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DÉCOUVERTE - Vivre dans plus petit pour vivre mieux, c'est le pari réussi de Melanie, George et Bambi. Une caravane pour vivre libre aux États-Unis.

"A small life", une petite vie en version française. Tel est le nom du blog de Melanie Gnau, une jeune américaine, qui raconte son quotidien en caravane Airstream. Dans 17,5 petits mètres carrés, elle a pourtant choisi de mener la grande vie : celle de la liberté et l'indépendance. 

Cette icône du camping aux États-Unis, a élu domicile aux pieds de hauts conifères, dans l'état de la Caroline du Nord. C'est un bijou dans un écrin de nature, qui ne prend pas la route pour l'instant. Mais c'est surtout le symbole d'un accomplissement. Vivre chez soi, affranchi des créances et autres loyers. Une paix retrouvée.

Car Melanie et son mari George sont propriétaires de cette caravane. Le terrain appartient à la famille de George, ils l'occupent en échange de petits travaux. Etre propriétaire, c'est ce dont le couple a toujours rêvé. Surtout, sans avoir contracté une seule dette conséquente. 

Melanie, George et Bambi (le chien), fiers devant leur Airstream.

Melanie, George et Bambi (le chien), fiers devant leur Airstream. © A small life

"On m'avait dit que quand je sortirai de l'université, le monde m'attendrait les bras grands ouverts, écrit la jeune femme sur son blog. Qu'en tant que diplômée, quelqu'un m'embaucherait quelles que soient mes études et que je pourrais bientôt acheter une maison."

À la fin de l'université, ces promesses faites à toute une génération ne sont pas tenues. La crise des subprimes bat son plein. Le couple se nourrit alors de soupe en conserve et de gâteaux apéritifs, version précaire de l'amour et l'eau fraîche. Après une longue période de chômage George décroche un poste de professeur des école. 

Melanie envoie plus d'une centaine de candidatures.

La jeune diplômée en art et en anglais ne reçoit qu'une seule réponse. Mais obtient un entretien et "miraculeusement" le job. La voilà bibliothécaire dans un collège communautaire à la campagne. Déménagement. Petit appart. Mariage. Mais pas encore de quoi devenir propriétaire. Le couple a tout juste de quoi payer le loyer de l'appartement et les factures.

"Malgré tout notre travail, nous n'arrivions pas à aller de l'avant. Nous continuions à vivre au jour le jour." Un horizon bouché, sans vacances ni chien à pouvoir adopter, sans passion artistique à assouvir pleinement. 

 

Feu de camp devant l'Airstream

© Feu de camp devant l'Airstream A small life

La solution ? "Vivre dans plus petit". C'est ainsi qu'ils partent en quête d'un Airstream. "C'est relativement bon marché et classe", nous explique-t-elle par mail, ravie de répondre à nos questions. Ils en dégotent un pour 5 000 dollars US. L'engin possède déjà les éléments essentiels (plomberie, électricité, etc.). Reste un gros travail de rénovation.

Suivent trois mois de labeur (budget 1500 US$) : javellisation, remplacement du sol, peinture (beaucoup de couches), construction d'un lit, d'un bureau, d'un banc, d'une série d'étagères, couture de rideau, installation de moustiquaires... "C'était extrêmement éprouvant, stimulant et gratifiant", résume-t-elle. 

Tous ces efforts ont payé. Le résultat est bluffant.

L'intérieur de l'Airstream avant et après rénovation.

L'intérieur de l'Airstream avant et après rénovation. © A small life

Le lit avant et après, à droite quand on entre à l'intérieur de l'Airstream.

Le lit avant et après, à droite quand on entre à l'intérieur de l'Airstream. © A small life

 

La cuisine de l'Airstream avant et après rénovation.

La cuisine de l'Airstream avant et après rénovation. © A small life

La déco des années 1970 restaurée dans les toilettes de l'Airstream.

La déco des années 1970 restaurée dans les toilettes de l'Airstream. © A small life

Voilà près de deux ans qu'ils vivent dans leur Airstream. Le manque d'espace ? "On pensait que ce serait le plus gros challenge, mais ça ne l'est pas tant que cela", indique Mélanie. Une bonne communication au sein du couple, de la liberté laissé à chacun et le problème n'est plus.

"Notre quotidien nous paraît complètement normal maintenant : nous pouvons faire tout ce que nous faisons habituellement dans une maison, il faut juste planifier un peu plus." Impossible par exemple de tirer de l'eau chaude quand l'autre cuisine, ou encore de faire marcher le four en même temps que les plaques de cuisson. Ce que connaissent aussi celles et ceux qui vivent dans de petits appartements.

Peu de place rime avec plus de temps. En effet, cela signifie moins de choses à nettoyer et des repas plus simples à préparer. En bref, moins de tâches ménagères.  

Le coin pour les vinyles de George.

Le coin pour les vinyles de George. © A small life

La libération passe aussi par un impitoyable tri dans ses affaires. Sur son blog, Melanie expose une méthode implacable. Voici les questions à se poser d'après elle : 

  • est-ce que j'ai porté cette tenue / utilisé cet objet dans les trois derniers mois
  • est-ce un vêtement / objet saisonnier
  • suis-je vraiment honnête en disant que je vais ... (insérez ici votre loisir : tricot, ski, photo, etc.)
  • est-ce que l'objet a plusieurs utilités (c'est un atout)
  • est-ce que l'objet a besoin d'être réparé (c'est un inconvénient. Vous pouvez le donner à des associations qui les réparent)

Mélanie s'est prise au jeu. "Finalement, j'aime bien me débarrasser des choses", concède-t-elle. Même pour les livres, ce n'a pas été si difficile, son travail de bibliothécaire lui donnant accès à un grand stock d'ouvrages. 

On ne peut pas en dire autant de son mari : "c'est un artiste et il aime s'attacher aux objets", justifie Mélanie. Il a donc dû négocier avec les 17,5m2. Il a gagné de pouvoir collectionner autant de disques vinyles que les étagères peuvent en accueillir !

Melanie et George ont maintenant un potager qu'ils cultivent. C'est bien mieux que les conserves.

Melanie et George ont maintenant un potager qu'ils cultivent. © C'est bien mieux que les conserves. A small life

Ils sont bien installés. Tellement bien qu'ils hésitent maintenant à partir en voyage avec leur Airstream. Quelle ironie ! "Après deux ans à vivre dedans, nous pensons qu'il est trop gros et encombrant pour prendre la route", nous explique Melanie. 

Le rêve d'une vie nomade n'est pas abandonné pour autant. lls viennent d'acheter un van pour le transformer en petite maison mobile. "Nous espérons voyager avec !" Un autre vent de liberté soufflera alors de ce côté de l'atlantique. Auraient-ils trouvé la recette du bonheur ? On le leur souhaite.