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SOCIÉTÉ - 5 membres de la génération Y nous racontent ce qui les a motivé à acheter un bien immobilier. Investissement, maturité : une génération anti-zapping ?

Devenir propriétaire avant ses 30 ans, c'est aller à contre-courant d'une époque où l'adolescence s'étire longtemps après la majorité, et choisir de ne pas être un "adulescent".

Prendre un prêt sur le long terme et endosser les responsabilités qui vont avec, c'est opter pour la stabilité, contre l'ère du zapping, de Tinder ou de Airbnb.

Ce choix est loin d'être répandu (et accessible ?), puisque les 25-34 ans représentaient 10% des propriétaires en 2013, et les 18-24 ans, seulement 4%, selon un sondage OpinionWay.

Qu'est-ce qui motive et rend si impatient d'accéder à la propriété ?

On l'a vu, acheter une maison est souvent perçu comme un acte plus engageant que le mariage. Mais pour autant, ce premier achat, est-ce forcément pour la vie ?

Rien n'est moins sûr. Même si chaque histoire est différente, évidemment. C'est pourquoi nous avons posé ces questions à 5 jeunes propriétaires.

(P.S. : Plusieurs références à la série Friends se sont glissées dans l'article. Saurez-vous les retrouver ?)

Celle qui ne voulait pas jeter l'argent par les fenêtres avec une location

Laure, 29 ans, vient d'acquérir un appartement à Saint-Denis, en Ile-de-France. "Je n'y ai pensé que quand j'ai signé mon CDI, c'était le sésame, raconte-t-elle. Mais j'ai toujours eu en tête qu'avec la location, tu perds de l'argent tous les mois."

Elle a fait le choix de sortir de Paris pour emménager dans un appartement "canon". Certaine d'avoir fait le bon choix, elle profite d'un cadre de vie agréable : "Quand je suis sur ma terrasse le soir, je vois la Tour Eiffel de haut en bas et le Sacré-C?ur qui s'illuminent."

Pourtant, elle prévoit de repartir vivre en province. "Mon prochain achat, ce sera une maison, assure-t-elle. Je veux me débarrasser des contraintes de la copropriété. Mais je compte bien conserver mon appartement le temps nécessaire, pour absorber les frais de notaire notamment."

Elle envisage alors de le mettre en location, pariant sur le fait que Saint-Denis devienne de plus en plus attractive pour les jeunes actifs. Ce premier achat audacieux, la ville n'étant pas encore prisée, se révèlerait alors un sage investissement !

Celui qui achète un appartement mais continue de vivre ailleurs en colocation

Dans ses choix actuels comme dans ses rêves futurs, Pierre, 25 ans, suit le modèle de ses parents. Et cela se traduit par une situation étonnante : à la différence des autres témoins, il n'habite pas dans l'appartement qu'il vient d'acheter.

Il a mis ce bien en location, et a fait le choix de continuer à vivre en colocation avec sa copine et une troisième personne, dans un autre arrondissement de Paris.

"L'appartement que j'ai acheté fait 32 m2, là, on a 72 m2 à 3", explique-t-il. Son achat est un investissement : "J'ai suivi l'exemple de mon père, qui a acheté plusieurs appartements."

Il imagine donc revendre dans une quinzaine d'années, pour dégager une plus-value, et acheter une maison à la campagne ou dans une plus petite ville dans le Sud.

La maison qu'il gardera sera sans doute celle où grandiront ses enfants, conclut-il en se souvenant de la maison familiale construite par ses parents, dans laquelle il a passé du temps avec ses s?urs et ses cousins.

Celui qui voulait deux chambres d'enfant et aimait le changement

Adrien, 26 ans, a acheté une maison de 82 m2 à Bayeux, en Normandie, avec sa compagne. Cela s'est fait naturellement, lorsque leur première fille a commencé à grandir.

"Il nous manquait une chambre dans notre appartement, on savait qu'on devait déménager et ça n'avait pas de sens de louer", estime-t-il.

Ils ont choisi une maison avec une troisième petite chambre, en prévision d'une nouvelle naissance. Leur deuxième enfant vient tout juste de pointer son nez.

Une belle maison, un prêt sur 25 ans... et malgré tout: "Il y a assez peu de chance qu'on y reste jusqu'à 75 ans."

Alors, même s'il n'envisage pas de déménager à court terme, "à part si on fait 4 bébés en 2 ans", lance-t-il en plaisantant, il sait qu'il aura envie de refaire ses cartons.

"J'aime bien le changement, explique-t-il. Une fois que la maison est refaite en entier, il faut bien déménager pour pouvoir refaire des travaux !"

Celle qui voulait vivre toute sa vie dans sa première maison

Bénédicte est la benjamine de nos témoins. À 24 ans, elle a acheté une maison avec son conjoint, dans la campagne normande.

"On avait envie d'avoir quelque chose à nous, et quand on est tombés sur cette maison, elle nous a vraiment plu", raconte-t-elle.

Avec ses trois chambres, elle est suffisamment grande pour accueillir leurs futurs enfants. Très calme, avec peu de voisins, et en même temps proche de Rouen et de ses commerces, elle cumule tous les avantages à ses yeux. Résultat, elle s'imagine bien y rester toute sa vie.

Mais il y a une raison plus affective à son attachement, puisque sa maison se trouve dans le village où elle a grandi.

Ses parents habitent juste à côté : "C'est pratique pour les voir sans faire des kilomètres et s'il y a besoin d'aide pour du bricolage par exemple."

Y a-t-il une raison pour laquelle elle pourrait revendre la maison ? On a beau insister, non, décidément elle ne voit pas.

Celle qui vivait le rêve américain au Canada

Julie, 28 ans, a quitté la France il y a 5 ans pour s'installer au Québec, avec son compagnon, français lui aussi. Après avoir loué un appartement ensemble, ils viennent d'acheter dans une banlieue résidentielle à Saint-Basile-Le-Grand.

Une grande maison de 170 m2, typique de la région, avec cuisine américaine, colonnades dans le salon, et sous-sol à aménager.

Elle est heureuse de pouvoir laisser libre cours à sa créativité pour redécorer sa nouvelle demeure, mais elle sait qu'elle n'y vivra pas toute sa vie. "C'est une belle maison, mais pas la maison de mes rêves. Pas encore."

"Nous visons d'y rester minimum 5 ans, pour laisser ce nouvel investissement prendre de la valeur. Après... pourquoi pas louer la maison plutôt que de la vendre ?", s'interroge-t-elle.

À moins qu'elle ne décide de revenir en France ? Rien n'est fixé, mais dans ce cas, elle ferait le choix de vendre, gérer un bien de l'autre côté de l'océan n'étant pas chose aisée.

Vous reconnaissez-vous dans ces témoignages ? Racontez-nous votre expérience !