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TOUS SUR MARS - Avec l'épuisement des ressources terriennes, le scénario de la future colonisation de la planète Mars devient chaque jour plus crédible. Ok, mais pas question de voyager en low cost, on veut le confort comme à la maison.

"Je suis confiant, un jour le voyage sur Mars coûtera moins de 500 000 dollars, peut-être même moins de 100 000", annonce Elon Musk sur son compte Twitter le 10 février 2019. Il ajoute que "c'est un prix suffisamment bas pour que la plupart des gens dans les pays riches puissent vendre leur maison sur Terre et déménager là-bas".

Seul souci, le voyage jusqu'à notre nouvelle maison risque d'être long, alors comment faire pour aménager un petit cocon douillet dans l'espace ? Comment vit-on quand on habite dans une navette ou une station spatiale comme Thomas Pesquet, le célèbre spationaute français ? Des questions d'autant plus primordiales que la recherche spatiale se trouve souvent à la pointe en matière d'autosuffisance, de recyclage et de minimalisme, comme nous allons le voir.

Un peu comme dans un appartement parisien

Dans un vaisseau ou une station spatiale, il faut optimiser son espace en compactant et en réduisant au maximum chaque objet, chaque meuble, chaque pièce... Un peu comme dans un studio parisien, finalement. Heureusement, vous avez un ami de taille qui vous facilitera la tâche : l'impesanteur. En effet, l'absence de gravité permet d'utiliser chaque centimètre carré de surface sur les murs, mais aussi au plafond.

Attention, l'impesanteur oblige en revanche à lester et attacher tous les objets pour qu'ils ne flottent pas à travers la navette. Du coup, les meilleurs amis du spationaute, ce sont le ruban adhésif et le scratch - le paradis du bricoleur du dimanche, quoi. Pas super esthétique, mais très efficace.

Enfin, vous aurez à entreposer d'importantes quantités d'eau, de nourriture, de vêtements, d'électricité et d'outils à l'intérieur de la navette. Résultat, les rangements sont un impératif : sous les tables, dans la paroi du vaisseau, sous un lit, sur le mur, ils seront partout. Notre conseil malin : utilisez la méthode Marie Kondo pour faire de la place.

Le zéro déchet, une invention des astronautes ?

S'ils ne sont pas les inventeurs du zéro déchet, les scientifiques de la NASA et du CNES, entre autres, planchent sévèrement sur ce sujet. En effet, dans l'espace, le recyclage des ressources est une obligation vitale. L'eau, l'oxygène, et l'électricité doivent être économisés et recyclés au mieux. Pour cela, des systèmes complexes d'aspiration, de récupération, et de conversion des ressources doivent être mis au point comme l'électrolyse. L'humidité de l'air et des murs, ainsi que l'urine sont transformés en oxygène et en eau, par exemple.

À bord de l'ISS (International Space Station), l'astronaute français Thomas Pesquet explique également comment la moindre ressource en eau est réutilisée : "Le café d'aujourd'hui se transforme petit à petit en café de demain", lance-t-il dans une vidéo pédagogique. Enfin, les immenses panneaux solaires de la station internationale procurent une énergie abondante au vaisseau, qui en a besoin notamment pour réguler la température à l'intérieur.

Vivre dans l'espace, une histoire à dormir debout

Il faut bien se souvenir que dans l'espace, il n'y a ni haut, ni bas. Pas besoin de s'embêter à demander conseil à un maître du Feng Shui pour savoir où positionner son lit : vous dormirez à la verticale, dans une petite cabine, emmitouflé dans un sac de couchage attaché à la paroi du module. Notre conseil déco pour survivre : installez un petit ventilo devant votre visage, car Thomas Pesquet met en garde contre le risque de s'étouffer avec le CO2 que l'on expire en dormant !

Bonne nouvelle, dormir en apesanteur est "super confortable" selon l'astronaute français. Les plus rêveurs pourront donc détacher leurs amarres et se laisser voguer dans la navette pendant qu'ils dorment, à l'image d'un Little Nemo de l'espace. C'est plus rare aujourd'hui, mais il était courant auparavant de voir des astronautes flotter pendant leur sommeil, comme le montrent ces images incroyables à bord de la navette Discovery au début des années 1980.

L'aménagement des pièces

Coté cuisine, une petite table bardée de kraft (pour maintenir la nourriture lyophilisée) et un frigidaire suffiront. Impossible de cuisiner dans l'espace, car l'eau se présente sous forme de bulles, alors on se contentera de réchauffer au four micro-ondes les plats préparés pour nous sur la Terre (tiens, tiens, ça nous rappelle quelque chose). Pour autant, on ne rechigne pas sur la qualité : Thomas Pesquet mangeait des plats mijotés par Alain Ducasse et Thierry Marx, s'il vous plaît. Juste un détail : évitez les trucs qui font des miettes.

Le salon servira de salle de sport : en l'absence totale de gravité, les muscles et le cœur s'atrophient. C'est pourquoi deux heures d'exercices physiques quotidiens sont le minimum pour se maintenir en bonne condition. Mais faites-vous aussi plaisir, aménagez un petit cocon pour kiffer, vous êtes dans l'espace après tout ! Dans l'ISS, ça s'appelle La Cupola, une coupole d'observation panoramique où l'on vient admirer la Terre et les étoiles.

Enfin, vous voyez cette étagère dans votre entrée où vous stockez vos clés, votre courrier urgent de l'an dernier, des piles, un paquet de biscuits vide et des bibelots ? Les astronautes ont repris le concept : c'est le PMM (Permanent Multipurpose Module), un débarras / garde-manger, où sont stockés des vêtements en trop, de la nourriture et des déchets.

© Thomas, range ta chambre, c'est le bordel ! (Capture de vidéo YouTube)

Range ta chambre spatiale, il y a des ordis qui traînent

On ne va pas se mentir, une navette spatiale, ça ressemble pas mal à une chambre de geeks : des ordis partout, mais aussi des câbles (par pitié, mettez tout en bluetooth), des souvenirs perso attachés aux murs (le saxo de Thomas Pesquet), du matos photo et vidéo... Si on ajoute à cela des plats préparés, des robots loufoques et des expériences scientifiques, on obtient la parfaite vie d'un ado fan de SF.

Notre conseil déco : ajoutez une touche de couleur tendance en 2019 et repeignez un mur en vert nature, ça vous rappellera la Terre. En revanche, n'ouvrez pas la fenêtre pour aérer...

Enfin, impossible de finir le tour du propriétaire sans parler des toilettes. Elles consistent en un petit trou pour la grosse commission, avec un mécanisme d'aspiration, mais "il faut bien viser et s'assurer que tout part dans le bon sens", conseille prudemment l'astronaute américaine Sunita Williams. Pour le pipi, l'appareil ressemble au tuyau d'un aspirateur, et une porte coulissante vous assure un peu d'intimité.

À la croisée entre la technicité d'un sous-marin et la compacticité d'un camping-car, le vaisseau spatial déploie des trésors d'invention qui pourraient bien nous servir ici, sur Terre. Optimiser la place, recycler ses déchets, réduire sa consommation d'énergie, cacher des câbles inesthétiques qui dépassent un peu partout, ce sont des thématiques primordiales actuelles qui touchent chacun d'entre nous. Et si Thomas Pesquet était la nouvelle Marie Kondo ?