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ÉGALITÉ - Entre conseils de famille et outils numériques, Chloé Blin-Maginot nous détaille les solutions mises en œuvre avec son fils et son mari pour un partage des tâches plus égalitaire.

Dans quelques jours, ce sera le moment du conseil de famille chez Chloé Blin-Maginot, 30 ans. Ce rituel annuel est l'occasion de discuter avec son mari et son fils de 5 ans ½ et définir ensemble les règles que chacun-e s'engage à suivre dans la maison.

Alors que les femmes continuent à effectuer deux tiers des tâches ménagères, selon une étude de l'Insee publiée en 2015, Chloé, accompagnatrice parentale, nous raconte comment sa famille pratique la co-gestion.

Elle et son mari travaillent tous les deux à la maison (ils proposent des ateliers bien-être et slow life pour les parents et les enfants avec leur site Une vie slow), mais les solutions qu'ils ont trouvé ensemble peuvent être testées même si vous travaillez à l'extérieur.

© Chloé Blin-Maginot

Définir la feuille de route de la famille

Ma mère a élevé seule ses enfants, j'ai vu à quel point elle était débordée, j'ai vu la solitude face à la gestion du quotidien”, témoigne Chloé.

C'est pourquoi elle a toujours tenu à respecter un principe, d'abord avec le père de son fils, puis avec son nouveau mari : chez elle, “on n'aide pas l'autre, on participe à un collectif.

Une formule qui rappelle la revendication de cet homme, devenue virale sur les réseaux sociaux : Je n'aide pas ma femme, je partage les tâches ménagères.

Cela commence donc par ce fameux conseil de famille annuel, qui dure de 30 minutes à deux heures, et que chacun-e peut convoquer de manière extraordinaire s'il ou elle en ressent le besoin.

On parle de tout ce qui a fonctionné ou pas, et on se rappelle ce que l'on veut dans la maison”, explique Chloé. “Une fois que l'on a ces valeurs fortes, on définit les règles de vivre ensemble.

Par exemple, la famille a décidé de vivre dans la sérénité, ce qui se traduit concrètement par le fait d'avoir une maison bien rangée. Pour y parvenir, la règle édictée est la suivante : chacun-e est responsable de ses affaires.

Cela passe par de petits gestes : la personne qui range l'étendoir à linge laisse les vêtements des autres sur le canapé, ces derniers viendront les chercher pour les ranger dans leur propre armoire.

En revanche, celui ou celle qui fait la vaisselle lave toutes les assiettes. Simplement, c'est une autre personne qui se charge de débarrasser.

Les règles décidées lors de ce conseil de famille (“Tout le monde participe à la vie de la maison” ou encore “Je respecte le temps de repos de chacun”) sont ensuite affichées sur le frigo.

Apprendre à communiquer ses besoins

Chloé insiste sur le fait que chacun-e doit formuler ses besoins auprès des autres, et demander de l'aide si cela s'avère nécessaire.

Est-ce une bonne idée de conseiller de demander de l'aide ? C'était tout l'objet de la bande dessinée Fallait demander, de la dessinatrice Emma. Dans cette planche de BD, une mère submergé par les tâches ménagères se voit rétorquer “mais fallait demander, je t'aurais aidé !” par son compagnon. Autrement dit, c'est à elle de distribuer les tâches et de supporter toute la charge mentale du couple.

Mais, ici, dans la mesure où les tâches de chacun-e ont été clairement définies lors du conseil de famille, et que ce conseil s'adresse aux deux membres du couple, et pas seulement aux femmes, le piège est évité.

Et quand une personne ne fait pas sa part ?

Comment cela se passe-t-il concrètement pour Chloé, alors que son mari est “plutôt bordélique” et elle “assez maniaque” ?  “J'ai appris à ne pas être aussi exigeante”, explique-t-elle.

Mais il y a des fois où cela coince et où l'engagement défini dans le conseil de famille n'est pas rempli. Chloé cite l'exemple des vêtements que son mari laisse volontiers traîner par terre le soir, et pour lequel ils n'ont pas encore trouvé de terrain d'entente idéal.

Lorsque le problème survient, avant de faire une réflexion à son mari, elle s'efforce de faire le point avec elle-même et se pose plusieurs questions : “Est-ce que c'est si grave, est-ce que vraiment ça remet en question mon bien-être ? Il y a des soirs ou non, ce n'est pas le cas. Je me demande aussi ce que mon mari a vécu dans sa journée, s'il est capable de recevoir ce que j'ai à lui dire à ce moment-là.”

Si, vraiment, ça la dérange, mais qu'elle sent que ce n'est pas le moment de soulever le problème, elle choisit de mettre elle-même les vêtements au sale et de revenir dessus plus tard, “dans un moment positif”.

Pour que cela fonctionne, cela demande bien sûr d'accorder du temps à la communication, mais c'est une vision du couple et de la famille que Chloé et son mari partagent.

Responsabiliser son fils

Chloé tient à transmettre ses valeurs (communication et responsabilité) à son fils. Celui-ci est responsable du rangement de sa chambre et de ses affaires. Il participe aussi aux tâches ménagères.

Il adore l'origami et donc plier ses affaires, sourit Chloé. Et il a une passion pour le nettoyage des vitres depuis tout petit !

Une “passion” encouragée par la pédagogie Montessori, avec laquelle les enfants imitent les adultes pour gagner en autonomie. Plutôt que de jouer à la dinette, le fils de Chloé participe à la préparation du repas !

Avec son mari, ils insistent pour que sa chambre soit rangée avant qu'il aille se coucher. Un principe qu'ils appliquent aussi dans la maison… sans être trop rigides. “On s'autorise le parfaitement imparfait. Il faut avoir une ligne de conduite et pouvoir y déroger”, considère Chloé.

Utiliser des outils numériques

Le mari de Chloé a également mis en place la gestion collaborative au sein de la famille grâce aux outils numériques. Ils utilisent beaucoup le partage d'agenda en ligne ou encore l'application Trello.

Celle-ci permet de faire des to-do listes  et de les partager avec plusieurs personnes. Chacun-e y a accès sur son téléphone et peut ajouter des éléments. Pratique pour une liste de courses par exemple !

Cela leur sert aussi à organiser l'entretien du jardin, du potager et de la piscine, qu'ils partagent avec une autre famille. “Ça permet de se dire qu'on a communiqué l'info et que les gens vont pouvoir s'en emparer”, estime Chloé.

Au final, est-ce que Chloé arrive à ne pas en faire plus que les autres ? “Je m'interdis de me sentir trop responsable. Si je sens que je prends trop de place, je me freine”, explique-t-elle.

Cela reste un équilibre à renouveler sans cesse !

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