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VANLIFE - Il aspirait à un mode de vie plus simple. Raphaël a tout quitté pour vivre dans un van Volkswagen qu'il a entièrement aménagé.

En général, quand on prend la décision de vivre à bord d'un van aménagé, on s'imagine faire le tour du monde en sillonnant des routes lointaines, traversant des villes aux noms improbables. Mais peu sont ceux qui, comme Raphaël, partent à l'aventure dans leur propre pays, surtout quand ce pays est aussi petit que la Belgique dont il est originaire. 

Car ce n'est pas l'envie de voyager qui a motivé ce jeune homme de 33 ans à changer de vie, mais celle de la rencontre. “J'ai décidé de vivre cette vie en van pour me rapprocher des êtres humains”, nous explique-t-il par téléphone. 

Un retour à l'essentiel donc, et un besoin de transformer le monde en village. “J'emmène ma petite maison partout où j'en ai envie. J'ai l'impression de faire partir de la région que je visite, de ne pas être un touriste”, souligne Raphaël qui, à l'heure où il nous parle, est installé sur la place d'un village des Hautes-Fagnes, point culminant du plat pays. 

S'intégrer dans n'importe quel village grâce à son van rouge

Mon van crée de la curiosité. Quand j'ai allumé mon poêle et que la fumée s'est échappée de mon toit, une vieille dame est passée en face de moi, m'a regardé bizarrement et on a sympathisé. Les gens ont tendance à se livrer”, raconte-t-il. Difficile en effet de passer à côté de son van Volkswagen rouge écarlate ! Avec ses vitres teintées, ses panneaux photovoltaïques sur le toit et ses couleurs éclatantes, on peut le voir de loin.

Cette maison sur roue est un L4H3, c'est-à-dire que le châssis du véhicule mesure 4 mètres de long pour une hauteur de 3 mètres. “C'est assez hors norme, mais ça me donne la possibilité d'avoir le confort que je veux pour vivre à plein-temps dans mon van”, indique Raphaël. Le Belge a beau être minimaliste, pas question pour autant de lésiner sur son bien-être. “J'ai installé un lit permanent, une douche, des toilettes sèches qui ne sont pas intégrées à la douche, un espace cuisine, un salon”, détaille-t-il. Au total, Raphaël vit dans une maisonnette d'environ 18 m2. 

Un travail impressionnant que le vanlifer à l'accent belge a réalisé en trois semaines seulement. Cette ancienne camionnette d'une société de pompe à chaleur, qu'il a acquit pour 9200 euros, n'était pourtant pas du tout équipée. Raphaël s'est occupé de tout : de l'isolation au découpage de la carrosserie en passant par l'installation de la douche. Quand on lui demande comment il y est parvenu, il répond pourtant qu'il n'était pas vraiment bricoleur et qu'il s'est renseigné à droite à gauche. “Quand on veut, on peut”, lance-t-il. 

Plus mobile qu'une tiny house, le van aménagé : la nouvelle vie de Raphaël

Alors pourquoi avoir opté pour une vie à bord d'un van aménagé ? Malgré un passage par le cyclisme de haut niveau, Raphaël a d'abord été passionné par les avions. Après des études en aéronautique, le Belge est devenu technicien en réparation d'avions. Mais très vite, cette vie-là ne lui correspondait plus. “Niveau confort, j'étais très bien mais j'étais coupé de l'essentiel. J'ai compris qu'en vivant dans une maison ou un appartement je ne serai pas complet”, se souvient-il. 

Le déclic est venu lors d'un tour du Mont Blanc. "Ça m'a ouvert les yeux. Après 5 heures de marche mon ami m'a abandonné à cause d'un problème de genou. Je me suis retrouvé seul. J'étais bien avec moi-même, cela m'a laissé la possibilité de faire des rencontres”, reconnaît Raphaël. 

Cette expérience le pousse à quitter son travail et son logement très rapidement. Mais se pose la question de l'alternative. Tiny house ou van aménagé ? Le coeur de Raphaël penche dans un premier temps vers la tiny mais rapidement, le jeune homme abandonne l'idée. “Je me suis rendu compte que la tiny house n'était pas aussi mobile qu'on peut le croire. C'est très bien si l'on veut se poser 6 mois”, rappelle-t-il. Pour être libre de ses mouvements et ne pas avoir à passer un permis spécial, ni acheter un terrain, il opte pour le van aménagé. 

Cela fait aujourd'hui trois ans que Raphaël vit dans sa maison sur roues et pas une seule seconde, il ne regrette sa vie d'avant. Ce qu'il préfère ? Les journées ne se ressemblent jamais et la routine n'existe pas. “Il n'y a pas de quotidien. J'adapte en fonction de mes envies. Si j'ai envie de faire une promenade toute la journée, je le fais. Mais si je préfère passer une journée à regarder des documentaires et cuisiner, je peux aussi”, précise-t-il. 

Un mode de vie minimaliste mais connecté 

Pour pouvoir se payer ce rythme de vie là, Raphaël travaille trois mois en moyenne dans l'année pour mettre des sous de côté et vivre sans contrainte. Il admet néanmoins, qu'il n'est pas d'un naturel très dépensier et que la vie en van lui a enseigné une certaine forme d'autonomie. “J'ai appris à cuisiner pour ne pas aller au restaurant. Je ne paie pas d'électricité et je suis autonome en eau que je trouve partout gratuitement”, ajoute-t-il.

Le jeune homme partage sur son blog et sa chaîne Youtube son mode de vie alternatif, slow et écolo. “Je suis un garçon discret, mais à force de rencontrer des gens, en montrant mon van, les gens m'ont demandé de faire des vidéos pour partager mon quotidien”, explique-t-il. Avec ses belles images, la maîtrise des réseaux sociaux est totale. Et lui qui aime tant la rencontre, ces plateformes lui permettent d'entrer en contact avec d'autres vanlifers partout dans le monde. 

Ses envies de voyage ont été stoppées en mars dernier par le coronavirus. “Au mois de février j'avais envisagé de faire un tour d'Europe en passant par les pays nordiques. Mais le Covid a changé mes plans. J'ai décidé de voyager dans mon pays”, confie-t-il sans aigreur. Depuis le mois de mai, Raphaël fait découvrir à travers ses vidéos sa “belle Belgique” comme il le dit. Et le baroudeur d'ajouter : “Beaucoup de gens prennennt l'avion, alors qu'en restant dans son propre pays, on peut être dépaysé. Beaucoup de gens me disent qu'ils ne savaient pas que la Belgique était aussi belle. Certains apprennent parfois qu'ils vivent à 20 km d'un château médiéval !”.