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NOMADE - Jean-Jacques Megel-Nuber conduit une librairie itinérante aux allures de cabane. Mais les livres, ça prend de la place... Comment a-t-il réussi à optimiser sa tiny house ?

Pour s'installer dans une tiny house, une mini-maison de quelques mètres carrés, il faut faire le tri dans ses affaires... mais pas forcément renoncer à sa grande bibliothèque !

La preuve, Jean-Jacques Megel-Nuber, 45 ans, a réussi à concilier ses deux passions d'enfants : "J'adorais faire des cabanes, et j'étais un fou de bouquins." Sa tiny house, une drôle de maisonnette sur roues de 11 m2 (sans compter la mezzanine pour le couchage), en contient 3 000, rien que ça.

Jean-Jacques Megel-Nuber dans sa librairie.

Jean-Jacques Megel-Nuber dans sa librairie. © La Maison qui chemine

Certes, il ne vit pas dedans à plein temps : il s'agit de la librairie itinérante, Au vrai chic littérère, qu'il a lancé il y a quelques mois.

Mais la performance est bien là. Il ne s'agit pas seulement d'optimiser l'espace, mais aussi le poids. Car pour avoir le droit de circuler, tirée par une voiture, une tiny house nomade ne peut pas excéder 3,5 tonnes.

Bois et tôle : le poids du bardage extérieur a été soigneusement calculé.

Bois et tôle : le poids du bardage extérieur a été soigneusement calculé. © La Maison qui chemine

Du bois léger pour passer l'épreuve de la pesée

Pour respecter cette limite (et aussi pour construire la tiny house, n'étant "pas du tout bricoleur"), Jean-Jacques a fait appel à la jeune entreprise La Maison qui chemine.

"On tout calculé en amont, pour pouvoir embarquer 700 kilos de livres", raconte Pauline Fagué, co-fondatrice de cette société. Leur astuce pour que la structure pèse le moins lourd possible : bien choisir le bois utilisé.

"Pour le bardage extérieur, les fabricants utilisent souvent du red cedar, très léger, mais c'est un bois importé du Canada. Pour se fournir localement, on a donc utilisé du peuplier thermo-traité : la cuisson fait s'évaporer l'eau, rend le bois plus résistant et plus léger."

© La Maison qui chemine

Pour l'aménagement intérieur, des bois résineux, relativement légers, ont également été utilisés.

Il n'y a pas de douche dans la tiny house. Mais cela tient moins au poids qu'à la nécessité d'éviter tout risque d'inondation qui pourrait abîmer les livres. Mis à part cette concession, Jean-Jacques dispose d'une kitchenette, d'une mezzanine avec un lit et de toilettes sèches.

© La Maison qui chemine

Résultat à la pesée : 3,240 tonnes, livres compris ! Aucun souci donc, pour prendre la route.

Faire découvrir les livres... et l'univers des tiny houses

Jean-Jacques se déplace 3 à 4 fois par mois, à travers l'Alsace, s'arrêtant quelques jours sur des places de village où il n'y a pas de librairie, ou dans des festivals. Au programme, vente de livres d'occasion et soirées lecture.

© La Maison qui chemine

Les enfants, séduits par cette drôle de cabane, y passent souvent l'après-midi, pour lire. Mais les adultes, eux, viennent parfois plus pour poser des questions pratiques.

"Beaucoup de gens ne viennent pas pour les livres mais pour la tiny house", s'amuse-t-il. "Très peu de gens en ont déjà vu, elles sont souvent sur des terrains privés."

Jusqu'à 11 personnes peuvent s'asseoir pour une soirée lecture.

Jusqu'à 11 personnes peuvent s'asseoir pour une soirée lecture. © La Maison qui chemine

Serait-il prêt à quitter son appartement pour emménager à plein temps dans une mini-maison nomade ?

"Pour l'instant, c'est encore difficile, il y a assez peu de terrains où s'installer, tempère-t-il. Les mairies ne comprennent pas trop et c'est la croix et la bannière pour obtenir une autorisation."

En attendant que ce mode de vie se démocratise, Jean-Jacques continue d'apprécier, lors de ses déplacements, ces réveils au petit matin, entouré de tous ses livres.