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PROSPECTIVE - Besoin d'une nouvelle chambre ? Il suffira de passer commande à l'imprimante 3D au sommet de la tour avant qu'elle ne descende rejoindre le reste de l'appartement.

Le concept d'habitat forgé par Haseef Rafiei semble tout droit sorti d'un film de science-fiction. Il n'en est pas moins extrêmement convaincant.

Ce designer malaisien, qui étudie l'architecture au Royaume-Uni, a imaginé un gratte-ciel qui imprimerait des pièces d'appartements à la demande. Le but : construire, très rapidement et directement sur le site, des logements adaptés aux besoins réels des occupants.

"Avec la population mondiale qui atteindra 8,5 milliards de personnes d'ici 2030, la construction robotisée serait une solution adaptée pour répondre à la demande grandissante sur le marché de l'immobilier", estime Haseef Rafiei.

Un gratte-ciel en construction perpétuelle

L'élément qui rendrait (un jour peut-être) réalisable cette idée : l'imprimante 3D géante, perchée au sommet de la tour. Elle fabriquerait, seule, les unités d'habitation qu'on lui commanderait au fur et à mesure.

Une nouvelle chambre quand une famille s'agrandit, un bureau, une cuisine... Chacun pourrait personnaliser son habitation avec ces différentes capsules et la faire évoluer dans le temps.

© Haseef Rafiei

Des grues déplaceraient ensuite ces modules, pour les encastrer dans les espaces encore vides au sein de la tour, et les raccorder si besoin aux appartements déjà existants. Un peu comme si cette tour était un jeu de puissance 4 ou un Tetris géant.

© Haseef Rafiei

La tour continuerait de s'élever, de plus en haut, à mesure que le nombre d'appartements grandirait.

En cas de déménagement, les logements vides seraient recyclés. "Les capsules qui ne seraient plus utilisées seraient désassemblées ou mises de côté, afin de récupérer de la matière première et de créer un cycle au sein du gratte-ciel", précise le concepteur.

Un concept inspiré de la mégalopole tokyoïte

Haseef Rafiei s'est inspiré du mouvement métaboliste : des urbanistes et architectes japonais qui, dans les années 1960, imaginaient une ville du futur composée de méga-structures flexibles, capables de s'étendre comme des organismes vivants.

© Haseef Rafiei

Son projet rappelle d'ailleurs la Nagakin Capsule Tower, construite en 1972 à Tokyo et emblématique de ce mouvement. Dans notre reportage, nous vous donnions un aperçu de ces 140 capsules d'habitation dotées de gros hublots au design très... spatial.

Mais l'influence de la capitale japonaise dans le travail de Haseef Rafiei ne s'arrête pas là.

"Tokyo est depuis longtemps la ville leader dans la robotique et l'industrie, détaille-t-il. Sa culture et ses modèles sociaux tournent depuis longtemps autour de son obsession pour l'automatisation. La prolifération de distributeurs automatiques à Tokyo est impossible à ignorer."

Son gratte-ciel explore donc la possibilité de convertir le secteur du bâtiment en distributeur automatique géant. À voir les progrès dans l'impression de bâtiments en 3D, ou encore ce robot australien capable de poser toutes les briques d'une maison en totale autonomie, cette projection n'est finalement pas si folle.