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JARDINER ÉCOLO - Vous pouvez choisir des plantes méditerranéennes, mais pas seulement. Aurélien Davroux a recensé 450 plantes qui résistent à la chaleur.

En 2018, 2019 et 2020, la France a battu des records de sécheresses, 2020 atteignant un pic jamais vu depuis 1959. Les données scientifiques du projet de recherche ClimSec, piloté par Météo France, prévient d'ailleurs que les choses ne risques pas de s'arranger : Tout au long du XXIe siècle, les sécheresses du sol, celles qui intéressent les propriétaires de jardin, vont s'intensifier et toucher des régions autrefois relativement épargnées, comme le Nord et le Nord-Est.

Rassurez-vous, tout n'est pas perdu. A votre échelle, il existe des solutions pour anticiper les prochains étés, notamment en adaptant votre jardin à des climats plus méditerranéens et en pratiquant des méthodes de la permaculture. Dans un tel contexte, il est interdit par exemple de tondre sa pelouse ! Il est prouvé que la température au sol dépend de la densité de végétation : un sol nu fait monter le sol à 40°, une herbe coupée à 10 cm le maintient à 24,5° et l'herbe non coupée le garde à 19,5° !

Commencez par observer votre jardin

N'hésitez pas à faire des plans de votre jardin, pour observer quelles zones ont le plus souffert de la sécheresse, quelles sont les zones les plus exposées au soleil...

Certaines plantes ont besoin d'un sol très bien drainé, et s'épanouiront dans une pente ou une zone caillouteuse. D'autres se plaisent plus à l'ombre. Vous pourrez envisager de remplacer les plus mal en point par des plantes plus résistantes.

Optez pour des plantes dromadaires, mais pas seulement

Dans un précédent article, Brigitte Lapouge-Déjean, jardinière paysagiste, co-auteure de Jardins secs, s'adapter au manque d'eau (éditions Terre Vivante, 2012) présentait les "plantes dromadaires". Il s'agit de végétaux qui poussent naturellement dans la zone méditerranéenne, et se satisfont de pluies rares. Elles sont nombreuses et variées, des succulentes à la lavande, en passant par le sedum.

Mais tout le monde n'est pas obligé d'aménager un jardin méditerranéen, ni des rocailles ! Aurélien Davroux, ingénieur horticole et conseiller botanique détaille 450 variétés originaires de toutes les régions dans son livre Toutes les plantes supportant la sécheresse (éditions Ulmer, 2020).

Voici quelques exemples de plantes non-méditerranéennes adaptées à un jardin sec :

  • l'aster des Alpes : coussin végétal trapu, plaqué au sol (condense l'humidité, ce qui est bénéfique pour les plantes voisines) avec de grandes marguerites mauves, roses ou blanches,
  • aubriète : vivace formant des coussins élégants avec des fleurs allant du rose au bleu violacés (condense aussi l'humidité au sol),
  • iris des jardins : nombreuses variétés qui fleurissent en juin, arrosage inutile voire nocif,
  • lys de Guernesey : originaire d'Afrique du Sud, fleurs roses tendres entre septembre et novembre, feuillage après la floraison ou au printemps,
  • heuchère dorée : fleurettes minuscules, résiste à la sécheresse mais préfère l'ombre.
L'Aster des Alpes n'a pas besoin de beaucoup d'eau. © Getty Images / Olga Gont

"Si vous habitez dans une région où les hivers sont rigoureux, vous pouvez choisir des plantes d'allure exotiques ou méditerranéennes, mais qui résistent très bien au froid", complète Aurélien Davroux, citant par exemple l'agave neomexicana, qui résiste jusqu'à - 15°C.

Plantez des arbres, mais pas trop grands

"Vu la bétonisation galopante, je ne peux qu'inciter les jardiniers qui ont la chance d'avoir un terrain suffisamment grand de planter des arbres", considère Aurélien Davroux.

Il prévient cependant : choisissez plutôt des arbres qui ne pousseront pas trop hauts. Vous pourrez profiter de leur ombre sans qu'ils ne boivent toute l'eau du sol. L'arbre de Judée, par exemple, est résistant à la sécheresse et au froid jusqu'à -15°C.

Arrosez avec parcimonie et pratiquez le paillage

Que vous réaménagiez votre jardin ou non, il y a une chose sur laquelle vous ne pourrez faire l'impasse : le paillage. Il s'agit de disposer au pied de vos plantes un couvert qui limitera l'évaporation de l'eau. Il peut être minéral (ardoise, galets...), végétal (paille, paillis de lin...) ou issu de certains déchets (carton, déchets de taille...). N'hésitez pas à lire notre article sur comment pailler son jardin pour en savoir plus !

Aurélien Davroux conseille d'arroser le matin ou le soir et précise : "Il vaut mieux arroser en grande quantité de façon assez espacée, plutôt qu'un tout petit peu tous les jours. Cela permettra d'imbiber le sol et évitera que l'eau ne s'évapore tout de suite."

Enfin, le goutte à goutte est l'ami du jardin du XXIe siècle, tant il permet d'économiser l'eau. Le top en la matière ? Les fameux oyas, des pots en terre cuite que vous enfoncez directement dans la terre, ce qui permet aux racines de se développer et à l'évaporation de se réduire. Découvrez dans ce tuto comment les fabriquer vous-mêmes.

Arrêtez de tondre et optez pour une prairie fleurie !

Le paysagiste engagé Eric Lenoir en a fait l'une de ses causes les plus ardentes : stop à la tonte de la pelouse ! Pourquoi ? Parce qu'il faut arrêter de "bousiller des mètres carrés de ressources alimentaires, hydrologiques, et de niches écologiques pour la faune et la flore en plein écocide et en pleine crise climatique". A l'inverse, en laissant l'herbe pousser et en plantant des fleurs, vous ferez revenir toute une faune et une flore (notamment les "mauvaises herbes") qui seront autant de protections contre l'évaporation.

Si vraiment vous souhaitez conserver une part de gazon, il est inutile d'arroser quand il jaunit... Ne paniquez pas, il reverdira dès qu'il pleuvra. Rappelez-vous simplement que plus il sera courte, plus il brûlera. Laissez 8 à 10 cm de pelouse et ne tondez en été qu'une fois tous les 15 jours, voire toutes les 3 semaines.

Et pour votre potager ? Testez les semences paysannes, qui ont la faculté de s'adapter d'une année sur l'autre au terrain sur lequel elles poussent, et peuvent à terme résister à la sécheresse !

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