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JARDINAGE - Que l'on croit ou non aux bienfaits du jardinage avec la lune, l'attention particulière apportée aux plantations permet aux jardiniers d'avoir un beau potager.

Cela fait deux ans que je suis à la lettre le calendrier lunaire et ça a plutôt l'air de fonctionner”, se félicite Philippe, jardinier à Breteuil, dans l'Oise.

Les choux aux larges feuilles sont parfaitement alignés, et ses plans de tomates feraient rougir n'importe quel maraîcher. Chaque jour, en rentrant du travail, Philippe s'occupe de son potager. Non sans avoir jeté un oeil au calendrier lunaire cloué aux murs de son cabanon. Car Philippe, comme d'autres jardiniers, jardine en suivant les cycles de la lune.

En deux mots, jardiner avec la lune revient à semer, greffer, récolter et cueillir pendant la lune montante. Tandis qu'en lune descendante, on travaille la terre, on coupe le bois, on met de l'engrais, on repique. Plantation, semis, taille, plus aucun geste n'est laissé au hasard. Tous sont désormais dictés par la position de la lune.

Cette pratique laisse de nombreuses personnes sceptiques. Notamment parce qu'elle est difficile à mesurer. “Les effets du calendrier lunaire sont difficilement démontrables car il est difficile de réaliser des expérimentations valables sur les phases de la Lune”, indique Noëlle Dorion, membre du conseil scientifique de la Société Nationale d'Horticulture de France.

Il n'y a pas de témoin possible : lors d'un semis effectué en phase racine, on ne peut pas avoir au même moment un jour non racine pour comparer les deux.”

Comment jardiner avec la lune

Suivant la position de la lune, que l'on calcule scientifiquement, on arrive à créer un tableau pour chaque année et chaque mois. Ce tableau change tous les ans puisque les cycles se décalent de 11 jours par an”, explique Yves Guyot, gnomoniste (personne qui réalise des cadrans solaires), qui conçoit par ailleurs des programmes informatiques pour créer des calendriers lunaires.

Ainsi, avec le calendrier lunaire, ce qui vaut pour une année, ne vaut pas pour l'autre, à la différence du calendrier solaire, plus régulier.

Très détaillés, ces calendriers recensent les différentes phases de la lune, qui peuvent servir aux jardiniers.

Le cycle tropique et cycle sidéral

Le cycle tropique, correspond à la lune montante ou descendante, et dure 28 jours. Pendant ce cycle la lune monte par rapport à l'horizon. “Elle tire donc l'eau, les herbes et les fleurs pendant 14 jours. Avant de descendre, pendant le même laps de temps”, indique Yves Guyot “Moi qui suis plutôt cartésien, je me rends compte que si ma femme, qui s'occupe du jardin, plante en mauvaise lune, ça ne pousse pas.

Le cycle sidéral dure 29 jours. Pendant ce laps de temps, la lune traverse toutes les constellations du zodiaque. À chaque signe zodiacal correspond des familles :

  • les racines
  • les fleurs (artichaut, chou-fleur...)
  • les feuilles (salades, asperges, épinards...)
  • les fruits (tomates, groseilles, framboises ... 

On apporte donc un soin tout particulier à ces catégories lorsque la lune traverse chacune de ces familles”, indique le gnomoniste. “Par exemple, le 30 mai, nous sommes en lune descendante, en feuilles. Il sera possible de repiquer des salades”.

Mais il y a aussi des périodes de repos. “Il faut que la terre se repose lorsque les différents cycles se croisent, on appelle ça des noeuds lunaires.” À ce moment-là, on ne se rend pas au jardin ou au potager, si ce n'est pour observer avec délice le fruit de son travail. 

Une méthode qui oblige à prendre soin de ses plantations

Jardiner avec la lune ne peut pas faire de mal ni au jardinier, ni à ses légumes”, explique Noëlle Dorion. Mais la qualité ou la quantité de la récolte relève plus de la façon dont on s'occupe de sa terre ou de son jardin que de conditions liées à la lune, selon l'auteure du dossier Jardiner avec la lune, mythe ou réalité.

En effet, ce calendrier, très codé, épaule le jardinier dans ses tâches quotidiennes. “Jardiner avec la lune m'a beaucoup aidé, notamment à m'organiser. Je ne sais pas si les résultats sont meilleurs qu'en jardinant normalement, mais en tout cas, j'ai été aiguillé. Les choses sont cadrées, je sais quoi faire à quel moment”, raconte Philippe, qui, avant de suivre les cycles lunaires, confessait lui-même, ne pas avoir la main verte.

Mais que l'on y croit ou non, peu importe, le principal est de prendre du plaisir à cultiver son jardin.