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VAN LIFE À L'ANCIENNE - Pascal Nieto, bientôt la soixantaine, a vendu sa maison pour prendre la route. Il publie bientôt son deuxième recueil de photos et de pensées. 

La liberté. La route devant soi. Le soleil couchant sur un magnifique paysage. La van life racontée sur les réseaux sociaux nous vend du rêve. Mais on voit rarement l'envers du décor. La solitude, le sentiment de décalage avec les autres, sédentaires. Et puis toute la souplesse dont il faut faire preuve face aux imprévus. 

Pascal Nieto, lui, raconte sans fards. Nous l'avions laissé à l'arrêt forcé, dans le village de Saint-Priest-Taurion, en Haute-Vienne. Il venait tout juste de vendre sa maison, s'apprêtait à prendre la route à bord de son van, quand le confinement l'a contraint à stationner de (trop) longues semaines. Ancien photojournaliste, il avait alors commencé à documenter son voyage immobile sur Instagram, chaque jour, une photo et un texte. Il en a tiré un premier livre, Correspondance(s) d'un nomade confiné

Depuis, il a repris le volant et il s'apprête à publier un second volume : Carnet d'errance(s), sur la route en fourgon, aux éditions Maïa (les objectifs de financement participatif sont déjà atteints, le livre pourra bien être imprimé, mais vous pouvez toujours le pré-commander). 

Au moment où nous appelons Pascal, il est en plein déménagement, non pas dans une maison (quelle idée !), mais dans un nouveau camion, aménagé sur-mesure et bien plus confortable. Il prend le temps d'une pause entre deux cartons, pour revenir sur ses un an et demi de voyages. 

Arriver sur un lieu, écrire et repartir”

“J'ai l'impression que j'ai toujours fait ça, je n'ai pas vu le temps passer”, s'étonne-t-il. En même temps, il lui a fallu être bien patient entre les confinements, qui l'ont empêché de se rendre en Espagne comme il le souhaitait, et l'attente de son nouveau camion, dont la livraison a pris du retard.   

Mais il a quand même pu sillonner la France sans but précis. Comme il nous l'avait raconté lors de nos derniers échanges, vendre sa maison à l'approche de la soixantaine et prendre la route était une thérapie. 

“Ce qui m'a décidé à prendre la route, ce sont des problèmes psychiques importants, qui font que je suis considéré comme handicapé. Une bonne année pour moi, c'était 6 mois dans mon canapé. Prendre la route a été un magnifique coup aux fesses, confie-t-il au téléphone. Il faut se le donner tous les jours, pour aller chercher de l'eau, faire des courses parce que vous ne pouvez pas stocker… Il y a énormément de contraintes mais en contrepartie, vous pouvez arriver dans un lieu magique, trouver l'inspiration, écrire 3-4 jours et repartir sur un autre lieu.”

Extrait de Carnet d'errance(s).

Ses livres sont “à mille lieux du recueil de touriste”. Ce sont des photos de scènes plus ou moins anecdotiques, plus ou moins insolites, qui nous font redécouvrir les campagnes françaises. Des réflexions philosophiques. Des rencontres au gré des hasards aussi. 

“On se parle comme si on se connaissait depuis longtemps et sans tabou. Mais l'essentiel du temps, on est quand même confronté à une solitude, qui vous ouvre les yeux sur le paysage pour ressentir les lieux.” 

Gaston, son fidèle compagnon à quatre pattes, l'a quitté, victime d'une tumeur à l'oreille. Désormais, c'est Léon, adorable berger australien aux yeux verts, qui a sa place sur le siège passager. 

"Le terme « vanlife » est récent, pas encore présent dans tous les dictionnaires. Au départ, c'est un simple hashtag : #vanlife, apparu sur Instagram en 2011, on le doit à Foster Huntington, un tout jeune homme de vingt trois ans qui vient de quitter son job new-yorkais chez Ralph Lauren, pour sillonner l'Amérique du Nord à bord d'un Volkswagen Syncro de 1987. Rupture. Depuis le vocable résonne en profession de foi chez certains qui s'empressent à leur tour de grimper sur le toit de leur van pour se gaver d'un sunset de vertige", écrit Pascal.

Lui n'apparaît jamais dans ses clichés, pas d'autoportraits contemplatifs ni de selfies avantageux. Il n'a pas le profil typique du van lifer typique.  A moins que ?  “Je sais que la grande majorité des gens qui deviennent nomades ont de bonnes raisons, la perte d'un emploi, un divorce, quelque chose qui est cassé dans leur vie quotidienne. L'idée d'être en suspension... On n'a jamais achevé le périple”, analyse-t-il. 

Il voulait raconter "une simple expérience" : "Elle peut pour certains les encourager, et pour d'autres juste apporter le réconfort qu'un autre possible peut se vivre, aujourd'hui et maintenant, ici ou là", écrit-il.

En tout cas, lui, il continue. Il n'a finalement pas acheté de pied à terre de sécurité comme il l'envisageait. Trop compliqué de le mettre en location sur Airbnb et de gérer l'accueil  pendant qu'il était en voyage. Il a préféré investir dans un fourgon plus confortable au quotidien, et il s'apprête à enfin partir pour l'Espagne. Avec à la clé, peut-être, d'autres photos et un autre livre.