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ZÉRO DÉCHET - Dans cet atelier solidaire en Seine-Saint-Denis, les appareils en panne retrouvent une seconde vie. Découvrez les vertus écolo et économiques des Repair Cafés !

Avec Ahmed, plus de cafetière désaffectée, ni d'imprimante déprimée. Plus d'aspirateur poussif, ni de grille-pain qui feint la panne. Au Fab-Lab de Saint-Ouen-sur-Seine, au nord de Paris, il ressoude, raffistole et ressuscite tous les objets cassés qu'on lui apporte. Ancier carrossier aujourd'hui à la retraite, Ahmed anime un atelier de réparation solidaire deux fois par semaine.

Nous lui avons rendu visite, un mardi après-midi, pour nous convaincre, une bonne fois pour toutes, de ne plus jamais jeter un appareil électroménager sans avoir rien tenté pour le sauver.

Dépannez-vous vous-même

"L'atelier est fait pour celui qui veut bricoler. Ici, tout le monde peut venir se dépanner lui-même", nous explique Ahmed entre deux soudures. C'est bien là la philosophie des Repair Cafés. Ces ateliers de réparation collaboratifs, tenus par des bénévoles, sont nés en 2009 à Amsterdam, aux Pays-Bas, avant d'essaimer partout dans le monde.

Plus qu'en expert, Ahmed se positionne en assistant : il identifie la raison de la panne, mais ensuite charge à la personne propriétaire de l'objet de prendre en mains les outils.

© Enzo Tornato

"Le propos de l'association, c'est de transmettre et de rendre les gens autonomes. Qu'ils viennent acheter une chambre à air ne nous intéresse pas, ce qu'on veut, c'est qu'ils apprennent à coller une rustine", appuie Xavier, fondateur du FabLab l'Atelier Solidaire de Saint-Ouen.

Il ne cite pas cet exemple par hasard : avant que l'atelier "Répare ton truc" ne voie le jour grâce à Ahmed, on trouvait déjà ici tout ce qu'il faut pour entretenir son vélo. Ainsi que des machines numériques, qui permettent de réaliser toutes sortes de projets de bricolage, à l'image de la découpeuse laser, que nous avions d'ailleurs testée lors d'un précédent reportage dans ces murs.

Épargner la planète et son porte-monnaie

Réparer, tout comme bricoler, c'est d'abord la fierté d'expérimenter, de trouver des solutions. C'est aussi, pour beaucoup des personnes qui viennent ici, étudiants ou retraités, "une histoire de conviction personnelle", estime Xavier. "Ils sont persuadés qu'il faut éviter de jeter pour moins polluer la planète".

© Enzo Tornato

Et puis, il y a des économies à la clé. Pour beaucoup de Français, le prix de la réparation est encore un obstacle. Mais l'Ademe a calculé que réparer un équipement plutôt que d'en acheter un neuf est toujours rentable, contrairement à ce que l'on peut penser.

Dans cet atelier solidaire, il n'y a rien à débourser, si ce n'est le prix des pièces détachées qu'il faut parfois commander. Le succès n'est pas 100% garanti évidemment, mais il y a des petits miracles.

Comme cette voisine venue avec une cafetière d'une valeur de 400 euros. Par deux fois, elle était passée par le SAV, qui n'avait rien résolu. "On l'a sauvée", nous assure Xavier. Et aujourd'hui, ses expressos ont meilleur goût : celui du soin porté par Ahmed.