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MAISON EN CONTENEURS - Capucine et Florent, fans de bricolage, ont réussi leur pari d'habiter au bout de 9 mois dans leur maison en containers autoconstruite.

Si la maison en containers se démocratise de plus en plus, l'ampleur des travaux peut en rebuter plus d'un. Temps, énergie, argent, les dépenses risquent d'être nombreuses. Mais en seulement 9 mois, Florent 30 ans, gestionnaire de copropriété en immobilier, et Capucine 29 ans, infirmière, ont réussi l'exploit de créer une belle maison de 145 m², composée de containers maritimes.

L'idée leur est venue après avoir vu le témoignage de Killian sur 18h39, qui a bâti avec Camille une maison de luxe à base de containers. Très inspirés par ce projet original et à la recherche d'un nouveau logement, le couple s'est lancé dans l'aventure ! Lui passionné de bricolage, et elle de décoration, Capucine et Florent se sont retroussé les manches pour mener à bien leur projet, malgré leur inexpérience dans la construction. Situé à Franois, à 5 km de Besançon, en Franche-Comté, le lieu est occupé depuis un mois par le couple.

Un chantier express de neuf mois à peine !

Le couple a fait appel à la société InBox, qui s'est chargée de livrer 6 containers maritimes, 5 grands de 30 mètres carrés, et un plus petit pour la construction d'un studio attenant : “Ils étaient cabossés, très bombés puisqu'on faisait de la manutention avec les containers, mais la société vérifie l'étanchéité des containers avant de les vendre.”, explique Florent, 30 ans. 

Lorsqu'on lui demande pourquoi son choix s'est tourné vers le container, Florent n'hésite pas : “Premièrement, je n'aime pas la maçonnerie, deuxièmement, en une journée vous avez une maison sortie de terre, et enfin le prix : on les a achetés à 1 800 euros HT l'unité, c'était vraiment pas cher”. Les containers ont par ailleurs un atout insoupçonné dans la construction : ils ne nécessitent pas l'utilisation d'eau, ce qui était idéal pour un terrain de 800 m² non-viabilisé, c'est-à-dire sans accès à l'eau.

L'aspect écologique était également important pour le couple : “Les containers d'occasion sont destinés à la poubelle”, explique Florent, “créer une maison participe donc à leur recyclage et leur donne une seconde vie.” Enfin, l'avantage de  l'auto-construction : ne pas payer de main d'œuvre, ce qui a permis un gain de 30 % par rapport à une maison traditionnelle. “Grâce à ces économies, on a pu choisir des matériaux plus sympas, on s'est fait plaisir sur une belle cuisine, et on a fait plus de folie !”, s'enthousiasme Florent. 

© Florent Baulard
© Florent Baulard

L'isolation du container : mousse de polyuréthane et laine de bois

En juin 2020, le couple se lance dans le terrassement de la surface pour accueillir les plots de fondations de la maison. Un mois plus tard, les fameux containers sont livrés et “l'après-midi même, on commençait à faire les ouvertures, les cloisons, et 3 tonnes de ferrailles ont été enlevées", énumère Florent. Les prochaines étapes : pose de la menuiserie pour que l'habitat soit hors d'air, et enfin l'isolation. 

Il ne faut pas lésiner sur l'isolation” explique le trentenaire, une étape cruciale pour bien vivre dans sa maison container, puisque le métal laisse filtrer le chaud et le froid. Ils ont ainsi choisi des panneaux de mousse de polyuréthane pour l'extérieur. Pour l'intérieur, le couple a opté pour un matériau écologique et efficace, la laine de bois. La laine de verre, elle, permet de créer des cloisons et d'isoler les différentes pièces, comme les chambres. 

Mais comment ont -ils réussi à réaliser tous ces travaux en seulement 9 mois ? Capucine travaille de nuit, Florent lui, a fait une demande pour consacrer un jour de plus à ce projet, le lundi en plus des week-end. Ils passent ainsi tout leur temps libre dans ce chantier : “On a eu qu'un seul jour off en 9 mois, ça nous passionne, on avait envie d'y être rapidement. C'était pas une corvée d'aller bricoler dans cette baraque” plaisante Florent. 

Les conseils de Florent pour réussir son auto-construction en containers 

Si la maison a été bâtie rapidement, elle a également été construite sans gros accrocs. Novice, le couple faisait pourtant face à un sacré défi, celui de la charpente : “C'était un gros boulot, ça demandait plus d'implication, c'était la seule découverte pour nous”. Pour pallier cet obstacle, ils se sont renseignés en amont, ont cherché à se faire aiguiller afin d'opter pour les meilleurs matériaux et trouver la manière la plus efficace de procéder.

Florent fait également l'éloge des réseaux sociaux, source d'une grande entraide entre novices. Par exemple, c'est en regardant d'autres constructions qu'ils ont pu poser eux-mêmes sans trop de difficulté les fenêtres et les menuiseries. Le couple partage d'ailleurs au jour le jour l'avancée des travaux, ainsi que des précieux conseils, sur leur compte instagram. 

Si vous souhaitez vous aussi vous lancer dans l'auto-construction, Florent donne quelques astuces : 

  • “N'écoutez pas les autres”: Si les plus jeunes étaient excités par leur projet, les anciens étaient plus dubitatifs, “ça ne va pas être bien isolé”, “ ça ne va pas tenir dans la durée”, énumère Florent. Mais leur détermination leur a vite fait changer de discours.
  • “Démarchez plusieurs fournisseurs pour les matériaux” : Florent est fier d'avoir fait jouer la concurrence, ce qui lui a permis de faire des économies.
  • “Ne pas se précipiter”, il invite à bien étudier toutes les possibilités que ce soit pour les matériaux ou pour les fournisseurs. 
  • "Persévérez". Le couple n'a pas baissé les bras, après avoir eu un premier refus pour le permis de construire : “la ville où on voulait construire n'acceptait pas les maisons à toit plat, et c'était un refus catégorique pour une maison en containers”. Bon négociateur grâce à son métier, Florent réussit à convaincre les élus locaux de la mairie de Franois qui ont finalement été conquis par le projet.  
© Florent Baulard

“On met en valeur les petites imperfections, ça serait dommage de cacher l'histoire du conteneur”

Le couple a également bien respecté son budget de départ. Après avoir acheté le terrain, ils ont emprunté 160 000 € à la banque pour réaliser au final 160 m²  de surface d'habitation. Ils ont également fait appel à un terrassier pour assurer la garantie décennale, et un étancheur qui a ajouté un revêtement à la charpente du toit. La maison de 145 m², est ainsi composée de trois chambres, un bureau, un séjour de 45 m²,  et un studio destiné à la location. Ils prévoient de construire une petite piscine et une terrasse de 80 m² devant la maison. 

Pour l'esthétique de l'intérieur, le couple a fait le choix de peindre mais de laisser un maximum à l'état brut les containers  : “on cherche à mettre en valeur les petites imperfections qui sont ainsi visibles, et les taules. Il y en qui font des maisons containers et qui cachent tout. De notre point de vue, on a fait une maison atypique et ça serait dommage de cacher toute l'histoire du conteneur”, explique Florent.

Aujourd'hui, si le chantier en est au bardage extérieur, Capucine s'occupe de la décoration intérieure où les matériaux naturels, comme l'osier, prennent le dessus. Leur prochain projet en tête ? “En trouvant un autre terrain, on aimerait créer un Central Park à échelle réduite, où il y aurait des mini-maison de 30, 40 m² faites de containers.” Mais pour le moment, le couple s'attèle à terminer complètement leur maison atypique d'ici début 2022. 

© Florent Baulard