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AUTOSUFFISANCE - Le village de Langouët va installer des jardins en permaculture chez ses habitant-es. L'objectif : produire les fruits et légumes qui seront consommés sur place.

À une vingtaine de kilomètres de la ville de Rennes, se trouve un village de 600 âmes, qui porte le nom bien breton de Langouët.

Petit village certes, mais grandes ambitions, puisque cette commune ambitionne de devenir autonome en fruits et légumes grâce à la permaculture, une philosophie qui vise, en agriculture, à produire durablement dans le respect des êtres vivants, sans produit chimique et en économisant l'énergie.

Le concept est simple : installer des potagers en permaculture dans toutes les habitations nouvelles du village et proposer aux habitant-es d'en créer un dans leur jardin actuel. “Nous sommes aujourd'hui un peu plus de trente personnes prêtes à nous lancer dans le projet”, nous explique Daniel Cueff, maire de Langouët. Un projet qui verra le jour grâce aux 25 000 euros récoltés grâce au financement participatif.

© Commune de Langouët

Langouët : une commune pionnière en matière d'écologie

Il ne s'agit pas d'autarcie totale, les habitant-es continueront à faire leurs courses pour les produits du quotidien. Sauf pour les fruits et légumes : “l'idée est de produire autant de fruits et légumes que nous en consommons”, indique-t-il. Et d'ajouter : “on est dans une société qui tourne de façon tordue. Pourquoi achète-t-on des pommes alors qu'on peut en avoir chez nous ?”, s'étonne le maire de la commune.

L'engouement du village pour la permaculture n'a rien d'étonnant tant Langouët est pionnier en matière d'écologie. “En 1999, nous avons décidé de supprimer le poste d'adjoint à l'environnement et au développement durable, pour intégrer cette dimension de manière globale dans tout ce que nous entreprenons”, nous explique Daniel Cueff.

Cette première initiative a été la première d'une longue série de projets dont l'objectif est de réduire au maximum l'impact du village sur l'environnement et la santé : cantine 100% bio, logements sociaux aux fortes performances énergétiques ou encore bâtiments publics alimentés en électricité par des panneaux photovoltaïques…

Dernier projet en cours, la construction d'une maison zéro carbone, zéro déchet, zéro énergie fossile, sur laquelle la mairie projette d'installer un toit en permaculture.

© Mikael Laurent

Faire des habitants des ambassadeurs de la permaculture

Maintenant que la commune a limité son impact environnemental, Langouët passe à la vitesse supérieure : “nous voulons mettre en place un projet qui apporte un bénéfice à l'environnement”, nous explique-t-il. Et pour cela, la permaculture était une “évidence”.

Mais on ne s'invente pas permaculteur d'autant que le but est de faire des habitant-es du village “des ambassadeurs de la permaculture”. La pédagogie occupe une place centrale dans le projet. “Nous voulons accompagner toutes celles et ceux qui souhaitent se lancer dans l'aventure de la permaculture, quel que soit son lieu d'habitation”, souligne M. Cueff.

Pour cela, cinq Langouëtien-nes vont bénéficier d'une formation concrète dans une ferme permacole dès septembre.

S'appuyer sur le savoir-faire des anciens et mobiliser le village

Reste à convaincre celles et ceux qui ne se sentent pas concerné-es par cette méthode qui s'appuie sur l'observation de la nature.

Les seniors par exemple qui pratiquent parfois la permaculture sans le savoir. “Les plus anciens ne connaissent pas le mot permaculture, alors on parle de culture au naturel”, nous raconte-t-il. Ils sont très nombreux à cultiver sans pesticide ou à connaître les vertus herbicides de certaines plantes. “Nous souhaitons faire émerger un savoir-faire qui émane de tous les villageois”, ajoute-t-il.

Seule crainte du maire du village : “La permaculture c'est du travail, cela risque d'être parfois plus compliqué que ce que les habitants imaginent.” Entre le projet rêvé et la réalité, l'écart peut-être important. Surtout quand son succès repose sur l'implication de toutes et tous.

Si les jardins en permaculture ne prennent pas auprès des habitant-es “historiques” de Langouët, peut-être auront-ils plus de succès avec les nouveaux. “On est submergé par les demandes de gens qui veulent venir habiter chez nous !”, s'exclame le maire.