| | |

RÉNOVATION EXTRÊME - Qui aurait pu imaginer une cuisine remplie de plantes et une salle de bains style hammam à la place des anciennes chambres froides ?

Vous habiteriez-vous dans un ancien laboratoire de boucherie ? Il y a plus chaleureux comme ambiance. Surtout quand les lieux sont désaffectés depuis une soixantaine d'années. 

Et pourtant, quand Gaël Verchère a découvert ce local au rez-de-chaussée d'un immeuble de 1800 en centre-ville, il a eu un coup de cœur. 

La boutique en elle-même avait déjà été vendue à part, transformée en magasin de sacs à main. Il restait ces pièces en enfilade sur 25 mètres, pour 4 mètres de large seulement, où se trouvaient auparavant des chambres froides. Le sol et les murs étaient nus. Pas de fenêtres. La seule lumière venait de la petite cour au bout - et encore, cette cour est surplombée par les immeubles voisins, de trois étages chacun. 

L'ancien labo de boucherie au début des travaux. © Gaël Verchère

C'était en 2015, Gaël Verchère avait 18 ans et déjà un goût prononcé pour les espaces atypiques. “Plus c'est compliqué à rénover, plus j'adore. Là, c'était le Graal”, nous confie aujourd'hui l'architecte, qui depuis a ouvert son agence Holbach Architecte à Mâcon, en Bourgogne-Franche-Comté. 

© Gaël Verchère

Quelques années plus tard, il avait réuni les fonds et les arguments pour convaincre le propriétaire de lui revendre l'ancien labo. C'était un promo teur qui n'avait jamais réussi à donner une nouvelle vie aux lieux. Gaël, lui, comptait bien le transformer en appartement plus qu'agréable à vivre. Un vrai cocon, avec ses vieilles pierres cachées jusqu'ici derrière l'enduit. 

Fiche de chantier

Ouvriers

Artisans

Durée des travaux

10 mois

Budget

160 000 euros

Faire entrer la lumière autant que possible

La cour aveugle et bétonnée s'est révélée un véritable atout pour contrer le manque de luminosité. “On a une lumière directe seulement de midi et demi à 18h30 en été, dans cette cour. Le matin, il faut s'habituer, on ne peut pas ouvrir une fenêtre pour avoir le soleil. Mais ça ne nous gêne pas du tout, reconnaît Gaël Verchère. Notre terrasse, c'est l'extérieur. On est à 50 mètres de la mairie. Si on a envie de boire un café au soleil, on va dans un bar. Je passe mes appels le matin sur les quais de la Saône.” 

Dans la cour transformée en patio, Gaël a fait reconstruire l'ancienne verrière, en réutilisant ses montants, pour garder un style authentique. De quoi profiter de cet espace extérieur par tous les temps.

© Gaël Verchère / Mael Turlan Photographie

Il a aussi ajouté un passage couvert, avec de grandes baies vitrées. Il mène à une nouvelle extension : un cube sur deux étages. 

La vue depuis l'intérieur de l'extension. © Mael Turlan Photographie

Dans cette extension, la lumière entre par les baies vitrées en façade mais aussi par deux puits de lumière. Le premier, au centre, éclaire le salon de 13h à 15h, et le second, derrière l'escalier, permet d'avoir plus de luminosité entre 16 et 18h. 

© Mael Turlan Photographie
© Mael Turlan Photographie

Qu'en est-il de l'ancien labo en lui-même ? Gaël Verchère a installé la salle à manger et la cuisine ouverte juste devant le patio, pour qu'elles bénéficient de la lumière naturelle. 

© Mael Turlan Photographie

Dans la partie au fond, la plus sombre, se trouvent les pièces secondaires, la buanderie, le local technique pour la climatisation et le chauffage, et la salle de bains. “Elle est conçue dans une ambiance un peu grotte, avec des pierres apparentes”, décrit Gaël Verchère.

© Mael Turlan Photographie
© Mael Turlan Photographie

Une déco à la fois industrielle et nature 

“Dans un appartement comme celui-ci, si on avait fait un projet standard on aurait tout raté. Il fallait travailler avec un maximum de pièces uniques”, estime Gaël Verchère. C'est pourquoi il a récupéré le plus possible d'éléments anciens. L'escalier vient d'une ancienne exploitation agricole, les portes de la buanderie et de la salle de bains se trouvaient avant dans une grande maison de maître de Lyon. 

© Mael Turlan Photographie
© Mael Turlan Photographie

Quant à cette sculpture avec engrenages, il s'agit de l'ancien hachoir de la boucherie. “On l'a trouvé dans la grande cave voutée sous l'appartement. En creusant l'accès, on a découvert des pièces de fonte. Ce hachoir fait plus de 400 kg, on a mis 5 heures pour le sortir et on était 7 !”, s'exclame Gaël. 

© Mael Turlan Photographie

L'ancien hachoir sert maintenant de support à l'une des nombreuses plantes de l'appartement. Entre le patio et les différentes pièces, il y en a une centaine. “La végétalisation est l'un des points que l'on a voulu accentuer pour redonner vie à cet appartement renfermé sur lui-même", précise Gaël. 

© Mael Turlan Photographie

Alors, comment se sent-il dans cet appartement, entièrement domotisé, avec pompe à chaleur et climatisation, depuis qu'il y habite ? “On n'a pas l'impression de vivre dans un labo de boucherie, par contre on a vraiment la sensation d'être dans un lieu atypique et on s'y sent bien. On est un peu enfermés sur nous-même, entourés par des bâtiments de 3 étages, mais avec ma compagne, ça nous plaît bien, affirme Gaël. La preuve, on devait partir à Marseille et finalement on est restés en partie pour cet appartement.”

Comme quoi une pépite peut voir le jour si l'on sait voir au-delà des contraintes et défauts d'un local en ruine. Cela nous rappelle une autre histoire… celle de ce couple qui avait acheté une maison surnommée “le taudis” par tous les voisins. Et qui, à force de persévérance, a su en faire une magnifique demeure couverte de lierre.