|

DÉCRYPTAGE - L'architecture a besoin de changer sa vision du handicap. Une exposition dévoile des projets inspirants.

Banaliser le handicap, voilà un drôle de paradoxe. C'est pourtant bien l'objectif de l'exposition “quand l'architecture efface le handicap”. Organisée à l'origine par la maison de l'architecture et de la ville de Lille, la MAV de Franche-Comté a décidé de l'importer à Besançon du 15 septembre au 6 novembre 2016.

Loin de stigmatiser davantage il s'agit de fondre les éléments destinés à adapter l'habitat aux divers handicaps, dans le décor de l'architecture. Ainsi, l'exposition a pour but de sensibiliser les visiteurs à une nouvelle vision de l'intégration du handicap dans la société et plus singulièrement dans l'architecture.

Sophie Trelcat, commissaire de l'exposition, nous éclaire sur ces nouvelles initiatives architecturales solidaires.

Quel constat tirez-vous du traitement du handicap dans l'architecture en France ?

On ne s'y prend pas de la bonne manière. Les normes prennent une très grande place dans chaque projet d'architecture et elles sont probablement trop rigides. Tous les bâtiments doivent être accessibles aux handicapés alors que l'on sait pertinemment qu'ils seront majoritairement habités par des personnes ne souffrant d'aucun mal permanent.

Le revers de la médaille se fait sentir. On se retrouve parfois des exemples aberrants. J'ai récemment visité plusieurs logements où les habitants ont transformé leurs toilettes en buanderie ou en dressing, car ils étaient bien trop spacieux pour ces personnes qui n'étaient pas handicapées.

D'autant que les normes se focalisent sur la mobilité réduite, or, ce n'est pas le seul type de handicap existant qu'il faudrait prendre en compte.

Quelles pistes vous semblent pertinentes pour mieux intégrer le handicap à l'architecture ?

Le propos de l'exposition est d'éviter de produire des prothèses sur les bâtiments (NDLR : des rampes d'accès, des élévateurs, des panneaux signalétiques...) et faire en sorte que l'ergonomie de ces derniers soient pensée en amont.

Il faudrait plutôt apporter plus de souplesse et d'adaptabilité aux normes handicapées. Et, dans l'idéal, étudier ces questions au cas par cas.

Quels exemples présentés à l'exposition, serait-il intéressant pour nous de suivre ?

Il faut bien reconnaître que les pays scandinaves prennent davantage en compte la gestion du handicap. Le centre de vacances de Korsor est vraiment intéressant. Son espace d'accueil circulaire est doté d'une rampe périphérique qui est élément architectural à part entière.

Le centre de vacances adapté de Korsor

© Le centre de vacances adapté de Korsor Esben Bruun

Au Japon, il y a cette maison conçue par l'architecte Takeshi Osaka. Destinée à un couple aveugle et leurs deux enfants (voyants) elle met en ?uvre un principe d'architecture original.

 

Il consiste en une multitude de petites ouvertures, des murs au plafond, pour favoriser la communication dans la famille. Les enfants, lorsqu'ils sont à l'étage, lancent un petit objet aux parents au rez-de-chaussée, pour les informer d'un besoin particulier.

On peut aussi noter ce projet novateur d'une école à Glasgow (en Écosse) dont certains murs en liège permettent aux enfants de se repérer dans l'espace.

Hazelwood School en Écosse

© Hazelwood School en Écosse Andrew Lee

Dédiée à des enfants autistes et à la fois atteints de troubles cognitifs, la structure les rassure et leur apporte une sérénité qu'ils ne trouveraient pas forcément ailleurs.