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JARDINAGE ÉCLAIRÉ - À peine publié, nous avons dévoré Le potager d'un frimeur. Nous avons souri, ri, et appris beaucoup de choses.

Pourquoi jouer la carte de l'humilité, quand vous pouvez vous faire mousser ? Dans un monde effondré, décroissant, écolo, la star c'est celui qui fait pousser des courgettes, des poires et des melons, pas celui ou celle qui fait des photos de ses plats sur Instagram. D'ailleurs, ce n'est pas seulement bon pour votre égo. Vous partagez aussi des connaissances, des vraies. 

Xavier Mathias, formateur en maraîchage et jardinage bio, ne s'en prive pas. Il vient de publier, Le potager d'un frimeur, Toi aussi deviens une star grâce aux légumes (éditions Terre Vivante, octobre 2020). Avec force second degré et bons mots, il nous encourage à cultiver “un corps de rêve dans un jardin de rêve”

Mais, comme c'est d'abord un manuel bourré de bons conseils, voici 10 choses à savoir - et à caser dans vos prochains dîners - tirés de son livre. 

Xavier Mathias, qui, en réalité, n'a pas la grosse tête.

Phrase à placer n°1 : “Exploiter, c'est appauvrir. Cultiver, c'est enrichir”

Pour de délicieux légumes, il faut une bonne terre. En apportant du compost, en mettant du paillage, vous enrichirez votre terre. Et en épluchant vos légumes, vous obtiendrez des déchets, ou plutôt de nouvelles ressources à composter, pour enrichir de nouveau la terre… et ainsi de suite, selon le cycle de la vie. C'est beau. 

N°2 : “Moi, je ne retourne pas la terre, ce n'est pas bon pour les hyphes” 

Les hyphes, ce sont des filaments minuscules que l'on retrouve dans la terre. C'est en fait la partie végétative des champignons, alors que les pieds et les chapeaux que l'on voit en surface sont leurs organes reproducteurs. Ces hyphes sont très utiles : ce sont eux qui transportent la matière organique minéralisée pour qu'elle soit assimilée par les plantes. Ils rendent le sol vivant. 

Si on bêche et retourne la terre, on détruit les hyphes. Mais aussi la macrofaune, les animaux visibles à l'oeil nu, compris entre 4 et 80 mm, la mésofaune, d'une taille comprise entre 0,2 et 4 mm, et la microfaune, inférieure à 0,2 mm.

Bref, c'est à éviter. A la place, mieux vaut décompacter le sol avec une fourche-bêche (enfoncer les dents sur 10 à 15 cm et faire des va-et-vient sans retourner la terre), le griffer pour casser les plus grosses mottes et passer un coup de rateau. 

N°3 : “Un bon compost, c'est de l'eau, de l'air, et un bon rapport carbone / azote”

Le compost, n'est pas un bête tas de déchet ! Il faut veiller à son équilibre pour que les bactéries puissent bien digérer les déchets : 

  • arroser quand il fait sec 
  • remuer régulièrement pour aérer
  • apporter de l'azote (il y en a beaucoup dans les déchets de cuisine et les déchets de tonte) et du carbone (on en trouve beaucoup dans les tailles d'arbustes en hiver, le carton ou le bois raméal fragmenté)

N°4 : “La forêt est mon modèle, je ne fais que m'inspirer de la magie du sol forestier”

Ces propos auront plus de poids pendant une promenade en forêt. Xavier Mathias suggère, pour les appuyer, de ramasser une poignée de terre et de la humer. Rien ne laisserait penser que cette matière délicate est faite de pourriture de bois, de feuilles mortes et même de déjections animales… Et pourtant, c'est bien cette terre si riche et complexe que vous essayez modestement de copier en faisant du compost. 

N°5 : “Un potager dans la cour de ton immeuble ? Aucun problème, il suffit d'une couche en lasagne”

C'est aussi très bien dans un jardin où le sol n'est pas très riche. Il suffit pour cela d'étaler une couche de cartons, puis d'alterner couches de déchets verts et bruns, sur une dizaine de centimètres à chaque fois, pour atteindre une quarantaine de centimètres de haut. Terminez par un peu de terreau, et vous avez votre potager, dans lequel se plairont tubercules et légumes-fruits. 

Retrouvez notre tutoriel détaillé pour créer un potager en lasagnes

N°6 : “Pourquoi pailler ? On compte trois types de sols nus dans la nature : les déserts de sable, les déserts de glace et les terres cultivées”

Cherchez l'intrus, propose Xavier Mathias ! Pour éviter que l'eau ne s'évapore, et pour arroser moins souvent, paillez votre potager, en piochant parmi ces 23 exemples de paillage différent. 

N°7 : “Non, ce n'est pas un concombre, c'est un melon”

Le concombre arménien a l'apparence du concombre, mais il appartient bien à la famille des melons. En pratique, ça ne change rien, car il a aussi le goût du concombre. Mais ça fait son petit effet lorsque vous faites visiter votre potager. 

N°8 : “Non, ce n'est pas un melon, c'est un concombre”

Quel farceur, vous êtes ! Voilà que vous avez aussi planté des concombres de Sikkim, qui eux, ont bien la forme de melons. Ils sont originaires de l'Himalaya et habitués à des conditions extrêmes, alors ils devraient très bien s'épanouir dans votre potager, même dans le nord de la France. 

Plantez d'autres légumes méconnus, pour épater vos invités. 


© Editions Terre Vivante