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RETOUR D'EXPÉRIENCE - Les équipements basse technologie, plus écolos, sont-ils aussi performants que les outils high-tech qu'ils remplacent ? Ont-ils leur place chez tout le monde ? Verdict !

Pour résumer son année passée dans une maison autonome en eau et en énergie, à Concarneau, en Bretagne, Clément Chabot parle d'un “voyage immobile”, un peu comme dans un bateau. “Mais un bateau de luxe et sans le mal de mer !”, précise-t-il.

Ce qu'il y avait de dépaysant dans cette maison ? Il a fallu apprendre à s'adapter aux éléments : prendre sa douche quand les réserves d'eau étaient pleines, économiser l'électricité quand le soleil restait derrière les nuages.

Avec son collègue Pierre-Alain Lévêque, du Low-Tech Lab, ils ont construit cette mini-maison pour tester des technologies simples, durables et écologiques. 

Des “low-techs”, ou basses technologies en français, en opposition aux équipements high-tech que l'on utilise tous et toutes au quotidien sans vraiment penser à leur impact désastreux sur nos ressources naturelles. Voici un aperçu de leur maison, au début de leur séjour :

Pour nous encourager à adopter à notre tour ces innovations frugales, les deux ingénieurs viennent de publier un bilan de leur expérience, dans Low-Tech, repenser nos technologies pour un monde durable - conseils et témoignages (avril 2021, Rustica éditions). Pour 18h39, Clément Chabot revient sur 5 des low-techs passées en revue dans leur livre.

La douche à recyclage : finalement pas si utile

Le principe : "Récupérer les eaux usées de la douche, les filtrer et les renvoyer sur notre tête", résume Clément. Un circuit en boucle et une promesse alléchante, pouvoir se doucher longtemps sans culpabiliser, puisque l'on n'utilise plus que très peu d'eau.

En pratique : Il a fallu de nombreux ajustements avant que la douche à recyclage fonctionne vraiment. La fabrication reste complexe et demande un investissement important (+ 150 euros par rapport à une douche classique). Surtout, Clément et Pierre-Alain n'en ont pas tellement profité : au début, ils n'avaient pas assez d'eau chaude, à cause de problème sur le chauffe-eau, et par la suite, une fois lavés, ils sortaient rapidement. À croire qu'un environnement de vie simple rend moins attirantes les longues douches chaudes !

Verdict : "Ce n'est pas tellement pertinent, sauf si l'on utilise énormément d'eau ou que l'on se trouve dans un milieu ou l'eau est très rare", estime Clément. À réserver à la station spatiale internationale ou aux centres de thalassos thérapies (où l'eau est effectivement déjà recyclée) !

Envie de tester aussi ?

Retrouvez le tutoriel du Low-Tech Lab pour construire la douche à recyclage.

Les toilettes sèches : LA vraie bonne idée low-tech !

Le principe : Au lieu de faire ses besoins dans de l'eau potable, on les fait dans un seau et on recouvre de sciure. Ensuite, tout va au compost !

En pratique : "Dans l'usage, nous les trouvons plus confortables et hygiéniques que des water closets classiques : pas d'éclaboussures, aucun bruit et une bonne odeur de sciure même en cas de coup dur (pensons à la gastro…)! Ces toilettes sont donc particulièrement adaptées en habitat collectif, tant qu'un composteur est accessible à proximité", écrivent Clément et Pierre-Alain.

© Low-Tech Lab

Verdict : Clément regrette un tabou français autour des toilettes sèches, qui empêchent leur généralisation. Alors qu'elles peuvent très bien trouver leur place partout, même en appartement !

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Voici le tutoriel du Low-Tech Lab pour des toilettes sèches ultra-simples ET design.

La phytoépuration : pour maîtriser notre impact de bout en bout

Le principe : Les eaux grises (douche, évier) sont déversées dans un bassin filtrant, rempli de gravier, gravillons, sable et de plantes. Une fois l'eau assainie, elle peut retourner dans la nature, la boucle est bouclée.

En pratique : L'investissement (plusieurs milliers d'euros dans une maison classique, où il faudra entre 2 et 4 m² de filtre planté par habitant) est plus élevé que pour les autres systèmes d'assainissement. Mais cela crée un jardin esthétique ! Et cela fonctionne très bien.

phytoépuration low tech
Le bac de phytoépuration. © Low-Tech Lab

Verdict : "Quand on décentralise l'assainissement de nos eaux usées, on ne voit plus comment c'est géré, on ne mesure plus notre impact sur l'environnement. La phytoépuration influence forcément nos comportements, ce n'est plus possible de rincer nos pinceaux de peinture dans l'évier !", apprécie Clément. Ce système est donc parfait pour nous rendre compte de notre place dans le cycle de l'eau et limiter notre impact.

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Suivez le tutoriel du Low-Tech Lab pour installer un système de phytoépuration adapté à une maison classique.

Le capteur à air chaud : un chauffage efficace et très simple

Le principe : L'air passe derrière un mur d'ardoises noires avant de rentrer dans la maison. Cet air est ainsi réchauffé par les ardoises, elles-mêmes chauffées par le soleil. Selon l'inventeur de ce système, Guy Isabel, avec 2 m² de capteur à air chaud pour 15 m² de surface habitable, il est possible de se passer de chauffage les jours ensoleillés.

En pratique : Clément et Pierre-Alain estiment que ce capteur a permis 25 % d'économie sur leur chauffage. L'air qui entre à 6° C ressort en effet à 70 °C ! Amélioration possible : utiliser un petit ventilateur à la sortie, pour mieux diffuser l'air chaud.

Le capteur à air chaud est au centre, avec les ardoises. © Low-Tech Lab

Verdict : Une des low-techs préférées du duo, avec les toilettes sèches ! "Le chauffage est de très loin le premier poste de consommation d'énergie dans la maison, et c'est tellement facile de faire de la chaleur avec le soleil", explique Clément. "C'est très intéressant sur des petites rénovations, avec des petits budgets, notamment dans le cadre de la précarité énergétique".

Envie de tester aussi ?

Retrouvez le tutoriel de Guy Isabel pour créer un capteur à air chaud.

La marmite norvégienne : un premier pas facile vers les low-techs

Le principe : Elle permet de terminer la cuisson de n'importe quel plat mijoté ou cuit dans un liquide, sans consommer d'énergie. Une fois le plat porté à ébullition, on peut éteindre le feu et placer la casserole dans un contenant isolé, qui va fonctionner comme un thermos.

En pratique : "Même si la cuisine ne représente pas une dépense d'énergie énorme, quand on vit hors réseaux, on utilise souvent le gaz, une énergie fossile. C'est quand même pas mal de pouvoir réduire sa consommation", constate Clément. Autre avantage : plus aucun risque d'oublier son plat sur le feu et de le faire brûler. En revanche, ça ne fonctionne pas avec une poêle.

Verdict : La marmite norvégienne est tellement simple à fabriquer, et tellement peu coûteuse, que c'est une très bonne façon de s'initier aux low-techs !

Envie de tester aussi ?

Avant de vous lancer dans vos propres expérimentations, gardez en tête que toute démarche de simplicité volontaire commence par bien évaluer et réduire autant que possible ses besoins en eau et en énergie. C'est la condition pour réussir à satisfaire tous vos besoins avec des systèmes vraiment respectueux de l'environnement !