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PSYCHO - Avec l'épidémie, les enfants ont dû s'adapter à un nouveau mode de vie. Retour à l'école, confinement, ils nous racontent leur expérience.

Pendant deux mois de confinement, les plus jeunes ont dû s'adapter à l'école à la maison et les parents ont été forcés de s'improviser professeurs. Surtout, chacun a dû apprendre à vivre avec les autres, 24h/24. Mais depuis le 11 mai, le retour progressif à l'école angoisse autant les familles qu'elle les soulage.

Certes, des mesures très strictes sont mises en place : nombre restreint d'élèves par classe, lavage de mains obligatoires plusieurs fois par jour, masque obligatoire… Mais que pensent les enfants de ce retour à l'école ? Comment ont-ils vécu le confinement ? A l'approche d'une rentrée pas comme les autres, ils racontent leur expérience.

Gabin et Inès, confinés dans un appartement à Paris

Âgés de 7 ans et 10 ans, les deux enfants sont confinés avec leurs parents, tous les deux en télétravail depuis le début du confinement. “Le reste de l'année, nous sommes très pris par le travail, déclare Aurélie, la maman. On rentre souvent tard et on ne se voit que le soir, alors c'est vrai que les enfants sont très contents car on se retrouve tous ensemble, ce qui n'arrive en général que pendant les vacances.”

Pour Inès, le confinement est très agréable : “Je vis très bien le fait qu'on soit tous ensemble. J'aime bien le confinement parce que j'aime bien rester à la maison.” Pour son petit frère Gabin, très dynamique, le fait de rester à la maison tout le temps est un peu plus difficile à vivre : “Ce qui me manque le plus est de ne pas pouvoir aller dehors pour jouer au foot ou faire de la trottinette. Mes copains et mes cousins me manquent aussi, j'ai hâte de les retrouver”.

Concernant le retour à l'école, les deux enfants sont plus partagés. “J'ai un peu peur parce qu'on va être beaucoup d'un coup, mais je vais porter un masque et respecter les règles, même si ça ne va pas etre facile car j'aurai envie de jouer avec mes copains” avoue Gabin. Sa soeur, elle, est séduite par l'école à la maison : “Je préfère l'école à la maison parce qu'on travaille mieux et plus vite, on est moins dérangé par le bruit en classe. Après c'est vrai que je serais quand même contente de retrouver mes copines et ma maîtresse.”

Pour Paloma et Sacha, le confinement rime avec cabane

Respectivement en CE2 et 6ème, les deux enfants tentent au mieux de s'occuper, entre eux ou avec leurs parents : “On applaudit tous les soirs à 20h. On a aussi fait un arc en ciel avec inscrit “Merci” dessus pour remercier le personnel soignant” raconte Sacha. Au fil du confinement, les deux enfants se sont rapprochés : “Ça a changé des choses, maintenant je fais plus d'activités avec mon frère. Par exemple, on a construit une cabane dans notre chambre” explique Paloma.

Même si elle s'est bien adaptée et qu'elle a des contact avec ses amies sur les réseaux sociaux, Paloma, la plus âgée, commence à trouver le temps long : ”Au début ça allait, mais là on a de moins en moins d'activités à faire. Ça me manque de ne plus voir personne mais je sais que c'est pour me protéger.”

Son frère Sacha a eu la chance de pouvoir appeler des amis très régulièrement par téléphone. Il redoute pourtant de les retrouver en vrai, à cause de l'épidémie : “Je n'ai pas vraiment hâte de retourner à l'école, parce qu'il faudra être à 1 m de distance les uns des autres et surtout parce que voir tout le monde porter un masque va me rappeler l'existence du virus”.

Bien qu'elle soit consciente des risques et des circonstances particulières, leur mère Sabrina pense que c'est important pour les enfants de retourner à l'école : “J'ai espoir qu'ils reprennent vite leurs habitudes sociales et qu'ils ne soient pas stressés. C'est important pour les enfants de continuer à avoir des liens avec les autres”

Studieuse à la maison, Pauline appréhende le retour à l'école

Confinée dans le Nord de la France, Pauline est avec sa famille depuis le début du confinement, qui n'a pas totalement chamboulé leur quotidien : “On est habitués à être ensemble souvent donc ça n'a pas été difficile à gérer. Après, là c'est vraiment tout le temps donc ça peut être un peu plus compliqué parfois”. 

Elève en CM2, Pauline est restée studieuse durant le confinement, mais elle est mitigée pour son retour à l'école : “ça m'embête de ne pas pouvoir aller vers tout le monde comme je veux... je n'ai pas vraiment peur d'attraper le virus mais plutôt de ne pas pouvoir être proches de mes amis.” Consciente des risques, elle compte respecter les consignes à la lettre.“Ce qui m'inquiète, ce sont surtout les autres enfants, j'ai peur qu'ils ne respectent pas les distances et les gestes barrières.”

“Sur le plan général, analyse sa mère Laëtitia, je trouve que les enfants se sont bien adaptés. Les filles sont beaucoup plus proches qu'avant, elles prennent plus le temps de discuter et de jouer ensemble.” Une adaptation qui s'est rapidement faite grâce aux discussions instaurées au sein de la famille : “Dès le début du confinement, ils ont posé beaucoup de questions, du coup nous avons pris le temps d'en discuter avec eux pour les rassurer au maximum.”

Sacha regrette de ne plus pouvoir "checker" avec ses amis

En classes de 4ème et de CM2, le frère et et la soeur n'ont pas vraiment eu le temps de s'ennuyer, grâce à des passions chronophages. “Quand j'écris des textes musicaux, confie Sacha, je raconte un peu ce qui m'est arrivé dans ma journée, en fonction des gens que j'ai croisés... Là, comme mes journées se ressemblent, je manque juste parfois d'inspiration”. Pour sa soeur, le dessin a été une vraie révélation : “Je fais beaucoup de dessins alors qu'avant pas du tout, je ne savais pas quoi dessiner. Pendant le confinement, c'était beaucoup plus facile.”

Et le retour à l'école ? Ils ont conscience que ce ne sera pas comme une simple rentrée des classes :  “Ce n'est pas pour moi que j'ai peur mais c'est plutôt pour mes parents, qui ont plus de chance de tomber malades, confie Sacha. En plus, quand je vais retrouver mes amis, ça va être bizarre de ne plus pouvoir se checker comme on a l'habitude de faire. On se serre la main d'une manière particulière ou alors on se fait des semi-câlins, c'est dans nos habitudes.”

Louan est assez enthousiaste à l'idée de retourner à l'école, cette dernière étant très sociable et proche de ses ami-es : “Je suis dans les premières à reprendre l'école mais je n'appréhende pas trop. Je suis contente de retrouver mes amies et le contact humain, même si on ne peut pas vraiment dire le mot « contact », mais déjà revoir du monde fera du bien.”

Ce qui est sûr, c'est que cette période de confinement n'aura laissé personne indifférent. Dès le 11 mai, le déconfinement progressif risque à nouveau d'avoir un impact sur le quotidien. En effet, les retombées psychologiques peuvent être importantes autant pour les adultes que pour les enfants. Il faudra donc être vigilants car l'absence de contact pendant une longue période peut avoir des conséquences sur la santé psychologique des enfants, en besoin constant de liens sociaux.