| | |

TRI - Une poubelle supplémentaire s'imposera dans toutes les cuisines en 2025, pour faire du compost à grande échelle. Quelques communes pionnières l'ont déjà adoptée.

Il y a plus de dix ans, en 2003, un nouvel objet a trouvé sa place dans presque toutes les cuisines de Lorient et des 24 communes alentours, dans le Morbihan : un seau en plastique vert.

À l'intérieur : un sac biodégradable rempli d'épluchures de pommes de terre, filtres à café, coquilles d'oeufs et même coquilles d'huîtres. À première vue, rien de bien extraordinaire. Pourtant ce seau a fait des habitants de cette agglomération des pionniers de l'écologie.

Encore aujourd'hui, ils font partie des rares Français dont les restes de cuisine sont collectés séparément pour être transformés en compost, et non plus enfouis ou incinérés avec les déchets non recyclables.

Le tri le plus naturel... et le moins pratiqué par les collectivités

En 2025, tout l'hexagone devra bénéficier de ce service. La loi de transition énergétique prévoit en effet qu'à partir de cette date, toutes les collectivités organisent une collecte séparée des biodéchets (les déchets alimentaires et les déchets biodégradables issus du jardin), comme elles le font pour le verre et le papier, ou mettent des composteurs à disposition de tous leurs habitants.

Un camion-benne déverse les biodéchets collectés dans les bacs verts à Adaoz.

Un camion-benne déverse les biodéchets collectés dans les bacs verts à Adaoz. © Cohonner Hervé

Une mesure loin d'être anecdotique, puisque ces biodéchets représentent 36% de la poubelle des Français, une fois les déchets recyclables triés, selon l'Ademe (l'Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Énergie).

"Pour le moment, 150 territoires font le tri des biodéchets à la source. Ce n'est pas énorme, ça représente 6 à 9% de la population française", euphémise Thomas Colin, animateur de Compostplus, un réseau national qui regroupe une partie des collectivités engagées dans cette démarche.

"Le paradoxe c'est que les déchets organiques, c'est ce qu'il y a de plus facile à traiter", poursuit-il. Pas besoin d'usines de recyclage, seulement de plateformes de compostage où l'on laisse les bactéries les décomposer.

Certaines communes choisissent en plus de produire du méthane à partir de leurs biodéchets. Injecté directement dans le réseau de gaz, il permet aux habitants de se chauffer ou de cuisiner. Alors que le méthane libéré par les déchets organiques enfouis en décharge va, lui, réchauffer l'atmosphère et contribuer au réchauffement climatique.

Si les collectivités sont en retard, les citoyens seraient plutôt favorables à ce tri supplémentaire. Un Français sur deux trie déjà ses déchets de cuisine, d'après une enquête de l'Ademe parue en juin 2016, soit pour les donner à leurs animaux (17%), soit pour en faire du compost (39%).

Mais difficile, quand on n'a pas de jardin ou peu de place chez soi, de fabriquer son propre compost.

Distribution de compost de Lorient Agglomération aux jardins de Kermadoye à Ploemeur.

Distribution de compost de Lorient Agglomération aux jardins de Kermadoye à Ploemeur. © Cuisset Stéphane

Non, les biodéchets, ne sentent pas (forcément) mauvais

À Lorient, le processus est bien rodé, que l'on habite un pavillon ou un immeuble. Chaque famille vide son “bioseau” dans un bac vert, dans son garage ou en bas de sa résidence. Celui-ci est collecté une fois par semaine, et le compost obtenu est revendu aux agriculteurs des environs.

Mais tous les habitants jouent-ils le jeu ? "Un foyer sur deux participe", indique Odile Robert, directrice du service déchets de l'agglomération de Lorient, qui compte plus de 200 000 habitants. Principale raison invoquée par les réfractaires : les mauvaises odeurs dans la cuisine.

"C'était dû au fait qu'il n'y avait pas de trous dans les parois du seau mis à disposition. La vapeur d'eau produite par la matière organique condensait et maturait au fond du seau", explique Odile Robert. De nouveaux seaux, ajourés, et qui laissent passent la vapeur d'eau ont donc été distribués. "Et il n'y a plus du tout d'odeur", assure la responsable.

Pourquoi attendre 2025 pour se lancer ? Si votre commune n'est pas encore passée à la collecte séparée des biodéchets, vous pouvez interpeller vos élus sur cette question. Ou bien vous tourner vers une association, comme Zero Waste France, qui milite en faveur de la réduction des déchets, pour savoir comment installer un composteur partagé avec vos voisins.