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SOLIDARITÉ - Loïc et Jacqueline ont créé des groupes Facebook qui mettent relation des étudiants et des accueillants.

Touché par le sort des étudiants isolés à cause des mesures de confinement et de la fermeture des universités, Vincent Laubert, un agriculteur du Doubs, avait offert un séjour gratuit à la campagne à trois jeunes. Pour que ce genre d'initiatives se multiplie sur tout le territoire, Loïc Thirion, fromager breton a eu l'idée de créer un hashtag #Boldairétudiant ainsi que des groupes Facebook pour mettre en relation des accueillants et des étudiants.

Une centaine de propositions en quelques jours

"Ma femme a entendu l'histoire de Vincent sur France Inter et m'a demandé si ça m'intéressait de lui filer un coup de main. On l'a contacté et comme il n'est pas très écran, il m'a demandé de l'aider", nous raconte Loïc Thirion, 55 ans. C'est ainsi que cet habitant de Nivillac dans le Morbihan s'est lancé dans la création du groupe Facebook L'étudiant et le bol d'air Bretagne. En deux jours à peine, le fromager a reçu plus d'une centaine de propositions d'hébergements venues de toute la France. "Un jeune m'a conseillé des groupes régionaux, on en a 13", précise-t-il.

Occitanie, Normandie, Corse, Ile-de-France, toutes les régions métropolitaines sont représentées. "C'est ouvert à tout le monde, à tous les particuliers qui veulent inviter des étudiants pendant un week-end", souligne Loïc. Seule condition : l'accueil doit être gratuit, pas de travail en échange du séjour ni de participation financière. L'objectif est d'offrir aux étudiants un bol d'air le temps de quelques jours, à la campagne, à la montagne ou au bord de la mer. Au programme : "balades, randonnées, des repas copieux et plein de rires et de joie", ajoute-t-il.

Même les citadins peuvent participer. "Contre la détresse, ça peut être faire un repas ensemble le samedi à midi", explique Loïc. Évidemment, le respect des gestes barrières cont est important, et les étudiants sont invités à garder leur masque pendant le séjour. Quelques accueillants ont demandé aux étudiants de se faire tester avant de venir.

"Ce n'est pas la vie qu'on doit avoir à cet âge-là"

Pour profiter d'une escapade hors de la ville et de leur chambre, les étudiants peuvent contacter directement par message les accueillants qui ont laissé un mot sur le groupe Facebook de leur région. Depuis la création du premier groupe il y a trois semaines, 7 échanges ont été réalisés pour un total de 15 étudiants. Une trentaine de dates sont calées, nous apprend Loïc Thirion qui accueillera des étudiants d'ici trois semaines.

Bien que leur enfant ne soit plus étudiant, Loïc et son épouse Jacqueline ont rapidement compris les problèmes importants qu'allait poser la crise épidémique chez les jeunes. Entre l'isolement et la précarité financière, agir était pour eux une évidence. "On a beaucoup voyagé. Alors s'imaginer avoir 20 ans et être enfermé dans une piaule de 20 m²... Ce n'est pas la vie qu'on doit avoir à cet âge-là", insiste-t-il.

Loïc et Jacqueline comptent créer une association avec Vincent Laubert pour faire perdurer cette solidarité et cet échange entre générations. "On ne va pas s'arrêter avec le confinement. On continue dans le partage entre le monde citadin et rural, dans l'action, l'échange de savoir-faire", indique le Breton.