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CONSO - Chloé a abandonné les rayons surchargés des supermarchés pour des commerces de proximité et s'est mise au DIY. Un changement de vie radical !

Lorsque le premier supermarché a ouvert ses portes à Rueil-Malmaison en 1958, les Françaises et les Français y voient une révolution ! Pouvoir faire ses courses dans un seul et même endroit, le rêve. 

Après des années de privation, de manque de variété alimentaire, la grand-mère de Chloé a adopté ce progrès sans problème : à la retraite, elle s'y rendait tous les jours. Pour sa petite fille en revanche, c'est tout le contraire ! À tel point qu'elle a cessé de les fréquenter depuis plus de trois ans, une aventure qu'elle détaille dans son livre La famille sans supermarché (Ed. Rustica, 2019). 

Faire vivre les petits producteurs, réduire ses déchets et manger bio

Un changement de vie motivé par les déchets engendrés par les grandes surfaces mais aussi une réflexion plus globale sur le système économique : “j'ai commencé à réfléchir au prix payé au producteur, je me suis rendu compte qu'ils vivaient mieux en circuit court”, nous explique-t-elle. 

Un desamour qu'elle n'est pas la seule à partager, selon une étude de janvier 2019 de l'Observatoire Société et Consommation (ObSoCo) : si 94% des Français se rendent au moins une fois par an dans un super ou hypermarché, ils leurs préfèrent de plus en plus les petits producteurs ou encore les magasins d'alimentation bio. Depuis qu'elle ne fréquente plus les grandes surfaces, Chloé se rend ainsi dans trois endroits différents pour faire ses courses. 

Le gros moment c'est le samedi matin, pour faire le marché. Ensuite, nous allons à l'AMAP (Association pour le Maintien d'une Agriculture de Proximité, ndlr) en bas de chez moi, une fois par semaine, et à la Biocoop pour les produits secs comme les céréales, la farine ou les pâtes”, raconte-t-elle. Côté budget rien n'a bougé. “C'est pareil, on est resté ex equo

Ça pourrait être moins cher, si on s'organisait mieux”, précise-t-elle. 

Certes, le temps passé à faire les courses est plus important, mais Chloé ne le voit pas comme une contrainte. “Il faut cesser de le voir comme une corvée, mais comme un moment de vie, argumente-t-elle. Se rendre au marché, c'est un avant goût des bonnes choses que je vais manger ensuite.

Une cuisine qui a changé de visage et un frigo qui rétrécit

Un style de vie qui n'est pas fait pour celles et ceux qui ne jurent que par les plats préparés. Ne plus se rendre au supermarché implique d'acheter des produits bruts, des produits non transformés. Forcément, pour Chloé et sa famille, a fallu apprendre à cuisiner de nouveau. “J'achetais des plats tout fait, des conserves et des barquettes pour le midi”, confie-t-elle. Cette époque est révolue. 

D'ailleurs, depuis ce changement d'habitude, la cuisine de Chloé et son mari a changé de visage. “Chez moi, on ne trouve plus de paquets de biscuits, ni de pots de yaourts ou des compotes en gourde. Je conserve les boîtes pour y stocker des lentilles ou du café. Nous utilisons beaucoup de Tupperware ou des bocaux en verre.” Et l'enseignante d'ajouter : “quand je vais chez des amis j'ai l'impression de voir des rayons de magasins.

Sans compter que la taille du frigidaire a diminué. “Il n'est jamais plein, rappelle-t-elle, seulement le bac à légumes. Le reste est vide au trois-quart.” Depuis qu'ils ne fréquentent plus les supermarchés, la famille de Chloé a dit adieu aux paquets de pâtes fraîches, aux pâtes à tarte toutes prêtes ou au gruyère râpé, tout comme la consommation de viande qui a dégringolé. L'heure est au fait-maison. 

Apprendre à faire soi-même et expérimenter de nouvelles choses

Une tendance qui ne se limite pas qu'à la cuisine. Produits d'hygiène ou d'entretien, la famille “sans supermarché” a dû se mettre au zéro déchet. “En chipant des recettes sur Internet” ou même dans un gîte zéro déchet qui propose des stages DIY : “dentifrice, poudre à récurer ou pain”, se souvient-elle. 

Depuis que la famille a quitté Lyon pour la campagne, à la recherche “d'une meilleure qualité de vie”, les quatre membres de la famille se mettent doucement au potager. “On a planté des courges, des radis, des salades et des tomates”, énumère-t-elle. 

Trois ans après le début de cette expérimentation, Chloé, son mari et leurs deux enfants sont bien décidés à poursuivre ce style de vie. Bien qu'ils ne parviennent pas encore à se passer d'éponges industrielles pour faire la vaisselle (on a vu pire comme mauvaise habitude), la vie sans supermarché est un apprentissage permanent qui leur plaît beaucoup. “C'est une découverte, tout est devenu une aventure. Ça réenchante le quotidien”, conclut Chloé.