois en jardinerie ou sur Internet (les variétés les plus proposées sont le G. hirsutum et le G. herbaceum) en les plantant à environ 2 cm de profondeur dans un godet rempli de terreau spécial semis, un mélange plutôt sablé qui absorbe bien l'eau.

Il est important que les températures soient clémentes (qu'elles dépassent constamment les 15°C) pour faire les semis. Pour favoriser leur levée, qui dure une dizaine de jours, il leur faut un climat chaud et humide. Pensez donc à les placer dans un endroit ensoleillé entre 20 et 25°C et à les arroser tous les jours pendant la germination. 

Les plantules vont alors commencer à se former. Une fois qu'elles ont atteint les 15 cm et que vous distinguez 4 vraies feuilles, choisissez-en une ou deux et placez-les dans un conteneur en extérieur, sur le rebord d'une fenêtre ou sur un balcon. Les températures doivent là aussi dépasser les 20°C et il ne doit pas pleuvoir (mais pensez tout de même à garder votre terreau humide, sans l'inonder non plus. L'arrosage se fait une à trois fois par semaine, selon le substrat). Si le temps se rafraîchit, n'oubliez pas de rentrer vos plants. Fin mai, rempotez à nouveau. 

La formation du coton commence dès le début de l'été. Ses fleurs se teintent alors de jolies couleurs, passant tour à tour du crème au jaune puis au rose. En fin de saison estivale, la plante finit par sécher et se transforme en capsules, qui s'ouvrent en quartiers et laissent apparaître de petites graines noires. Lesquelles sont entourées de milliers de fibres blanches qui forment une boule : le fameux coton.

Une fois le coton récolté, Blaise Leclerc récupère également les graines à l'intérieur afin de les ressemer l'année suivante. “Je les garde au sec dans la boule de coton puis, vers le mois de février-mars, je sème dans des pots. Cette année, j'en avais quatre”.

Quatre graines qui lui ont permis d'obtenir de beaux plants et d'assurer une petite production pour son usage personnel, par exemple pour éponger le sang sur de petites coupures. De quoi joindre l'utile à l'agréable ! 

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