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SOLIDARITÉ - Aidée par son fils, Delphine Gallay s'est engagée depuis le premier confinement dans l'élaboration de paniers-repas pour les personnes sans-abri de sa ville.

C'est au début du premier confinement que Delphine Gallay, cheffe d'entreprise dans un cabinet de recrutement à Lyon, et Carl, son fils de 10 ans, ont décidé de venir en aide aux personnes sans-abri. “À l'annonce du confinement, la première chose à laquelle on a pensé, c'est que cette période allait être encore plus dure pour les gens dans la rue“, explique-t-elle. 

C'est à partir de ce moment que Delphine et Carl ont commencé à faire des maraudes tous les deux dans les rues de Lyon, distribuant des boissons et des fruits aux personnes sans-abri : “Il faisait chaud dans les rues de Lyon. Des gens demandaient à boire car l'accès à l'eau avait été coupé dans la ville, cela m'a rendu furieuse de voir ça en France”.

Puis, en parcourant les réseaux sociaux, Delphine découvre le mouvement citoyen #PourEux. Les bénévoles qui y participent cuisinent des paniers-repas qui sont livrés aux personnes sans-abri par des coursiers à vélo. “Avec mon fils, on s'est dit qu'au lieu de cuisiner pour nous deux, on allait faire à manger pour 4-5 personnes à chaque repas et donner ce qu'il y a en trop. Ce n'est pas quelque chose de bien compliqué et ça permet d'aider des personnes dans le besoin”.

Créer du lien et de la proximité avec les autres

Si elle a tout de suite adhéré à ce mouvement, c'est parce qu'il n'y a pas de frontières entre les personnes. “Il n'y a pas de personnel qui nous dise quoi faire, ce n'est pas une asso institutionnalisée. On n'appartient à personne, on donne simplement le mouvement aux gens. On est là pour cuisiner, point barre”, affirme-t-elle.

Cette maman et son fils ont pu créer du lien et de la proximité avec les autres. “À force de faire des paniers repas et de discuter avec les livreurs qui rencontrent les sans-abri, on apprend à connaître ceux qu'on aide ainsi que leurs besoins” dit-elle. Grâce à ces échanges, Delphine peut alors adapter ses paniers en fonction de ce qu'ils peuvent manger, s'ils aiment la lecture, ou si c'est une femme, rajouter des protections périodiques par exemple.

On ajoute toujours des petits mots dans les paniers”, raconte Delphine. Les paniers repas, ce n'est pas qu'apporter de la nourriture, mais aussi un peu de chaleur qui réchauffera le cœur de ces personnes dans la rue.  “On leur redonne espoir. On veut leur faire comprendre qu'ils n'ont pas à se considérer comme un poids pour les autres et qu'ils ne sont pas tous seuls”, soutient Delphine.

Elle ajoute, “une fois, j'ai même reçu une vidéo où un monsieur nous remerciait pour nos repas alors qu'on ne l'avait jamais rencontré en vrai. Ça nous a beaucoup ému. Ce qui est sûr c'est qu'un de ces quatre on ira lui rendre visite avec Carl”.

Éveiller la conscience citoyenne des plus jeunes

Maman qui élève seule son petit garçon, Delphine a tenu à ce que Carl s'implique lui aussi. “À l'école on ne leur apprend pas à prendre conscience de ces choses-là. Plus ils s'en rendent compte jeunes, plus tôt ils éveilleront leur conscience citoyenne et ça ressortira quand ils seront adultes. C'est primordial pour moi de transmettre ça à mon fils”.

© Delphine Gallay

Quant à Carl, il trouve ça "chouette d'aider les autres". Il a même fait un tri dans ses jouets. Lorsqu'il est allé les distribuer aux enfants dans la rue pour la première fois avec sa mère, “il a vu que les gamins étaient très contents de recevoir des Lego et des livres. Et ça, ça l'a beaucoup touché. Il s'est rendu compte que le geste qu'il venait de faire était très important”, raconte Delphine.

Le Mouvement PourEux, comment ça marche ? 

Pendant le premier confinement à Lyon, c'est 13 000 repas qui avaient été servi avec l'engagement PourEux.

Aujourd'hui étendu dans plusieurs grandes villes de France (Paris, Lille, Nancy, Toulouse, Marseille, Strasbourg...), le principe est très simple. Pour participer, il suffit d'aller sur la page de l'initiative et de remplir un formulaire en précisant si on veut être livreur ou préparer des repas. 

Pour préparer un panier-repas, Delphine propose même d'ajouter une petite attention : “En plus du repas, on peut donner des produits d'hygiène, des livres, des couvertures ou des vêtements et des sous-vêtements. Carl fait même des dessins qu'il met dans les panier repas” .

Quand le panier est prêt, on choisit son créneau horaire et quelqu'un vient le récupérer dans la journée. Il sera directement livré à une personne dans la rue qui ne peut pas manger à sa faim.

© PourEux

Avec plus de 5 700 membres sur la page Facebook #PourEux Paris et 5 400 pour celle de Lyon, toutes les actions de ces bénévoles se sont transformées en un vaste mouvement. “On montre ce qu'on fait aux autres. Cela permet aux gens de se dire ‘'au final c'est tout simple, si elle, elle le fait, alors moi aussi je peux le faire''. Et c'est comme ça que chacun peut faire sa part”.

Découvrez aussi cette association qui rénove les logements vides pour loger les personnes sans-abri.