| |

AMÉNAGEMENT - Fin des espaces décloisonnés, autosuffisance, air plus sain... Voici ce qui pourrait évoluer dans nos intérieurs.

Pendant deux mois, nous avons vécu à la maison comme nous ne l'avions jamais fait. Nos habitations ont joué un rôle majeur dans la récente crise mondiale. On y a dormi, on y a travaillé, on y a fait du sport, on y a pleuré, on y a partagé.

Et sûrement vous êtes-vous dit qu'il y avait des choses à changer dans votre maison. Nous avions par exemple interviewé quatre anciens confinés qui voyaient leur vie à la maison autrement après le confinement. Mais plus globalement, c'est toute l'architecture qui pourrait être transformée par ce que l'on vient de traverser. Les architectes commencent à y réfléchir et deux articles nous ont particulièrement inspiré, celui de The Conversation, rédigé par l'architecte Tara Hipwood et celui de Michelle Ogundehin, architecte d'intérieur, publié sur Deezen. Voici comment ces deux professionnelles se projettent dans l'avenir.

La fin de la vie décloisonnée

Pour de nombreuses familles, vivre tous ensemble sous le même toit a souligné la difficulté de trouver un espace personnel. En effet, la tendance est plutôt au tout ouvert et aux espaces multifonctions : la cuisine donne sur la salle à manger, le coin bureau se trouve dans le salon... Une aubaine pour certain-es, quand il s'agit de surveiller les enfants pendant que l'on télétravaille, une épreuve pour celles et ceux qui ont rusé pour trouver la tranquillité nécessaire aux appels en visio-conférences.

Dans un futur proche, si le travail à domicile se démocratise, la distribution des espaces se verra peut-être modifiée. On créera alors des pièces dédiées au travail, quand d'autres seront pleinement consacrées à la vie de famille et aux loisirs explique l'architecte et chercheuse en logement et développement durable Tara Hipwood.

Les conditions d'habitation seront aussi à revoir. Par exemple, quand on travaille chez soi toute la journée, on utilise plus d'électricité, plus de chauffage ou de climatisation, plus d'eau. Et la facture énergétique peut vite grimper. Dans ce cas, il sera plus judicieux d'investir dans de nouvelles fenêtres, ou de revoir l'isolation pour dépenser moins d'énergie. Une action qui sera aussi bénéfique pour l'environnement, puisque moins de CO2 sera rejeté dans l'atmosphère.

Une maison plus saine et protectrice

L'air intérieur peut être jusqu'à 10 fois plus contaminé que l'air extérieur en raison de l'accumulation de polluants. Parmi les substances nocives que l'on peut retrouver dans nos maisons, on retrouve notamment la fumée de tabac et de bougies, les Composés Organiques Volatils (COV) contenus dans les matériaux ou encore les acariens. L'architecte d'intérieur Michelle Ogundehin explique : dans l'idée de passer plus de temps chez nous, il est plus que nécessaire d'adopter de bons réflexes : aérer son logement régulièrement, utiliser un système de ventilation performant...

Mais la maison peut aussi devenir une arme de protection contre la Covid-19. Au Japon par exemple, les maisons disposent d'un petit sas intérieur dans lequel on dépose ses chaussures et ses vêtements. Ainsi, les bactéries de la ville sont placées en quarantaine et n'entrent pas dans le logement à proprement parler. On peut aussi imaginer l'utilisation de matériaux antibactériens, comme le liège et le cuivre, l'installation de distributeur de gel hydro-alcolique ou d'un lavabo pour un nettoyage des mains obligatoire, et pourquoi pas le remplacement des poignées par des modèles auto-désinfectants dans les parties communes d'immeubles ?

Une maison pour être autosuffisant

Au début du confinement, beaucoup se sont précipités dans les supermarchés pour faire des provisions, dans la peur de manquer de nourriture. Il a fallu aussi trouver des moyens de stocker toutes ses denrées, parfois dans des placards, parfois sur un rebord de fenêtre, parfois dans le garage... Ce comportement a mis en exergue deux problèmes : le premier étant que l'on manque d'autonomie, le second de rangements fonctionnels.

Alors certain-es ont commencé un petit potager, dans le jardin ou sur le balcon, pour le challenge de faire pousser ses propres fruits et légumes, mais aussi d'avoir moins à se déplacer dans les lieux de consommation.

Dans la cuisine, on pourra aussi prendre de nouvelles habitudes. Carole Tolila, journaliste pour l'émission Silence ça Pousse, le disait déjà en 2018, et c'est désormais plus vrai que jamais : le potager d'intérieur sera d'ailleurs bientôt le prochain accessoire à la mode.

Beaucoup ont mis la main à la pâte pendant le confinement et sont bien partis pour faire perdurer le fait-maison. On réaménage alors la pièce, pour avoir un plus grand plan de travail afin de préparer les repas plus facilement, on trouve de la place pour les nouveaux ustensiles et on réorganise les rangements pour stocker les denrées de premières nécessités.