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CULTURE - L'opération “Une oeuvre à la maison” vous permet de choisir une oeuvre d'art et de l'accrocher pendant deux mois dans votre maison.

Depuis fin octobre 2020, les musées sont fermés en France en raison de la crise sanitaire. Cela vous manque ? Aux artistes aussi ! Pour contourner cette fermeture qui dure depuis bientôt 6 mois, l'artiste-peintre français Olivier Masmonteil a eu une idée : proposer aux particuliers d'accrocher dans leur maison, les œuvres d'artistes et tout cela sans débourser un centime. 

L'opération “Une oeuvre à la maison” lancée au début du mois d'avril, compte parmi ses donateurs des musées, comme le musée des Beaux Arts de Lille, mais aussi une dizaine de galeries dont la célèbre galerie Perrotin, des centres d'arts et de nombreux artistes. Des professionnel-les de la culture qui désirent reconnecter le public avec les tableaux, à défaut de pouvoir le faire dans des musées. Et le concept plaît beaucoup puisque qu'une cinquantaine d'œuvres sont aujourd'hui accrochées chez des particuliers. Nous avons interrogé Olivier Masmonteil pour en savoir plus. 

Vous avez lancé l'opération “une oeuvre à la maison” : comment est-ce que cela fonctionne exactement ? 

Olivier Masmonteil : Comme on était privé de culture avec les musées, centres d'art et galeries fermées, on s'est demandé comment faire en sorte que les gens aient accès à la culture ? Puisqu'ils ne peuvent pas aller à l'œuvre, on va faire en sorte que l'œuvre aille vers eux. Je me suis inspiré du modèle des artothèques, qui sont comme des bibliothèques sauf qu'on a remplacé les livres par des œuvres d'art. Mais ici on a remplacé les copies par des œuvres originales. L'intérêt c'est de provoquer la rencontre entre le public et l'artiste, car c'est l'artiste qui dépose l'œuvre chez les gens. La chance qu'on a eue, c'est qu'on en a parlé à Appia qui est une société d'assurance spécialisée dans les œuvres d'art. Elle a adoré le projet et a décidé d'assurer toutes les œuvres de l'opération. 

Comment avez-vous fait pour convaincre les musées, galeries d'art et artistes ? 

J'en ai parlé dans mon réseau proche car je connais des galeries, des directeurs de musées, de centres d'art, des artistes. Ils m'ont dit : “génial, on fait l'opération avec toi”. Ce qu'on n'avait pas prévu, c 'est que ça devienne viral aussi vite et que l'on ait autant de gens qui relaient l'opération. On a mis tout cela en ligne sur le compte Instagram que l'on a créé, et à partir de là, ça a permis de mailler tout le territoire et de provoquer de belles rencontres - si vous êtes dans un territoire de 10 km autour de l'œuvre. Ça fait découvrir des artistes vivants et les artistes se découvrent entre eux. 

Si je veux afficher une œuvre d'art dans mon salon, qu'est-ce que je dois faire ?

D'abord, il faut aller sur le compte instagram. Puis, il faut dérouler pour voir s'il y a une œuvre qui vous plaît et si elle est dans le périmètre dans lequel vous vous trouvez. C'est un jeu de hasard. Il y a beaucoup d'artistes à Paris ou en région parisienne, mais on s'aperçoit qu'il y en a aussi à Nantes, à Lille, à Metz, à Avignon, Brive-la-Gaillarde. Une fois que vous avez sélectionné l'œuvre, dans la description, il y a l'adresse mail à laquelle vous adressez votre lettre qui explique la raison pour laquelle vous voulez cette œuvre d'art. Et l'artiste va généralement choisir celle qui le touche le plus, la plus émouvante ou la plus rigolote. L'artiste se met en contact avec la personne et après il l'emmène chez le particulier pour une durée maximum de deux mois. 

Est-ce que tous les logements peuvent accueillir une œuvre d'art ? 

L'assureur préfère que ça soit l'artiste qui emmène l'œuvre, comme ça il donne le mode d'emploi. SI quelqu'un lui dit qu'il veut accrocher l'œuvre au-dessus de sa gazinière ou dans la salle de bains, il pourra lui dire que ce n'est pas le meilleur endroit !

Qu'est-ce que que l'on trouve comme œuvres sur le compte Instagram ?

Il y a des peintres professionnels, il y a des peintres amateurs, il y a des choses qui plaisent un peu moins. Il n'y a pas de sélection, on choisit tout le monde. Je n'avais pas le temps ni l'envie de créer un comité de sélection, c'est pas l'esprit du moment. On est collectif et solidaire. L'idée c'est de pousser tout le monde vers le haut !

Vous êtes vous-même peintre, comment vivez-vous cette période durant laquelle vos œuvres sont privées de public ? 

Il y a deux sensations qui s'opposent un peu. La première c'est l'angoisse de ce moment, qui a fait que j'ai peint énormément comme jamais je n'ai peint dans ma vie. Et à cause du manque de public, j'ai multiplié les opérations pendant le confinement. Pour le premier confinement, j'ai fait des petites vidéos où je parlais d'histoire de l'art. Ensuite, à Noël on a fait “l'atelier en boîte”, où des artistes faisaient des box avec des goodies d'atelier qui étaient vendus sur Internet. Mais c'est la dernière opération avant l'ouverture des musées. Après on fait la fête !